Dotée d'une position géostratégique exceptionnelle, la ville nouvelle de Sidi Abdallah se trouve à la croisée des importants pôles de l'Algérois, et à proximité des infrastructures économiques nationales de base. Avec un périmètre global de 7000 hectares dont 3000 sont destinés à l'urbanisation et 4000 en périmètre de protection, alors que 2600 autres hectares sont déclarés comme superficie d'utilité publique, elle s'étend sur cinq communes, à savoir Zéralda, Rahmania, Douéra, Souidania et Mahelma. Cette dernière étant la plus sollicitée en matière de foncier, soit 52% du total de la superficie. A l'horizon 2018, la population de la ville dépassera 200 000 habitants et constituera le plus grand centre de gravité des Algérois. Plongée dans les coulisses de ce mégaprojet. A l'initiative de l'APW d'Alger, des représentants de plusieurs organes de presse ont eu le plaisir, pour certains de découvrir et pour d'autres d'apprécier l'avancement des travaux de plusieurs chantiers lancés dans la ville nouvelle de Sidi Abdallah. La visite guidée conjointement encadrée par le DG de la ville au ministère de l'Habitat, Amar Bensaâd, et le DG de la ville nouvelle de Sidi Abdallah, Mohamed Zouaïdia, commence par l'avenue centrale d'une largeur de plus de 35 mètres présentant les grands signes de ce que va être cette artère avec son réseau de transport public, ses centres commerciaux, ses boutiques, ses salles de spectacles, ses immeubles de services, ses longues promenades où rêveurs et romantiques trouveront matière à leurs sens. La ville, expliquent les deux responsables, comporte quatre quartiers intégrés avec chacun son centre et sa particularité. La liaison fonctionnelle facilitant la connexion interquartiers est assurée par une centralité linéaire aux abords du réseau viaire principal de la ville. La localisation des quartiers résidentiels, nous dit-on, est définie de manière à offrir un environnement urbain sécurisé, notamment à l'égard de la topographie et des aléas climatiques. La trame viaire est conçue à partir des voiries préexistantes qui ont été redéfinies pour jouer un rôle approprié aux nouvelles fonctions de la ville. Elle permet d'assurer des conditions satisfaisantes de trafic et de fluidité. Il faut dire que la ville est bien servie en matière d'infrastructures de transport : la rocade Sud qui relie Boudouaou à Zéralda et la liaison ferroviaire Zéralda-Sidi Abdallah-Birtouta en cours de réalisation. Deux périphériques entourent la ville, permettant ainsi la liaison entre la rocade 1 (Zéralda-Dar El Beïda) et la rocade 2 (Zéralda-Boudouaou). S'agissant de la requalification des tissus existants, il y a lieu de savoir que la stratégie mise en place est basée sur le rattrapage (mise à niveau) du bien collectif visant un double objectif : conforter l'autonomie des villages dans la période de transition et renforcer leur capacité à jouer un rôle positif dans la ville future. Un budget de 46 200 milliards ! Jusqu'à présent le montant global alloué pour la mise en œuvre du projet de la ville nouvelle de Sidi Abdallah a été de 9600 milliards de centimes pour un taux de consommation de 24%. Ce budget couvre les frais du foncier, des études et des travaux. Les besoins prévisionnels pour le compte du quinquennal 2015/2019, il est demandé, pour les mêmes segments cités, pas moins de 46 200 milliards de centimes. 107 projets d'investissements sont localisés sur une superficie de près de 480 hectares, dont 46 projets publics et 55 privés. Ces investissements touchent les secteurs de l'industrie et la recherche, les équipements sanitaires, les commerces, l'administration, la sécurité, les équipements culturels, les loisirs, l'université et autres. En matière d'offres d'emploi, plus de 53 000 emplois sont prévus tous secteurs confondus. A titre indicatif, on citera le secteur pharmaceutique dont quatre projets sont opérationnels a permis de créer 1300 emplois alors que six autres projets sont en cours de réalisation dans les domaines médical et pharmaceutique. L'industrie pharmaceutique, un investissement ambitieux Lors de notre visite, nous avons pu constater la grande dimension dans l'investissement dédié à l'industrie pharmaceutique. Trois opérateurs sont en pleine production. Hikma Pharmaceutical, une multinationale fondée en Jordanie en 1978 est en activité en Algérie depuis 1993, mais ce n'est qu'à partir de 2006 qu'elle a entamé la production de préparations pharmaceutiques au niveau de la zone industrielle de Staoueli avant d'augmenter sa production en 2010 avec le rachat de la totalité des actions de Dar Al Arabia pour la production de médicaments. Aujourd'hui, cette firme commercialise plus de 60 médicaments touchant plusieurs spécialités dont l'oncologie. Hikma Pharmaceutical a investi plus de 70 millions de dollars et compte investir 20 millions dans les trois années à venir. El Kindi est une entreprise pharmaceutique algérienne avec IDE (investissement direct étranger). Cinquième laboratoire pharmaceutique sur le marché national, elle est la première entreprise locale. D'un montant global de 60 millions de dollars pour sa première phase, elle atteindra 150 millions de dollars avec les nouveaux projets en cours. L'usine de Sidi Abdallah produit 66 millions d'unités par an touchant plusieurs spécialités dont les maladies chroniques (HTA, maladies cardiovasculaires, système nerveux central, diabète, appareil urinaire, appareil respiratoire et le cancer). L'entreprise a commencé, comme l'a expliqué son représentant, les travaux de réalisation d'une usine jumelle à celle qui existe sur le même site pour porter ses capacités de production à 120 millions d'unités vente par an, ce qui représente, selon notre interlocuteur, 20% du marché pharmaceutique local, ainsi qu'une autre usine de fabrication de formes injectables et les biosimilaires qui seront opérationnelles à partir de 2016. Le troisième opérateur n'est autre que le géant Sanofi dont l'usine de Sidi Abdallah est la plus importante filiale en Afrique (présent dans 51 pays du continent) et le plus important complexe de production de médicaments en Afrique et au Moyen-Orient. Il s'agit d'un investissement de 70 millions d'euros pour une capacité de production et de distribution de 100 millions d'unités par an. A terme, affirme le représentant de cette firme, 80% des volumes distribués par Sanofi Algérie seront produits localement. Le démarrage de cette usine est prévu pour 2016. A noter aussi que le grand Cyber Parc qui comporte un incubateur destiné à des projets et de start-up, des locaux réservés aux développeurs des TIC et un centre d'études et de recherches des TIC, un centre africain des TIC entrant dans le cadre de la coopération algéro-coréenne. Habitat, viabilisation externe et parcs de loisirs : un programme colossal Deux formules de logements intéressent la ville nouvelle de Sidi Abdallah : la location-vente (AADL) et le logement public promotionnel (LPP) dont le promoteur est l'ENPI. Le programme total confié à l'AADL dépasse les 18 000 logements dont plus de 16 000 unités sont en chantier. Le LPP compte plus de 3000 unités lancées en 2013/2014. Les programmes visités sont actuellement à 40% d'avancement des travaux. Parallèlement à la construction des logements, le ministère de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville a lancé un appel pour la présélection d'investisseurs dans le domaine de l'aménagement, la réalisation et l'exploitation de parcs de loisirs qui seront pourvus des commodités et d'équipements en adéquation avec les règles urbanistiques, architecturales et environnementales. Au chapitre viabilisation externe et en plus de la réalisation du périphérique Nord Zéralda (2e rocade sur 10 km), le programme comporte le volet alimentation en eau potable à partir de 3 sources que sont la station de dessalement de Douaouda d'une capacité de 120 000 m3/j, le complexe Sahel à partir du champ de captage de Mazafran d'une capacité de 65 000 m3 et l'interconnexion des barrages de Boukourdane et Bouroumi. L'assainissement des eaux usées est assuré par deux stations, la Step Nord avec une capacité de 200 000 Eq/hab (équivalent habitants) pour un débit moyen de 30 000 m3/j, la Step Sud d'une capacité de 150 000Eq/hab pour un débit moyen de 25 000 m3/j. En matière de télécommunication, la nouvelle ville est dotée du projet U-City avec 11 km de fibre optique (Zéralda-Sidi Bennour). Au niveau interne, le programme de viabilisation comprend 42 km de voiries primaires et 108 secondaires, 150 km d'AEP, 300 km de conduites d'assainissement, 500 km de conduites de gaz et 18 km de galeries techniques et 600 km de câbles électriques. L'enveloppe allouée pour la viabilisation interne est d'environ 44 milliards de dinars. Il va sans dire que la concrétisation du chapitre voirie a rencontré beaucoup de contraintes majeures notamment lors du lancement des chantiers de pose des différents réseaux et conduites. Mais pas seulement. D'autres contraintes continuent d'empoisonner l'existence du projet dont particulièrement celle liée au foncier qui oppose les services de l'Etat à des propriétaires refusant de vendre la totalité de leurs biens. Les négociations, nous dit-on, sont en bonne voie, mais risquent pour le moment de retarder une bonne partie des projets. Pour terminer sur une note optimiste, il faut reconnaître qu'une fois achevée, la ville nouvelle de Sidi Abdallah sera un pôle attractif pour les Algérois désireux de rompre avec la morosité du centre de la capitale.