L'élection de la Radio algérienne au département radios de l'UER, le droit sportif, les conventions signées avec des chaînes radio internationales, les nouveaux programmes, les projets de la Radio nationale ainsi que le Microphone d'or sont les points sur lesquels M. Khelladi est revenu dans cet entretien. Le Temps d'Algérie : Vous venez d'être élu membre du comité exécutif radio de l'Union européenne des radios et télévisions (UER). Que représente cette élection pour l'Algérie en général et pour la radio algérienne en particulier ? Tewfik Khelladi : Avant tout, il faut savoir que c'est la première fois qu'un pays hors Europe franchit ce pas depuis que l'UER existe. Cette consécration va nous permettre d'abord d'être à niveau en termes d'information et surtout d'aller directement à sa source (information). Deuxièmement, nous allons pouvoir participer aux différents groupes de travail, c'est-à-dire aux départements technique et sport par exemple. Nous pourrons ainsi défendre les intérêts de la radio publique algérienne au même temps que l'on défendra les intérêts des radios publiques européennes et internationales. Chacun défendra ses intérêts mais dans un cadre commun. En ce qui concerne la radio, nous sommes contre le principe de créer le droit sportif. Pour nous, il s'agit de prendre soin du sport. Ce que nous faisons à la radio est différent de ce qui se fait à la télévision. A la télévision, on fait du spectacle. Troisièmement, en termes de formation pour le numérique, nos techniciens ont besoin d'une mise à niveau car la numérisation n'est pas simplement l'informatisation. C'est la numérisation de tout le processus de production (conception, évaluation animation…) jusqu'à l'écoute des programmes. Il faut donc une gestion active et dynamique de la ressource humaine. Notre élection au comité exécutif radio de l'UER nous permettra également d'échanger nos programmes avec d'autres radios, par exemple des productions dans le cadre des différences culturelles. Nous avons la capacité de prendre des programmes de différentes radios de l'UER et de les diffuser sur les ondes de la radio nationale. Nous aussi, pour nous imposer au département radio de l'UER, nous allons diffuser des programmes des Chaînes I, II, III et des programmes des radios locales sur les ondes des autres radios de l'Union. Au début, les meilleurs programmes pour se faire connaître sont les programmes musicaux et les programmes à caractère culturel. Outre la musique, nous allons procéder aux accompagnements sur des plateaux mixtes que nous pourrons diffuser simultanément sur nos ondes. Dans ce cadre, nous pouvons travailler sur des concepts méditerranéens. Ce sont des éléments de réciprocité (je te donne tu me donne, je t'apporte tu m'apportes), ce sont des programmes extrêmement importants pour le développement de la radio. Un mot sur l'UER ? Cette union est composée de 75 pays dont 56 européens. Ce qui est important aujourd'hui, ce sont les grands défis à relever par les radios du service public. Nous allons vers le numérique, ce qui nous permettra de passer 6 fréquences sur chaque canal. Il y a une rude concurrence pour la maîtrise du marché en imposant une norme à adopter. Tout le monde doit changer ses postes radios car les postes radios classiques ne sont pas compatibles avec le système numérique. Cela coûte des sommes colossales. Donc il y a un enjeu du marché qui est déterminé par la norme que nous allons adopter. Le droit sportif sera-t-il payant avec l'adhésion de la radio algérienne à l'UER ? Aujourd'hui, les mercenaires ont touché au monde sportif. Moi, je suis de la radio, du service public. Je suis en train d'accompagner et de promouvoir le sport, je suis un partenaire du monde sportif et je ne suis pas un partenaire commercial, donc je n'ai pas à payer les droits sportifs sur la radio, parce qu'à la radio, nous ne faisons pas de spectacles. Nous faisons de l'accompagnement. Nous faisons du service public pour ainsi dire. L'UER se prononce clairement sur le non payement du droit sportif sur la radio, particulièrement le football, et c'est également le point de vue de la radio algérienne. Cela est clair, net et précis. Vous avez parlé de formation de vos techniciens….. Oui, nous sommes en train de préparer un vaste programme de formation, de requalification et de mise à niveau de nos techniciens. C'est notre priorité centrale. Elle est impérative pour la survie moderne de la radio nationale. La mise à niveau du point de vue de la numérisation est importante tout comme la mise à réseau de nos stations. La formation ne touchera pas uniquement les techniciens. Même les journalistes sont concernés ainsi que toute la chaîne de production des programmes. Restons toujours à l'échelle internationale. Combien de conventions avez-vous signées avec les chaînes radio étrangères ? Nous avons signé des conventions avec cinq radios communautaires en France ayant des autorisations du Conseil supérieur de l'audiovisuel français. Il s'agit de la radio Salem, radio Soleil, France-Maghreb, Beur FM et Trait d'Union. Elles couvrent tout le territoire français, permettant ainsi à toute la communauté algérienne de France d'écouter l'ensemble des programmes de la radio nationale. En termes de bilan, je peux vous dire que nous avons réalisé un bilan positif. S'agissant de l'élection présidentielle par exemple, nos programmes ainsi que la conférence de presse du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales dans son intégralité ont été diffusés sur les radios France-Maghreb, Soleil et Salem. En outre, une série de programmes a été échangée avec ces radios. Nous avons travaillé avec France-Maghreb les 4 et 9 avril dans le cadre de la sensibilisation au vote. Nous avons passé des spots d'incitation au vote outre la couverture des meetings, l'opération du vote et les différents points de presse animés au niveau des différents consulats. L'émission spéciale élection présidentielle diffusée en continu sur les ondes de la Chaîne III de 21h à 8h, c'est-à-dire jusqu'au lendemain de l'élection, a été reprise dans son intégralité. Pour le mois de Ramadhan, ces chaînes reprennent nos programmes, notamment religieux. Nous avons des propositions d'organiser des duplex mensuels pour les premiers samedis du mois avec Radio el Bahdja. Nous pouvons faire des duplex et multiplex avec les autres chaînes de la radio nationale. Qu'en est-il des programmes et du renouvellement de l'offre ? Le problème des programmes n'est nullement un problème de personnes. Il réside surtout dans l'absence de capacités d'évaluer ce que nous avons fait comme travail pour renouveler l'offre. En Algérie, nous n'avons pas d'instruments de mesure. Personne n'a la capacité de nous dire qui écoute telle ou telle chaîne d'une façon globale ou quelles sont les catégories socioprofessionnelles qui nous écoutent. Ce sont des éléments importants pour nous pour pouvoir adapter l'offre selon les besoins des auditeurs. Il faut qu'il y ait des études pour savoir comment moduler nos programmes. On essaye de faire des programmes généralistes pour pouvoir répondre plus au moins à ce qui est pour le moment une demande supposée. Toutefois, il y a des efforts consentis pour améliorer la qualité et la diversité des programmes, parce que dans notre cahier des charges, nous devons informer, divertir et accompagner l'auditeur. Que pensez-vous de l'ouverture de l'audiovisuel ? L'ouverture du champ audiovisuel est inéluctable. Nous sommes dans une situation concurrentielle. Donc il faut mettre des programmes compétitifs. Cependant, le problème qui se pose est : dans quel contexte faut-il ouvrir le champ audiovisuel ?Pouvons-nous nous permettre d'ouvrir le champ audiovisuel alors que nous n'avons pas les instruments minimum d'évaluation tels que le sondage, la publicité, l'organisation réglementaire ? Sous quelle forme doit-on l'ouvrir? Mixte : public/privé ? Complètement privé ? Je ne sais pas sous quelle forme mais je sais que dans l'avenir, il faut aller vers l'ouverture. Il faut avoir un cadre réglementaire général permettant la survie au paysage audiovisuel dans sa diversité d'abord et avant tout le service public. Qu'en est-il du projet d'une radio par wilaya ? Nous avons ouvert jusqu'à présent 43 radios et il nous reste 5. Les prochaines radios concerneront notamment les wilayas de Tipaza, Boumerdès, El Tarf, Tizi Ouzou, Et concernant la radio net ? Pour la radio net, nous sommes en négociation avec des opérateurs nationaux. Pour faire de la radio net, il faut avoir de très fortes capacités. D'autres projets ? Nous sommes en train de penser à l'installation d'une radio jeunesse, sachant que 75% de la population algérienne sont des jeunes. Le projet est en étude à notre niveau. Et en matière de programmes ? Nous allons relancer le théâtre radiophonique. Nous avons déjà préparé 18 pièces. Elles seront diffusées prochainement sur les Chaînes I, II et III. Pour finir, un mot sur le Microphone d'or ? A ce propos, je peux vous dire que l'expérience a été bien menée. Mais nous comptons apporter une touche nouvelle en introduisant des améliorations aux futures éditions. Cela en préservant bien évidemment le principe de ce concours et surtout en se référant aux précédentes expériences. Dans ce sens, nous avons demandé aux membres du jury non seulement de juger les émissions mais également de nous donner un point de vue et faire un rapport sur le contenu observations et recommandations que nous sommes en train d'étudier pour améliorer le concours. Un certain nombre de conclusions auxquelles le jury a participé sont en train d'être examinées par l'ensemble des directeurs des chaînes, plus le directeur de la coordination des chaînes régionales. Nous avons tiré nous-mêmes nos conclusions. Nous allons rappeler le jury pour faire un échange sur ces questions. Il faut que les expériences servent. Nous allons travailler dans ce sens jusqu'au moment où nous obtiendrons un format admis au niveau universel.