Du nouveau dans l'enquête menée sur l'accident de l'avion affrété par Air Algérie et qui s'est écrasé le 24 juillet dernier dans le nord du Mali à 80 kilomètres du sud-est de la ville de Gossi. Les experts de la BEA (Bureau d'enquête et d'analyse pour la sécurité de l'aviation civile) ont publié sur leur site un rapport préliminaire dans lequel ils confirment de façon irréversible la version de la panne mécanique. L'appareil, un MD 38 de la société Mc Donnell Douglas a été affrété par Air Algérie auprès la compagnie espagnole Swift Air. L'avion en question qui assurait le vol 5017 d'Air Algérie au départ de Ouagadougou vers Alger n'est jamais arrivé à destination. Il s'est écrasé au Mali causant la mort de tous les passagers dont les 6 membres d'équipage. L'aviation civile du Mali a mené l'enquête conformément à la législation internationale, aidée en cela par les experts français du Bureau d'enquête et d'analyse pour la sécurité de l'aviation civile (BEA) afin d'élucider les véritables causes de ce crash. Jeudi dernier, les experts de la BEA ont publié sur leur site un rapport préliminaire dans lequel ils confirment de façon irréversible la version de la panne mécanique. Dans le communiqué du BEA et de la Commission d'enquête de la République du Mali, il est fait état du givrage des sondes des moteurs de l'avion, ce qui a conduit à son crash environ 2 minutes après la mise en palier de l'avion à une attitude de 31 000 ft (environ 9500 m), des calculs réalisés par le motoriste et validés par l'équipe d'enquête indiquent que la valeur enregistrée de l'EPR, paramètres principal de conduite des moteurs, est devenue erronée sur le moteur droit puis environ 55 secondes plus tard sur le moteur gauche. «Ceci est vraisemblablement le résultat de givrage des capteurs de pression situés sur le cône du nez des moteurs» écrit-on dans le communiqué dévoilé ce jeudi. Et d'ajouter : «si le système de protection contre le givrage des moteurs est activé, ces capteurs de pression sont réchauffés par de l'air chaud. Toutefois, l'analyse des données disponibles indique que l'équipage n'a vraisemblablement pas activé ces systèmes au cours de la montée et de la croisière». Du fait du givrage des capteurs de pression (sondes des moteurs), l'information erronée transmise à l'auto-manette conduit cette dernière à limiter la poussée délivrée par les moteurs, expliquent encore les experts du BEA français, ajoutant que, dans ces conditions, la poussée devient insuffisante pour maintenir la vitesse de croisière, et l'avion ralentit. «Le pilote automatique commande alors une augmentation de l'assiette de l'avion pour maintenir l'altitude malgré cette perte de vitesse. C'est ainsi qu'à compter de l'apparition de l'erreur de mesure des valeurs d'EPR, la vitesse de l'avion a diminué de 290 à 200 kt en 5 minutes et 35 secondes environ et l'incidence a augmenté jusqu'au décrochage de l'avion». Le pilote automatique a été par la suite déconnecté. «L'avion part brusquement en roulis à gauche jusqu'à atteindre 140° d'inclinaison et à piquer jusqu'à 80°», conclut-on dans le même rapport. Le BEA stigmatise un défaut de l'avion MD83 En des termes plus clairs, le crash du vol AH 5017 d'Air Algérie est un drame causé par une défaillance mécanique. Il s'agit d'un défaut propre aux aéronefs de type MD-83 du constructeur Mc Donnell Douglas, comme le soulignent clairement les enquêteurs du BEA français qui évoquent dans leur rapport de jeudi deux autres accidents sans conséquences graves et qui ont été provoqués par des circonstances similaires. Le premier a eu lieu en 2002, lorsque l'avion McDonnell Douglas MD-82, immatriculé N823NK et assurant le vol Spirit Airlines 970 a connu une perte de puissance des deux moteurs en vol de croisière à une altitude de 33 000 ft, soit environ 10 000 m. Le second accident a eu lieu en juin 2014. Là encore, «l'avion MD-83 immatriculé EC-JUG de la compagnie Swiftair qui effectuait un vol de transport de passagers au niveau de vol FL 330 a subi une diminution de vitesse alors qu'il évoluait de jour au-dessus de la couche nuageuse et que l'auto-manette était engagée. L'équipage a détecté le problème, mis l'avion en descente et activé les systèmes de protection contre le givrage des moteurs avant d'atteindre la situation de décrochage, puis a poursuivi son vol», rappelle-t-on dans le rapport du BEA français. Les responsables de ce bureau soulignent en outre que les informations déterminant les causes du crash du vol AH 5017 d'Air Algérie ont été transmises à la communauté aéronautique internationale afin qu'un accident de même nature ne se reproduise plus. L'enquête menée au sujet du même accident se poursuit. Elle sera axée dans ses prochaines étapes sur les paramètres de vol, la réaction possible de l'équipage ainsi que sa formation par Swiftair. La publication du rapport final est prévue vers le mois de décembre prochain, indique-t-on de même source.