Le journal satirique Charlie Hebdo a sombré, hier, dans l'« horreur absolue », comme le souligne fort opportunément Claude Bartolone, président socialiste de l'Assemblée nationale française. Une attaque contre le journal à la kalachnikov et au lance roquette, menée « vers 11h30 par trois criminels », a fait 12 morts, dont 2 policiers. Des caricaturistes de renom, Charb, Cabu, Wolinski et Tignous, y ont péri. Cet attentat, le plus meurtrier en France depuis 40 ans, a profondément ébranlé la France en état « d'alerte attentat » maximum, selon les services du Premier ministre, Manuel Valls. Dans l'après-midi, une réunion de crise a été convoquée à la Présidence pour préserver le socle de « l'unité nationale », menacée par « cet acte d'une exceptionnelle barbarie » dénoncée, sur les lieux du crime, par le président François Hollande. C'est aussi « dans les termes les plus forts » que la Maison-Blanche a condamné l'attaque, jugée « révoltante » par le Premier ministre britannique, David Cameron, et « intolérable » par le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker. Rivée dans un silence assourdissant et pour la plupart érigée en « londonistan » à l'échelle européenne, légitimé par les principes sacro-saints de la liberté d'expression et du droit d'asile, la communauté internationale découvre à son corps défendant l'étendue de la barbarie et les vertus du front uni. De façon tragique, les apôtres du « qui tue qui ? » s'éveillent au cauchemar terroriste identifié, sans autre forme de procès, dans l'islamisme. Tous les « indices » viennent à le prouver : des témoins, cités par la police, affirmant entendre le mot d'ordre « Nous avons vengé le Prophète » ou « Allah Akbar » proféré, entre plusieurs coups de feu, par un agresseur, monté par une vidéo mise en ligne par le site de la télévision publique France Télévision. Le coupable est tout désigné. Les chefs d'accusation remontent aux graves précédents vécus par une publication vouée aux gémonies depuis l'affaire des 12 caricatures du Prophète Mohammed (QSSSL), en 2006, et mise sous surveillance policière. Mais, il restera toujours le mystère d'une attaque qui profite assurément tout aussi bien à tous les Pegida de l'anti-islamisation en vigueur en Europe et popularisés en France, par le duo d'enfer revendiquant, soit la déportation des musulmans (Eric Zemmour), soit « la soumission » (Michel Houellebecq) faisant la une de Charlie Hebdo, déficitaire et menacé de faillite, en ce mercredi sanglant.