Au mois de janvier dernier l'équipe nationale de handball du Qatar a étonné le monde en atteignant la finale de la Coupe du monde que ce pays a organisée. Même battue par son homologue française, la sélection qatarie a réalisé un exploit puisque pour la première fois dans l'histoire de ce sport la finale d'un Mondial de handball a enregistré la participation d'une nation non européenne. Cette performance a, malgré tout, été relativisée compte tenu du fait que son effectif était essentiellement composé de joueurs non qataris, naturalisés pour les besoins de la compétition. Le Qatar n'avait fait usage d'aucune entorse à la règlementation puisque celle-ci, celle de la Fédération internationale de handball, autorise tout pays à faire jouer dans sa sélection n'importe quel international d'une autre nation à la condition que l'athlète en question n'ait plus été international dans son pays d'origine depuis trois ans. Il n'empêche que les Qataris ont été très critiqués sur leur méthode pour avoir la meilleure équipe nationale de handball possible. Comme d'habitude les éreinteurs ont été recrutés dans des pays d'Europe où on croit que la plus belle image du sport émane d'eux. Comme si les affaires de dopage dans le sport étaient enregistrées dans les pays autres qu'européens et américains. En réalité le Qatar n'a pas du tout innové en la matière. Lors du tournoi de rugby des six nations qui se déroule en ce moment en Europe, l'équipe de France a intégré deux Sud-africains et un Néo-zélandais qui pourraient même être sélectionnés dans la même équipe pour le Mondial qui se déroulera durant l'automne prochain. A-t-on crié au scandale ? Non. On a laissé faire comme s'il s'agissait d'un acte normal. Doit-on également citer tous ces sportifs, en athlétisme, qui ont changé de nationalité et obtenu des médailles pour leurs nouveaux pays ? Eunice Barber n'était-elle pas Sierra Léonaise avant de concourir et de gagner pour la France lors des Mondiaux de 2003 ? Wilson Kipketer n'était-il pas Kenyan avant de faire le bonheur de l'athlétisme danois dans le 800m ? Dans le même registre Bernard Lagat, qui a remporté de nombreux titres dans le 1500m, en athlétisme, pour les Etats-Unis, n'était-il pas, lui aussi, Kenyan à l'origine ? Et le champion olympique anglais du 5000 et du 10 000 m des Jeux de Londres en 2012, Mohamed Farrah, n'avait-il pas la nationalité somalienne à l'origine ? Il faut également savoir qu'à l'occasion des Jeux olympiques de Sydney en 2000, les Australiens avaient naturalisé à grosses pelletées des Chinois pour qu'ils concourent dans leurs équipes nationales de gymnastique et de tennis de table. Et les Français n'avaient pas été en reste en donnant un passeport à des Chinois et à des Chinoises pour qu'ils défendent leurs couleurs en équipe nationale de gymnastique. Tout cela pour dire que pointer du doigt le Qatar parce qu'il a présenté, lors du Mondial qu'il a organisé, une équipe nationale de handball composée de beaucoup de joueurs naturalisés pour l'occasion, est absolument injustifié du moment que la méthode est employée par de nombreux pays dans d'autres disciplines. Qu'un athlète choisisse un pays même pour des histoires d'argent n'a rien de déshonorant. Ceux qui se croient au-dessus de la vague feraient mieux de voir ce qui se passe dans leur propre pays avant de parler.