Le Conseil de sécurité de l'ONU a invité jeudi les pays voisins du Nigeria à intensifier leurs opérations militaires et la coordination de leurs forces contre le groupe Boko Haram. Dans une déclaration unanime adoptée jeudi, les 15 pays membres "exhortent les pays de la région à renforcer les opérations et la coopération militaire régionale afin de lutter contre Boko Haram plus efficacement et immédiatement". A cet égard, le Conseil qui "salue l'organisation d'une réunion d'experts à Yaoundé pour mettre sur pied une force multinationale", rend aussi hommage "à l'aide apportée rapidement par l'armée tchadienne dans la lutte contre Boko Haram au Nigeria". À l'appel à intensifier la lutte contre Boko Haram, lancé par le Conseil de sécurité de l'ONU, vient se greffer celui de la France. Depuis Paris, le président François Hollande a déclaré que la France soutenait "de façon logistique et opérationnelle par la fourniture de carburant et munitions les troupes engagées contre Boko Haram", appelant la communauté internationale à "faire son travail" et à passer à "l'action". Une quinzaine de militaires français ont été envoyés à Diffa, dans le sud du Niger, pour fournir du renseignement aux forces africaines, a annoncé le ministère français de la Défense. Cela survient, tient-on à le souligner, alors que la guerre contre ce groupe extrémiste, est en train de prendre une ampleur régionale. Dans ce cadre, des dizaines d'experts africains et occidentaux participent depuis jeudi à Yaoundé à une rencontre qualifiée de "cruciale" pour le déploiement d'une force africaine de 7 500 soldats. Il s'agira notamment de finaliser les "stratégies de combats contre la secte Boko Haram (...) et d'élaborer ‘l'opérationnalisation' de la force multilatérale", a souligné le ministre camerounais de la Défense Edgar Alain Mebe Ngo'o. Pour sa part, le Niger devrait ainsi rejoindre le Cameroun, engagé depuis plusieurs mois, et le Tchad, mobilisé depuis deux semaines contre ce groupe extrémiste. Le Parlement nigérien devrait décider lundi d'envoyer des troupes au Nigeria pour combattre l'expansion militaire de Boko Haram qui menace le Cameroun, le Niger et le Tchad, et ouvrir ainsi un deuxième front dans la guerre régionale contre les islamistes nigérians. Le ministre nigérien de l'Intérieur Massaoudou Hassoumi avait annoncé fin décembre "la plus grande opération militaire jamais montée au Niger" du côté de Diffa, à moins de 100 km de Bosso, afin de "faire face à toute éventualité", ce qui s'était traduit par l'arrivée de nombreuses troupes. Ainsi, l'armée tchadienne dont le chef d'état-major est actuellement au Nigeria pour "discuter des opérations transfrontalières avec ses homologues nigérians", selon Abuja, a déployé des troupes de part et d'autre du lac Tchad. Au sud, elles ont rejoint les forces camerounaises dans la zone de Fotokol. Les troupes tchadiennes, quant à elles, ont lancé mardi dernier une grande offensive terrestre au Nigeria à partir du Cameroun voisin, reprenant aux islamistes la localité nigériane frontalière de Gamboru après de durs combats. Mais le groupe Boko Haram a mené mercredi une contre-attaque meurtrière à Fotokol, localité camerounaise frontalière, avec treize militaires tchadiens, six soldats camerounais et 81 civils tués.