La règle 51/49 pourrait être un «atout» pour les investisseurs français lesquels ont à gagner davantage en investissant à long terme en Algérie que d'y exporter seulement, affirme le haut responsable à la coopération industrielle et technologique franco-algérienne à l'Elysée (présidence française), Jean-Louis Levet, dans un entretien accordé à l'APS. Cette disposition régissant l'investissement étranger en Algérie «pourrait être plutôt un atout qu'une contrainte car elle permet de trouver des partenaires (algériens) fiables qui vont aider les joint-ventures créées à se mouvoir dans un environnement administratif, financier et foncier que les partenaires français ne connaissent pas forcément», explique M. Levet, en visite en Algérie dans le cadre de la coopération économique entre les deux pays. Il reconnaît, par ailleurs, que les entrepreneurs français avaient, auparavant, une image «passéiste» sur l'Algérie en la considérant, à tort, comme un pays «renfermé» économiquement sur lui-même, mais ils se rendent compte aujourd'hui, poursuit-il, que «le marché algérien est important et solvable» et que les consommateurs algériens «sont de plus en plus exigeants». Désormais, soutient-il, il est plus intéressant pour les opérateurs économiques français de s'implanter en Algérie que d'y exporter uniquement car «ils ont tout à gagner à long terme» en investissant notamment dans les secteurs de l'industrie manufacturière, de l'agriculture, de la santé, du transport et de l'énergie. Abordant les perspectives des partenariats industriels bilatéraux, notamment dans le domaine de l'automobile, le même responsable relève la nécessité de regrouper les activités communes d'une filière industrielle dans une même région d'un pays. «Favoriser l'industrie locale de l'automobile c'est aussi territorialiser des activités collectives des fabricants, des sous-traitants et des équipementiers, qui vont pouvoir monter en qualité pour fournir progressivement des pièces», considère M. Levet. Selon lui, le développement industriel se fait par la densification du territoire qui passe par une coopération efficace entre de grands groupes, des PME, des fournisseurs, des sous-traitants, des laboratoires, des centres techniques et des universités. Ce qui est intéressant dans l'implantation des groupes français en Algérie, observe-t-il, «ce n'est pas simplement créer une usine qu'on poserait sur un site mais surtout pouvoir construire un cluster sur un territoire organisé autour d'une activité industrielle». Ainsi, fait-il savoir, la partie française prône l'implantation de la prochaine usine Peugeot, en cours de négociations, à Oran, près de celle de Renault Algérie, tout en relevant l'importance du travail préalable à faire en termes, notamment, d'intégration de pièces fabriquées localement. «Quand un groupe veut s'implanter, il ne va pas dire : je veux un taux d'intégration de 10 ou de 50%, car cela dépend du tissu industriel dans la périphérie et des sous-traitants existants en Algérie. Il cherche surtout les meilleurs moyens de les intégrer progressivement dans la chaîne de valeur de son usine, et ça prend du temps», explicite-t-il. Concernant les avantages prévus pour le futur projet Peugeot, annoncé lors de la dernière visite à Alger du président français François Hollande, il indique qu'il bénéficiera uniquement de ce qui est prévu par la loi algérienne. Par ailleurs, M. Levet souhaite également que les opérateurs algériens investissent en France car «la coproduction, comme socle de la coopération économique algéro-française, se joue dans les deux sens et même ailleurs dans le monde». Evoquant le bilan de la coopération algéro-française depuis la signature de la Déclaration d'Alger sur l'amitié et la coopération entre la France et l'Algérie, en décembre 2012, ce haut responsable de la coopération industrielle algéro-française estime qu'une «vraie dynamique» est en marche depuis cette date. L'axe Alger-Paris «commence à changer de paradigme en passant d'un modèle fondé sur une logique commerciale à celui basé sur une logique de coopération, en travaillant ensemble sur les fondamentaux de la croissance : la formation, la recherche, l'innovation, la coproduction et le développement local du territoire». Pour lui, «c'est un travail de long terme qui se fait dans la durée et dans le cadre d'une relation de confiance».