Alors que l'on prédisait que le procès de Khalifa Bank allait sombrer dans des détails futiles et que ce qui se disait dans la salle d'audience du tribunal criminel de Blida intéressait de moins en moins l'opinion publique, voilà que l'affaire connaît un rebondissement des moins attendus qui sans doute renversera la donne. Il s'agit de l'audition, dès dimanche prochain, de Mohamed Djellab et Mohamed Laksaci en tant que témoins. Djellab vient tout juste de quitter le gouvernement au terme du dernier remaniement ministériel qui a vu la nomination d'un nouveau ministre des Finances en la personne de Abderrahmane Benkhalfa. Laksaci est toujours en poste quant à lui en sa qualité de Gouverneur de la Banque d'Algérie. A coup sûr, l'audition de Mohamed Djellab et Mohamed Laksaci, attendue dimanche prochain, constituent ce virage des plus déterminants dans l'évolution du procès de Khalifa Bank sur lequel se penche le tribunal criminel de Blida depuis le début du mois. Mohamed Djellab, désormais ex-ministre des Finances est, pour rappel, l'ancien administrateur de Khalifa Bank, d'où l'intérêt pour le juge Antar Menouar de l'auditionner en tant que témoin. S'agissant de Mohamed Laksaci, Gouverneur de la Banque d'Algérie, il aura à révéler au cours de son audition des détails aussi importants les uns que les autres sur la création de la Banque Khalifa et l'ascension fulgurante de l'ex-golden boy avant de connaître une chute scandaleuse. Il est aussi attendu de Laksaci de témoigner sur les infractions commises par Abdelmoumène Khelifa qui est poursuivi pour une série de griefs ayant trait notamment à l'escroquerie et la banqueroute. Des accusations que le concerné avait rejetées lors de son audition où il a eu recours à une sorte de «stratégie» de tout nier. En sus du Gouverneur de la Banque d'Algérie, son ex-adjoint Ali Touati ainsi que l'ex-DG de l'Inspection générale de la même institution, Mohamed Khemoudj, seront également appelés à la barre dès lundi prochain pour être entendus en tant que témoins. A ces informations communiquées à l'APS par le juge Antar Ménouar, s'ajoutent aussi celles qui font état de l'audition dès le début de la semaine prochaine du frère de Khelifa, Abdelaziz, ainsi que de son ancienne secrétaire personnelle Nadjia Louaz. Une fonction que l'ex-magnat avait aussi niée lors de son audition. Ce sera ensuite au tour des membres de la commission monétaire de la Banque d'Algérie de passer à la barre en tant que témoins. Dernier à témoigner lors de l'audience de lundi prochain, Hamid Foufa en sa qualité d'expert judiciaire en finances dans l'affaire. C'est donc un total de onze témoins des plus importants qui seront entendus dès le début de la semaine prochaine dans le cadre du même procès. «L'audience de jeudi prochain sera quant à elle consacrée à l'écoute des prévenus ayant purgé leurs peines et ce, en qualité de témoins, tandis que l'ensemble des témoins seront auditionnés selon les fonctions et spécialisations précédemment occupées», a précisé le juge Antar Menouar
D'autres accusés nient en bloc Beaucoup parmi les accusés dans le procès Khalifa qui ont été auditionnés hier par le juge ont nié les charges retenues contre eux relatives notamment aux avantages perçus à la suite de placements effectués à Khalifa Bank au titre de leurs précédentes responsabilités dans des entreprises et autres organismes publics. C'est le cas de l'ancien directeur général de la Caisse nationale des retraites (CNR), Salah Lâarifi, qui a nié être intervenu au titre de cette fonction pour faire bénéficier son fils du stage de pilote, gracieusement dispensé par la compagnie dissoute à la suite d'un placement auprès de l'ex-Khalifa Bank. Idem pour l'ex-directeur général de l'ex-Entreprise de promotion du logement familial (EPLF) de Blida, Rabah Boussabine, qui a également nié les charges retenues contre lui, faisant savoir que sur les 165 millions DA placés auprès de Khalifa Bank, 118 millions DA n'ont pu être récupérés à la suite de sa dissolution. Le président du conseil d'administration de la Mutuelle générale des travailleurs des Postes et télécommunications (ex-PTT), Mohamed Tchoulak, a fait savoir pour sa part que celle-ci avait placé 10 milliards de centimes auprès de la Caisse nationale. Le prévenu Tchoulak, par ailleurs membre actuel du secrétariat national de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), a tenté de se dédouaner en faisant endosser la responsabilité principale des torts qui lui sont reprochés à l'ex-directeur de ladite mutuelle, le défunt Ahmed Berbar.