Deuxième sortie sur le terrain depuis le début de l'année, la visite qu'a effectuée jeudi le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, dans la wilaya de Ouargla est destinée à booster le développement de la région mais aussi à répondre aux doléances des citoyens dont certains l'ont interpellé pacifiquement sur les promesses du gouvernement. C'est à partir de Touggourt que le Premier ministre a entamé son périple ouargli. Touggourt, qui fait partie des daïras qui seront prochainement promues au rang de wilayas, a eu «la part du lion» dans le programme de la visite de Abdelmalek Sellal. Pas moins de 6 haltes y étaient programmées, qui concernent plusieurs secteurs notamment la santé, le logement ou encore l'agriculture. Dans cette région qui a vécu de tragiques évènements tout récemment à cause d'un problème de «foncier agricole», les citoyens qui se sont rendus à Aïn Sahra (Nezla) où le Premier ministre allait inaugurer une station de déminéralisation d'eau, ont tenu à lui exprimer pacifiquement leurs doléances concernant l'emploi, l'alimentation en eau potable ou encore à l'interpeller sur le même problème de «parcelles agricoles» difficiles à acquérir en raison des «obstacles bureaucratique». Sellal a promis de prendre en charge leurs doléances notamment en ce qui concerne les terrains agricoles. D'ailleurs dans son escarcelle, il avait des actes de concession qu'il a remis aux agriculteurs lors de la visite d'une ferme agricole, ainsi que des décisions de crédit. Une halte qui n'a pas manqué de faire exploser de rire le Premier ministre et sa délégation composée de plusieurs ministres lorsqu'un bénéficiaire qui voulait expliquer au ministre de l'Energie, Youcef Yousfi, qu'étant retraité de Sonatrach, il est «retourné» à la terre en l'appelant «Monsieur le ministre de l'Energie…Chakib Khelil». Rires et confusion. Sellal intervient : «Allez, travaillez bien la terre.» Concernant le chômage, Sellal a saisi l'opportunité de sa visite pour indiquer que le chômage dans la wilaya de Ouargla n'est pas de grande ampleur, et que le taux de chômage dans cette wilaya «est l'un des moins élevés du pays». Pour répondre également aux attentes des citoyens dans le domaine du logement, pas moins de 850 lots «auto-construction» ont été lancés à Temacine où une remise symbolique de 12 titres de propriété concernant ces lots sur les 614 titres déjà prêts a été effectuée. Le plus grand projet dans ce même secteur est celui des 1190 logements locatifs à Touggourt qu'a visité la délégation ministérielle. Le Premier ministre a, par la même occasion, rappelé que le programme de l'Algérie en matière de logements équivaut à celui de plusieurs pays à la fois. «Les réalisations de l'Algérie en matière de logement constituent l'équivalent de programmes de plusieurs pays à la fois», a souligné Sellal qui en voulait pour preuve «la réalisation de 325 000 unités pour l'année 2014, et le lancement de 400 000 autres, toutes formules confondues durant la même année». «Bouteflika va bien et vous demande de préserver les valeurs de la République» Dès sa première halte dans la ville de Touggourt où il a eu à visiter le projet de 240 lits qui «bénéficiera d'une extension pour atteindre 320 lits», nous confiera un responsable local et où il a eu également à lancer les deux hôpitaux de Megarine et Rouissat d'une capacité de 60 lits chacun, ce sont les travailleurs du chantier qui l'ont interpellé sur «la pérennité» de leurs emplois dans ces établissements. «Vous allez être recrutés», a-t-il assuré. Interpellé sur le même site par d'autres travailleurs qui lui demandaient des nouvelles de la santé du Président, Sellal les rassure : «Bouteflika va bien», dit-il avant d'enchaîner : «Il vous salue et vous demande seulement de préserver les valeurs de la République et d'être nationalistes.» Le message du chef de l'Etat intervient au moment où toute la région sud du pays vit une situation particulière avec notamment les protestations «politisées» contre l'exploitation du gaz de schiste d'In Salah ou encore les différentes tentatives de trafic en tout genre (armes, drogue…) enregistrées au niveau des zones frontalières. «Hassi Messaoud n'est pas Bab Ezzouar» A Hassi Messaoud, 2e étape de la visite du Premier ministre, c'était surtout l'occasion, si l'on peut dire, du «lancement officiel» de la ville nouvelle de Hassi Messaoud. Sellal y a procédé en effet au lancement d'un projet de réalisation de 2000 logements de type public locatif (LPL), au niveau de la ville nouvelle de Hassi Messaoud (80 km à l'est du chef-lieu de la wilaya d'Ouargla). Faisant partie du mégaprojet portant création de la ville nouvelle de Hassi Messaoud, ce projet, pour lequel a été consacrée une enveloppe de plus de 5 milliards DA, a vu les travaux de terrassement de son terrain d'assiette, confiés à quatre entreprises, finalisés. Sur site, le Premier ministre a suivi un exposé sur un autre projet de réalisation de 1182 lots de terrain destinés à l'auto-construction et localisé dans la zone d'El Ghenami. Sellal ne se contentera pas d'écouter les exposés. Il a tancé les responsables du projet «auto-construction» qui semblent n'avoir pas suivi les instructions maintes fois répétées concernant les types d'habitation puisque les plans architecturaux locaux ne sont pas respectés. Tout en les exhortant à revoir les études de conception de ce projet et à adopter un type architectural en harmonie avec le cachet urbanistique des régions sahariennes, Sellal s'emportera : «Rasez-moi ces bâtiments. Hassi Messaoud n'est pas Bab Ezzouar !» Sellal ne manquera pas aussi d'insister sur la nécessité d'achever, dans le courant de ce mois d'avril, les études techniques du projet qui fait partie du projet global de création de la ville nouvelle de Hassi Messaoud tout en appelant les responsables à ouvrir la voie notamment en matière de foncier aux investisseurs privés en dehors du secteur des hydrocarbures, qualifiant cela d'«urgent» car, a-t-il dit, «c'est cela qui va créer la ville». Un projet urbanistique d'envergure appelé à accueillir à l'horizon 2030, une population de 80 000 habitants, et qui s'est vu accorder un financement équivalent à 6 milliards de dollars US. Dans la même localité, Sellal a eu à visiter outre l'Institut algérien du pétrole (IAP), le centre de formation de l'Enafor (entreprise de forage). Il a également inspecté la centrale électrique de Hassi Messaoud d'une capacité de production de 660 mégawatts. Au chef-lieu enfin, Sellal a eu à inaugurer la faculté de médecine de l'université Kasdi-Merbah qui a ouvert ses portes cette année et qui regroupe actuellement 114 étudiants, dispose de deux amphithéâtres de 180 places pédagogiques, de 18 salles de travaux dirigés, de neuf laboratoires de 20 places chacun et d'une salle destinée aux enseignants, selon sa fiche technique. Pour achever sa visite, Sellal s'est rendu dans la zone de Bour El Haïcha, dans la périphérie d'Ouargla où il a inspecté le projet d'un village touristique. «Le Sud renferme d'importantes potentialités touristiques à même de contribuer à la promotion du secteur dans cette région du pays», a souligné Sellal, avant de présider une cérémonie de remise d'une douzaine de titres de concession à des investisseurs dans différents domaines d'activités, dont le tourisme.