L'une des anciennes gloires du CR Belouizdad, Djilali Selmi, revient avec émotion sur les deux finales de «légende» remportées contre l'USM Alger en 1969 et 1970, mais dévoile également l'histoire du «V» qui orne les maillots que toutes les équipes du CRB ont porté. Jusqu'à aujourd'hui. «C'étaient deux finales âprement disputées entre les deux meilleurs équipes de l'époque. Le CRB et l'USMA, qui renfermaient les meilleurs joueurs du championnat d'alors, ont animé deux finales de rang et donné au public un vrai spectacle», a dit à l'APS, Djilali Selmi. L'ancien international figurait au sein d'une équipe du Chabab constellée de «stars», à l'image de Lalmas, Achour, Abrouk et autres Khalem. Le CR Belouizdad a réussi en 1969 à remporter sa 2e coupe d'Algérie, après celle obtenue en 1966 face au RC Kouba (3-1). «En 1966, je ne figurais pas dans l'effectif. Trois années plus tard, j'ai goûté à la joie que peut procurer la coupe d'Algérie, c'était face à l'USMA qui nous a tenus en échec (1-1). Le match a été rejoué, et nous les avons battus sur le score de 5-3 après prolongations, dans une finale qui, à mon avis, est la meilleure de tous les temps», se souvient Selmi avec grande émotion. Lors du match rejoué le 12 juin 1969 au stade du 20 Août, la vieille enceinte de Ruisseau était pleine à craquer. Selmi était ébahi par la grande foule qui s'est déplacée pour l'occasion. Il se rappelle : «Les gradins étaient tellement archicomble que le public a suivi le match à partir de la piste de cyclisme (vélodrome). C'était un monde fou, qui est reparti tout heureux après le spectacle donné par les deux équipes.» A l'approche de la finale, les joueurs du CRB, entraînés à l'époque par feu Ahmed Arab, se préparaient dans une «ambiance fraternelle», où chaque joueur savait ce qui l'attendait sur le terrain. «Nous n'étions pas dans les mêmes conditions qu'aujourd'hui, les moyens étaient différents. Les séances d'entraînement se déroulaient dans une ambiance bon enfant, et nous n'avions qu'une seule idée, celle de décrocher la coupe et d'étoffer le palmarès du club. Ce qui faisait notre force, c'était la solidarité qui régnait entre les joueurs, sur et en dehors des terrains», a t-il ajouté. Le CRB qui s'est adjugé le trophée en 1966 a été énormément motivé, selon Selmi, à conserver son titre aux dépens d'une équipe de l'USMA qui n'avait pas «démérité». Une année plus tard, le CRB était drivé par Lalmas, qui assurait aussi son rôle sur le terrain. L'équipe phare de Laâqiba remet son trophée en jeu devant la même équipe de l'USMA. «On a réussi à confirmer notre suprématie lors du match rejoué chez eux à Bologhine. Nous les avons écrasés sur le score de 4 à 1, c'était notre 3e coupe en 4 ans, et c'était fabuleux», a poursuivi Selmi. Lors du premier match disputé au stade du 20 Août 1955, les deux équipes se sont neutralisées (1-1). Une semaine plus tard, la rencontre a été rejouée au stade de Bologhine avec à la clé un cinglant 4 à 1 pour les Belcourtois. Lors de la même année, le CRB était au sommet de ses performances, avec un triplé historique (coupe, championnat, coupe maghrébine). Pour Selmi, c'était le fruit du travail accompli par le staff technique et les joueurs. «Le CRB de l'époque écrasait tout sur son passage, on formait une véritable dream team. L'assiduité dans le travail et la volonté des joueurs nous ont permis de donner au club trois titres en une seule saison.» L'histoire d'un grand V Depuis la création du CRB, en 1962, suite à la fusion entre deux clubs du quartier, à savoir le Widad Riadhi Belcourt (WRB) et le Club Athlétique Belcourt (CAB), les joueurs évoluaient avec des maillots portant la lettre V. Sur le secret de cette lettre, Selmi explique : «C'est le symbole de tout un club et de son histoire. Le "V" qui s'affiche même de nos jours rime avec Victoire. Le CRB a été créé pour vaincre, c'était le choix des membres fondateurs, une manière d'immortaliser ce club et lui donner son propre leitmotiv.» «Le V symbolise aussi le triomphe de la révolution algérienne, menée par de valeureux combattants, à l'image du fils de Belcourt, Mohamed Belouizdad, c'est pour vous montrer toute la signification de ce signe», a-t-il ajouté. Sur le terrain, Djilali Selmi était un véritable métronome du grand Chabab. Il était le chef d'orchestre des manœuvres de son équipe. «Mon rôle consistait à construire le jeu avec mon coéquipier Ahcène (Lalmas). J'ai marqué plusieurs buts, mais je ne me souviens pas du nombre, une chose est sûre Lalmas en a marqué autant que moi.» En ce qui concerne la finale de demain, Selmi s'attend à des débats très disputés. «A l'instar des autres éditions, cette finale s'annonce indécise et ouverte à tous les pronostics. ça va se jouer au mental, l'équipe la plus préparée sur le côté psychologique aura le dernier mot. J'espère que cette rencontre se déroulera dans la sportivité la plus totale.» Selmi, surnommé le Roi du dribble, a débuté sa carrière au sein de l'OM Ruisseau, avec comme entraîneur Smaïl Khabatou. Quelques années plus tard, il a été recruté par le CRB, avec qui il réalisa un parcours plus qu'honorable. Il a porté le maillot national à 22 reprises (1 but). Selmi a disputé son premier match international contre le club polonais de Legia Varsovie à Oran, à l'âge de 21 ans. Sa dernière apparition avec les Verts était face à la Tunisie, le 1er juin 1975.