Les agriculteurs de la daïra de Tazmalt étaient à l'honneur, à l'occasion de l'organisation de «la première fête de l'agriculteur de la Soummam», du 29 avril au 1er mai 2009, au CFPA de la ville. Cette manifestation a été l'initiative de l'association des agriculteurs de Tazmalt, dénommée aussi «Tazarajt». L'objectif de cette fête était de mettre en valeur le patrimoine agricole, et en particulier oléicole de cette daïra, qui est sous-exploité. Dans cette daïra, il n'existe aucune coopérative, qui pourrait organiser, encourager et exporter l'huile d'olive de cette localité, que l'on estime de très bonne qualité. Ce secteur est délaissé notamment par l'Etat, s'accordent à dire les fellahs et les gérants des huileries de Tazmalt. Cette daïra est classée première au niveau national dans le secteur de l'oléiculture. Sur une surface agricole totale estimée à 2217 ha, les oliveraies occupent 1607 ha. Nonobstant ce statut de daïra oléicole par excellence, Tazmalt n'arrive pas, comble de l'ironie, à booster cette activité et exploiter comme il se doit toutes ses potentialités agricoles dormantes. Pourquoi donc ? Les raisons sont multiples. Pour le président de l'association Tazarajt, Moncef Hamimi, «il faut que l'Etat s'implique davantage dans ce secteur, en intégrant des organismes de soutien et d'accompagnement. Notre objectif à travers cette fête, c'est de montrer que nous avons un potentiel très riche mais sous-exploité. Nous devons nous hisser à la modernité et transmettre le savoir-faire aux agriculteurs». Baloul Saïd, membre de la même association, déplore, quant à lui, la persistance du problème du cadastre qui n'a pas été renouvelé depuis 1987. «Tant que ce problème n'est pas résolu encore, il nous est difficile, à nous les fellahs, de développer notre agriculture». Il est vrai que pour bénéficier des différentes aides de l'Etat pour les activités agricoles, il faut disposer d'un acte de propriété, alors que la plupart des terrains agricoles sont encore dans l'indivision. Ce qui a, par conséquent, encouragé l'apparition, à grande échelle, de la construction illicite et anarchique, et cela au détriment des terres agricoles dans cette commune. La ville de Tazmalt et ses villages, connaissent une extension urbaine effrénée ces dernières années. Cela a comme corollaire l'arrachage de milliers d'oliviers, notamment. A l'exemple du massacre de plus de 9000 oliviers, au début des années 1990, dans la ferme ex-Merlot, où un quartier est érigé actuellement. D'autres quartiers, comme Tiouririne, ont vu le jour aux dépens des oliveraies, qui furent sacrifiées «sur le bûcher». Si le massacre de ces arbres centenaires continue, Tazmalt perdra inéluctablement le statut de la première commune oléicole dans le pays. Durant cette même manifestation, des conférences-débats ont été organisées. Une conférence sur «les nouveaux dispositifs d'aide de l'Etat au développement de l'agriculture (FNDIA, FNRPA, PPDRI,…)» était animée par M. Bouaziz, directeur des services agricoles de la wilaya de Béjaïa. Cette communication a permis aux fellahs présents de s'informer mieux sur ces dispositifs et d'exposer les problèmes auxquels ils sont confrontés. Le jour suivant, c'était Oulebsir Rachid, journaliste et économiste ainsi que M. Sbaï, directeur de la station de l'ITAF (Institut technique de l'arboriculture fruitière de Takrietz) qui ont animé une conférence sur «la situation de l'olivier et de l'huile d'olive». Les deux orateurs ont brossé un tableau noir de l'oléiculture dans notre pays et déploré «le désengagement» de l'Etat pour cette activité, notamment dans la région de Tazmalt. La troisième conférence, tenue vendredi dernier, avait trait à «l'utilisation des dérivés de l'agriculture (margine et grignons) dans l'agriculture». Cette conférence, animée par Arezki Abdenour, doyen de la faculté des lettres à l'université de Béjaïa et M. Khelloufi Saïd, de l'ITAF, a été l'occasion pour ces conférenciers de battre en brèche l'idée que la margine et les grignons sont contre-indiqués pour l'agriculture. Les orateurs ont soutenu, exposés à l'appui, que ces deux éléments sont d'excellents engrais naturels. Ils ne sont pas nocifs comme les engrais chimiques. Par contre, leur usage doit se faire selon des étapes à respecter. La clôture de cette première fête de l'agriculteur de la Soummam a donné beaucoup de satisfaction au public et aux organisateurs, qui espèrent que c'est un prélude à d'autres fêtes, qui finiront par porter leurs fruits : ceux d'une daïra qui exploite convenablement ces produits oléicoles et qui exporte son huile de très bonne qualité pressée de cet olivier centenaire, appelé Achemlal, qui abonde dans cette commune.