La France est sous le choc. Un sanglant attentat a visé hier matin le siège du journal satirique Charlie Hebdo, situé dans le 11e arrondissement, en plein cœur de la capitale française. Telles que rapportées par plusieurs médias français, les circonstances de cette attaque font état d'au moins deux hommes qui ont fait usage de leurs armes automatiques (kalachnikov et lance-roquettes) à l'intérieur dudit journal où ils ont ouvert le feu sans distinction. Bilan : 12 morts et huit blessés graves, indiquent les mêmes sources. N'était la fuite des employés de Charlie Hebdo qui ont rejoint majoritairement le toit de l'immeuble abritant le journal, le bilan de cet assaut jusque-là inimaginable dans la capitale parisienne aurait été sans doute plus lourd. Après avoir accompli leur forfait, les trois assaillants ont pris la fuite dans une voiture de marque Citroën «en prenant un otage», tiendra à préciser le quotidien Le Parisien. Une chasse à l'homme a été engagée dans les rues de la capitale française dans le but d'arrêter les terroristes, mais ces derniers ne mettront pas beaucoup de temps pour disparaître dans la nature en abandonnant le C1 au niveau de la rue de Meaux. Le véhicule très vite intercepté par les services de sécurité a fait l'objet d'une fouille minutieuse par les éléments de la police scientifique en quête des moindres indices pouvant permettre une identification des auteurs de cet attentat qui a plongé les Français dans l'émoi. Selon Le Parisien, «les terroristes auraient appelé les victimes par leurs surnoms avant de les exécuter. L'attaque s'est produite au moment de la conférence de rédaction hebdomadaire du journal satirique. Tous les principaux journalistes étaient présents. Parmi les douze victimes tuées et confirmées dans l'après-midi d'hier par le ministre de l'Intérieur français Bernard Cazeneuve, figurent entre autres les journalistes les plus emblématiques de Charlie Hebdo notamment Cabu, Charb, Tignous et Wolinski. Deux policiers ont été assassinés lors cet assaut. François Hollande : «Un acte d'une extrême barbarie» François Hollande ne mettra pas beaucoup de temps pour se rendre sur les lieux de l'attaque terroriste qualifiée de «véritable boucherie» par plusieurs médias de l'Hexagone. Pour le président français, l'attentat qui a visé Charlie Hebdo est «un acte d'une extrême barbarie», a-t-il indiqué sur place. «Une attaque vient d'être commise contre un journal - c'est-à-dire l'expression de la liberté - contre des journalistes qui avaient toujours voulu montrer qu'ils pouvaient agir en France pour défendre leurs idées. Il y avait des policiers pour les protéger. Ils ont été lâchement assassinés. Les auteurs de ces actes seront pourchassés aussi longtemps que nécessaire pour qu'ils puissent être arrêtés, traduits devant les juges et condamnés», a martelé Hollande, car «personne ne peut agir en France contre l'esprit de la République», a-t-il ajouté, cité par le quotidien Le Monde. François Hollande a révélé que le Plan Vigipirate avait été relevé au niveau «alerte attentat». «Nous sommes dans un moment difficile, plusieurs attentats avaient été déjoués, nous savions que nous étions menacés car nous sommes un pays de liberté», a-t-il déclaré. Le président français a par la suite regagné l'Elysée où il présidé une réunion de crise en présence de plusieurs ministres et responsables de la sécurité. François Hollande devait en outre intervenir hier soir à 20 h à la Télévision. Les terroristes se revendiquaient d'Al-Qaida L'attaque ayant ciblé Charlie Hebdo est la plus meurtrière depuis une quarantaine d'années, s'accordent à dire les médias français. La dessinatrice Coco, qui travaille pour Charlie Hebdo, a été témoin de l'attaque. «J'étais allée chercher ma fille à la garderie ; en arrivant devant la porte de l'immeuble du journal, deux hommes cagoulés et armés nous ont brutalement menacées. Ils voulaient rentrer, monter. J'ai tapé le code. Ils ont tiré sur Wolinski, Cabu (des dessinateurs décédés dans l'attaque, ndlr). Ça a duré cinq minutes... Je m'étais réfugiée sous un bureau... Ils parlaient parfaitement le français... se revendiquaient d'Al-Qaida», a-t-elle expliqué, citée par «L'Humanité». Les terroristes, une fois leur forfait accompli, ont aussi crié «Allah Akbar» avant de prendre la fuite à toute allure à bord de leur véhicule. D'autres sources rapportent par ailleurs que les terroristes auraient aussi prononcé la phrase : «Nous avons vengé le Prophète», faisant ainsi allusion aux caricatures du Prophète Mohammed (QSSSL) publiées à deux reprises par Charlie Hebdo. Une première fois en 2011 lorsque la publication de ces caricatures a suscité la désapprobation de la communauté musulmane partout dans le monde. Le site du journal a été, quant à lui, piraté et remplacé par une image de La Mecque. Le siège de Charlie Hebdo avait été également incendié. Le 19 septembre 2012, une vive polémique naît à la suite de la publication de nouvelles caricatures du prophète Mohammed avec de nombreuses condamnations tant de la part de certains dirigeants politiques que d'instances religieuses. Une plainte a été déposée au parquet de Paris contre Charlie Hebdo pour «provocation à la haine» par l'Association syrienne pour la liberté. Une autre plainte pour «diffamation et injure publique» a été déposée par l'Association des musulmans de Meaux et de sa région.