La grippe porcine, depuis le premier cas apparu au Mexique fin mars, n'a cessé de prendre de l'ampleur. Au fil de son expansion, d'abord dans le continent américain, elle a gagné la stature de pandémie en se faisant signaler dans le Vieux continent et dans le continent asiatique. Alors que l'option était à l'optimisme avec les prévisions de déclin progressif, la pandémie a soudainement repris ces derniers jours. Près d'un millier de cas ont été recensés à travers le monde en 24 heures, selon l'Organisation mondiale de la santé qui dit s'attendre à l'apparition de nouveaux foyers autonomes de transmission. Et la liste des pays touchés par le virus A (H1N1) s'est, elle aussi, «enrichie» de nouveaux membres. Après le Pérou, l'Equateur et la Malaisie où un second cas a été officiellement confirmé, c'était hier autour de trois autres pays de se joindre à ce listing, le portant ainsi à pas moins de 38 nations touchées. En effet, le Japon, la Turquie et l'Inde ont officiellement enregistré leurs tout premiers cas. Si dans les deux derniers pays, les cas enregistrés concernent des étrangers, au Japon, il s'agit d'un «autochtone», un lycéen. D'ailleurs, comme premières mesures préventives, le Japon a ordonné la fermeture des établissements scolaires de la ville de Kobe, où le cas a été signalé, afin d'empêcher toute propagation de la maladie. Jusqu'à hier, la grippe porcine a fait pas moins de 73 victimes de par le monde, les toutes dernières ayant été signalées avant-hier aux Etats-Unis qui comptent désormais cinq décès. Un enseignant contaminé se trouvait toujours, avant-hier, dans un état critique à New York, devenu fin avril le deuxième foyer mondial de la pandémie. L'OMS sous tension L'OMS est, à la veille de la tenue de l'assemblée annuelle de ses 193 Etats membres qui s'ouvre demain à Genève, sous une terrible tension. Au vue de la propension prise par le virus, l'organe décisionnel suprême de l'autorité sanitaire mondiale se verrait, peut-être, dans l'obligation de décréter la planète en état de pandémie. Preuve de la dangerosité de la situation, cette AG sera substantiellement écourtée puisque ne s'étalant que sur cinq jours alors qu'elle devait prendre fin cinq jours plus tard. Ceci afin de permettre aux ministres et hauts responsables de la santé de s'absenter moins longtemps de leurs pays alors qu'ils doivent coordonner localement les efforts contre la grippe. Question que plus d'un se pose : cette auguste assemblée décidera-t-elle de la production ou non d'un vaccin contre le virus A(H1N1) ? Peu probable quand on sait que cela nécessiterait du temps. «Il n'est pas possible de dire à quelle date nous prendrons une décision, c'est vraiment un processus méticuleux et difficile», a d'ailleurs averti le numéro deux de l'organisation, le Dr Keiji Fukuda. On semble patienter jusqu'à ce que l'épidémie passe dans l'hémisphère sud où l'hiver est propice à sa propagation. Dans cette perspective que l'on n'écarte point, l'OMS a engagé une série de consultations des fabricants de vaccins et d'experts médicaux pour étudier l'éventuel lancement de la production massive d'un vaccin. A plus forte raison que l'on craint une mutation qui pourrait le rendre résistant aux antiviraux tels que le Tamiflu ou le Relenza, actuellement considérés comme efficaces.