L'appel du Forum des chefs d'entreprise (FCE) pour l'ouverture des différents secteurs économiques à l'investissement privé ne doit pas être perçu comme «un danger» mais doit être placé dans son contexte de «volonté de développement économique du pays». Cette position est une nouvelle fois défendue par le président du FCE, Ali Haddad, qui a plaidé, jeudi à Alger, pour «la révision de la stratégie de l'Etat sur le plan économique». En marge de la rencontre qui a réuni une délégation du forum avec l'ambassadeur du Portugal, Antonio Gamito, Haddad a estimé que c'est «l'Etat qui décidera à propos de l'ouverture ou pas de certains secteurs fermés jusque-là à l'investissement privé». Critiqué plusieurs fois par la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT) qui s'est exprimée jeudi sur le quotidien El Watan à propos de l'ouverture des secteurs stratégiques, Haddad a soutenu que le FCE a fait ses propositions et c'est à l'Etat de prendre des décisions. «S'il y a des secteurs qui doivent rester fermés, qu'ils nous le disent. Comme ça, on n'en parlera plus», a-t-il avancé, invitant ceux qui critiquent la démarche du FCE de cesser de parler pour «casser ou semer la zizanie». «Nous avons un pays stable, extraordinaire qui peut avancer très vite. Mettons-nous au travail», a-t-il insisté. Dans le respect de la réglementation, l'ouverture des secteurs ne signifie pas l'anarchie, selon Haddad, car elle doit se faire sur la base de cahiers de charges auxquels devront se conformer les opérateurs privés. «Que le meilleur gagne. Nous sommes légalistes. C'est le terrain qui en sera témoin», a-t-il dit. A l'adresse de la secrétaire générale du PT, Louisa Hanoune, qui l'a critiqué plusieurs fois, il s'est contenté de dire qu'elle est «une femme politique» et qu'il respecte les femmes. «Nous ne pourrons pas dire plus», s'est-t-il contenté de déclarer à la presse. Mais il estime que depuis son élection à la tête du forum, depuis deux mois seulement, il n'a pas cessé d'œuvrer pour trouver des solutions afin de relancer le secteur économique tandis que le PT est créé depuis 25 ans, faisant allusion à l'éventuel rôle joué par ce parti politique depuis sa création. «Je respecte les femmes», dit Haddad à Hanoune «Je n'ai pas 25 ans à la tête du forum et j'ai un mandat de quatre années uniquement», a-t-il précisé, laissant entendre que les critiques du PT à l'égard du forum et de sa personne sont «injustifiées». Il a même relevé des contradictions dans ses positions lorsqu'elle a indiqué, dans l'entretien qu'elle a accordé à El Watan que suite à la chute des cours du pétrole qu'«il faut se préparer à tout, donc chercher les sources de financement pour accélérer la relance économique, l'industrie, l'agriculture, la pêche, le tourisme et l'artisanat, etc». Le PT partage donc, selon Haddad, la même proposition du FCE qui milite pour le développement économique, la création de richesse et la création d'emplois. «Qu'ils nous laissent travailler», a-t-il répété. De son côté, l'ambassadeur du Portugal a indiqué que sa rencontre avec des responsables du forum a pour objectif de définir les opportunités d'affaires en Algérie et en Afrique. Il a été question aussi des domaines d'activités qui suscitent l'intérêt des entreprises portugaises dans le cadre du partenariat avec le privé, comme les technologies de l'information et de la communication, l'agriculture, l'agroalimentaire, les BTPH. L'ambition de l'Algérie d'aller investir dans des pays africains est partagée par les entreprises portugaises, notera Gamito, annonçant l'organisation dans les prochains mois d'une rencontre entre les opérateurs des deux pays au Portugal. Des négociations sont également engagées avec l'Algérie pour accorder des facilitations pour l'obtention du visa pour les opérateurs économiques. L'ambassadeur a proposé aussi au FCE d'accompagner les entreprises qui veulent investir dans des pays africains, sachant que l'Algérie prépare l'organisation d'un forum algéro-africain dans les prochains mois. Prônant un partenariat gagnant-gagnant, le FCE a proposé la création d'une commission avec l'ambassade du Portugal pour accompagner et faciliter l'installation des entreprises portugaises en Algérie. Les entreprises algériennes seront accompagnées, pour leur part, par l'ambassade pour exporter au Portugal. Le forum a proposé aussi d'accueillir à l'avenir, les rencontres d'affaires entre les des entreprises portugaises et leurs homologues algériennes.