Le CFPA de Tazmalt a abrité du 5 au 7 mai la deuxième fête de l'agriculteur de la Soummam, organisée conjointement par l'Association des fellahs de la daïra de Tazmalt, Tazerajt,et le Comité interprofessionnel oléicole (CNIO). Toutefois, ce qui a distingué cette rencontre, c'est la signature d'une convention de partenariat entre Tazerajt et le CNIO, qui consiste en la mise en œuvre d'un programme de développement rural autour de la filière oléicole, dont la daïra de Tazmalt est classée première à l'échelle nationale. Les objectifs de cette convention c'est la création d'un marché local de l'huile d'olive et de l'olive, afin d'organiser cette filière, qui connaît un désordre important, et ce, en vue de dégager des produits oléicoles de qualité, dans l'optique de leur commercialisation, labellisation et leur exportation à l'étranger. D'ores et déjà, la tâche s'annonce difficile, mais pas impossible. Mancef Hamimi, président de l'association Tazerajt et cosignataire de ladite convention, est conscient des défis qui attendent une telle entreprise. Pour lui, le premier pas à faire «c'est de convaincre les fellahs d'adhérer à ce programme». Pour sa part, Moussouni Akli, président du CNIO, créé le 18 mars et qui est rattaché au ministère de l'Agriculture, parle de «création d'une dynamique autour de l'oléiculture pour mettre sur le marché national et international des produits oléicoles de qualité (…), et ce, en réunissant toutes les conditions techniques pour une meilleure qualité». Des fellahs qui ignorent l'existence même des aides étatiques Les sous-produits oléicoles, tels que le grignon et la margine, sont également pris en compte dans ce programme de développement afin de les recycler (fertilisation des terres), au lieu de les jeter dans la nature, comme il est d'usage actuellement. Toutefois, le problème majeur de l'oléiculture à Tazmalt, comme dans toute la Kabylie d'ailleurs, ce sont les procédés archaïques et artisanaux avec lesquels est produite l'huile d'olive. De la cueillette à la presse, en passant par le stockage du fruit, les procédés utilisés sont très préjudiciables à la qualité. Conséquence : l'huile d'olive produite est en majorité acide, alors qu'en Europe par exemple, l'huile exigée sur les marchés doit être extra vierge, c'est-à-dire l'acidité doit être de 0,38 à 1%. Ce qui est difficile à obtenir chez nous vu les moyens dont disposent les producteurs et les huileries. Durant la conférence-débat organisée sur «la situation de l'agriculture en Algérie», animée par M. Moussouni, président du CNIO, l'intervention de quelques agriculteurs de la région a mis à nu le problème de communication qui existe entre ceux-ci et leur tutelle à travers l'administration locale. Un fellah, qui trouvait les prix des engrais exorbitants, ne savait pas que l'Etat subventionne à hauteur de 20% ce produit. D'autres fellahs ont mis l'accent sur les dédales administratifs qu'ils doivent parcourir afin de bénéficier d'une aide étatique. Cependant, les agriculteurs de la commune d'Ath Mellikèche semblent plus touchés que les autres par les problèmes. En plus du manque de matériel, de solvabilité et du relief montagneux et accidenté de leurs terres, leur APC se trouve bloquée depuis des mois, ce qui fait qu'ils ne peuvent pas bénéficier des projets de développement dans le cadre des PPDRI. La commune de Tazmalt a également son lot de problèmes, liés à l'exercice de l'agriculture. Rendez-vous est donné à la troisième fête de l'agriculteur de la Soummam Le problème du cadastre est revenu au devant de la scène, où Baloul Mohand Saïd, membre de l'association Tazerajt, a exposé le problème et les difficultés liées à l'inexistence des titres de propriété pour des centaines de fellahs de la commune de Tazmalt, lesquels sont exclus de fait des différents dispositifs d'aides octroyés par l'Etat. La conférence, qui a porté sur «les programmes étatiques de soutien à l'agriculture», a vu défiler des conférenciers de la DSA de Béjaïa et du conservateur des forêts. Des explications ont été données aux présents, avec des exemples de PPDRI dont ont bénéficié différentes localités de la wilaya de Béjaïa. Des intervenants, essentiellement des élus locaux, ont exposé les retards accumulés dans la réalisation des projets dans le cadre des PPDRI. A l'exemple de 37 PPDRI retenus pour la daïra de Tazmalt depuis septembre 2009 et qui attendent d'être lancés. Vu la réussite des première et deuxième fêtes de l'agriculteur de la Soummam les organisateurs songent d'ores et déjà à la troisième édition. Un événement qui sera en quelque sorte une halte pour faire le point et savoir où l'on est avec notamment les projets lancés (création d'un marché local à Tazmalt, organisation des producteurs et des huileries, commercialisation, etc.). La revalorisation du patrimoine oléicole de la daïra de Tazmalt n'est qu'une juste récompense à cette région, leader au niveau national de l'oléiculture. Les atouts existent, de l'avis de tous, il suffit d'y croire et surtout d'être beaucoup plus pragmatique. Par ailleurs, M. Hamimi nous apprend que le plan quinquennal 2010-2014 concernant le volet agricole a été lancé symboliquement depuis cette fête de l'agriculteur.