Le juge d´instruction près de la Haute Cour d´Espagne, Pablo Ruiz, a rendu jeudi son rapport d´enquête d´une quarantaine de pages sur le génocide au Sahara occidental durant la période allant de 1976 à 1991. Le magistrat a estimé «juridiquement recevables» les conclusions de cette enquête qui avait été engagée en 2007 par son prédécesseur Baltazar Garzón. Une plainte de familles de disparus depuis le début de l´occupation militaire marocaine de cette ancienne colonie espagnole, soutenues par des associations civiles, avait été déposée quelques années auparavant. Le juge Ruz a décidé de mettre en examen 11 hautes personnalités marocaines, 8 officiers supérieurs et 4 fonctionnaires civils, dont les ex-gouverneurs marocains de Smara et de l´Administration du Territoire, pour, selon les termes du rapport, avoir été reconnus coupables d´«au moins 50 assassinats de Sahraouis, 6 disparitions, 23 cas de tortures avérés et 202 détentions illégales». Le rapport d´enquête fait état de «bombardements effectués contre les campements des civils et de leurs déplacements forcés, accompagnés d´exécutions sommaires, de disparitions et de détentions des populations qui sont toutes d´origine sahraouie». L´armée et la police marocaines sont également accusées d´avoir mené «des actions systématiques visant à détruire totalement ou partiellement la population autochtone en vue d´annexer le territoire du Sahara occidental». Fosses communes à Smara Des fosses communes avaient été localisées près de Smara, en 2014, par une équipe de scientifiques de l´Université basque. Se basant sur des témoignages précis fournis par des témoins oculaires, des experts avaient procédé dans le secret à l´exhumation des restes de 8 personnes appartenant à une même famille, dont deux enfants, toutes exécutées sommairement par l´armée marocaine pour avoir refusé de l´informer sur les déplacements dans la zone de membres du Front Polisario. Les restes de ces victimes avaient été remis l´année dernière à leurs proches dans la zone de Tifariti, région contrôlée par le Front Polisario, au cours d´une cérémonie officielle. L´équipe d´experts espagnols avait évoqué alors «une évidente action d´épuration ethnique». Le rapport du juge Pablo Ruz aura très certainement des conséquences politiques sur les relations entre Madrid et Rabat.