L'Assemblée nationale du Niger a prolongé pour trois mois l'état d'urgence dans la région de Diffa (sud-est), à la frontière avec le Nigeria, où l'armée combat Boko Haram depuis février, a annoncé hier le vice-président du Parlement. «La prolongation de trois mois de l'état d'urgence a été adoptée à l'unanimité des députés présents», a affirmé à la radio d'Etat, Daouda Malam Marthé, premier vice-président du Parlement. «Des éléments de Boko Haram sont là» et «la prolongation de l'Etat d'urgence est une nécessité», a estimé cet élu du parti au pouvoir. Le ministre nigérien de l'Intérieur, Hassoumi Massaoudou, a confirmé mardi, devant les députés, la présence des terroristes de Boko Haram dans la zone de Diffa, frontalière avec le nord-est du Nigeria, considérée comme le fief du groupe extrémiste. «Ils existent. Ils sont en brousse et sur le lac Tchad» et «ils ne sortent que la nuit» de peur «d'être bombardés», a assuré le ministre. L'état d'urgence avait été décrété à partir du 11 février pour un délai de quinze jours et renouvelé pour trois mois, à la suite des toutes premières attaques contre le Niger. Il accorde des pouvoirs supplémentaires aux forces de sécurité, dont celui «d'ordonner des perquisitions à domicile de jour et de nuit». Selon M. Massaoudou, au total 841 membres présumés de Boko Haram ont été interpellés par les services de sécurité, dont 695 ont été déférés, 52 libérés et 643 inculpés. Début mai, les autorités nigériennes ont fait évacuer quelque 25 000 habitants des îles du lac Tchad, par crainte de nouvelles attaques de Boko Haram après un assaut meurtrier fin avril. Le 25 avril, une attaque de Boko Haram contre une position militaire nigérienne située sur une île du lac Tchad avait fait au moins 74 morts, dont 28 civils et 32 disparus. Ces pertes sont les plus lourdes subies par le Niger depuis que le pays est entré en guerre contre le groupe islamiste nigérian début février.