Malgré la guerre engagée par les autorités contre les sachets en plastique, il semble que les instructions ministérielles n'ont pas été mises en application. Preuve en est le nombre de sachets non conformes qui inondent toujours le marché algérien, et il est toujours aussi ardu d'imposer une réelle traçabilité des emballages distribués dans le commerce. Outre la grave menace écologique que ces emballages représentent, les analyses effectuées à l'échelle nationale et internationale révèlent aussi leur danger pour la santé du consommateur. Le sachet noir, qui a disparu de nos magasins depuis quelques années, était connu pour être produit à partir de matières plastiques recyclées. Des analyses biologiques de ces sachets noirs avaient indiqué qu'ils contenaient du cobalt, du cuivre, du chrome et une forte concentration de plomb. Les sachets bleus ou verts contenaient quant à eux de l'arsenic et une quantité non négligeable de plomb. La toxicité de ces matériaux lourds et chimiques se manifeste particulièrement lors du contact des sachets en plastique avec des denrées alimentaires, exposant la personne qui ingère ces aliments à un risque non négligeable et dont les effets à long terme sur l'organisme restent encore inconnus. Cet état de fait avait poussé les autorités à sévir et à établir de nouveaux cahiers des charges concernant la fabrication et l'utilisation des emballages alimentaires. Ainsi, le sac en plastique à usage alimentaire doit aujourd'hui être fabriqué exclusivement à partir de matières premières vierges de polyéthylène non recyclé, non régénéré et destiné à la production de film pour contact alimentaire. De même, le rajout de pigments en vue d'augmenter l'opacité du sac en plastique est prohibé, à l'exception du dioxyde de titane, seul oxyde à ne présenter aucune toxicité. La «plaie» du marché informel Officiellement du moins, car officieusement la situation n'est pas aussi «transparente», tant la régulation de ce marché reste confrontée à plusieurs entraves de taille. Le citoyen lambda, qui a eu vent des dangers des sachets noirs, est réconforté de voir son pain ou ses provisions stockés dans des sachets blancs ou en couleur. Pourtant, ces emballages peuvent aussi contenir des matières à haute toxicité. «Mais cela n'est pas facile à prouver, et pour plusieurs causes. Pour s'en assurer, et afin de connaître avec exactitude leurs composants potentiellement dangereux, il faudrait effectuer de longues analyses, techniquement très compliquées, et ce, sachet par sachet», déplore M. Bouferroum, chef du département emballage au Centre algérien du contrôle de la qualité et de l'emballage. Et au vu de la quantité d'emballages en tous genres utilisés par les Algériens, ce contrôle est quasiment impossible, d'autant plus qu'un manque de moyens, d'effectifs et de matériels à même de contribuer à la détection de toutes ces anomalies est à déplorer. Mais l'écueil majeur à l'assainissement total du marché reste encore et toujours l'activité informelle. «Il n'y a rien de plus facile que de produire un sachet en plastique, même transparent. Et les producteurs informels, qui ne respectent pas les normes de fabrication, pullulent. De ce fait, les autorités ne peuvent pas maîtriser la conformité des emballages disponibles et ne peuvent pas instaurer une réelle traçabilité et un réel marquage à même de protéger au mieux le consommateur», indique M. Bouferroum, qui s'est beaucoup investi dans «le dossier sachets noirs» auprès du ministère de l'Environnement. Opacité du marché des sacs transparents Au vu de ces éléments, comment reconnaître un sachet conforme d'un autre toxique ? «Cela est très difficile. S'il ne présente pas de marquage ou d'inscription "alimentaire", il faut qu'il soit complètement transparent et qu'il ne présente pas d'aspérités ou de tons grisâtres, et ce, même s'il est coloré ou à rayures», conseille le spécialiste en emballages. Pourtant, il a circulé nombre de rumeurs concernant des sachets de congélation transparents qui contiendraient pourtant de l'arsenic. «Aucune plainte ne nous est parvenue, et nous n'avons jamais été confrontés à de tels cas», affirme-t-il, avouant ne pas savoir que répondre à de tels soupçons «qui sont toutefois plausibles». En l'absence de preuves formelles et en raison de «l'opacité» qui domine le marché du sachet d'emballage alimentaire, de plus strictes mesures devraient être mises en place, comme une vigilance plus rigoureuse et des contrôles inopinés chez les fabricants ou commerçants. Concernant le remplacement du sachet en plastique par des sacs en papier, cela demeure plus que jamais improbable, tant divers intérêts économiques sont en jeu. Fermer des usines et priver des centaines de personnes d'un marché des plus lucratifs n'est pas chose faisable, avancent nombre de personnes. Et mettre en péril la santé de millions de consommateurs alors ?