Cabu -- Tignous -- Charb -- Wolinski Cet attentat sans précédent, le plus meurtrier en France depuis plus de 50 ans, a rapidement fait penser à une vengeance des islamistes radicaux qui avaient promis de punir le journal pour avoir publié en 2006 des Caricatures de Mahomet. La France a entamé sa première journée des soldes et le jour de la sortie du livre controversé sur l'Islam Soumission de Michel Houel-lebecq, par un spectaculaire attentat terroriste en plein coeur de la capitale française. Des hommes armés ont fait au moins 12 morts et 11 blessés en attaquant hier à Paris aux cris d'«Allah Akbar» l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, un carnage d'une exceptionnelle barbarie», selon le président François Hollande et qui a suscité l'indignation à travers le monde. Cet attentat sans précédent, le plus meurtrier en France depuis des décennies, a rapidement fait penser à une vengeance des islamistes radicaux qui avaient promis de punir le journal pour avoir publié en 2006 des Caricatures de Mahomet. La rédaction de Charlie Hebdo, surprise par les tueurs en pleine conférence de rédaction, a été décimée. Quatre de ses caricaturistes vedettes, Charb, Cabu, Tignous et Wolinski, très connus en France, sont morts. Deux policiers figurent parmi les victimes et au moins un d'entre eux a été exécuté à bout portant. Le président Hollande, venu rapidement sur les lieux pour dénoncer un «attentat terroriste», a appelé à «l'unité nationale». Le sort et l'identité des auteurs de la fusillade, qui ont réussi à prendre la fuite, n'étaient pas connus hier après-midi. «Trois criminels» sont impliqués, a indiqué le ministre français de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve. Selon un rescapé cité de source policière, les agresseurs ont fait irruption en fin de matinée dans la salle de conférences de rédaction de l'hebdomadaire en criant: «Nous avons vengé le prophète!» et «Allah Akbar». Une vidéo filmée juste après l'attaque, à quelques dizaines de mètres des locaux de Charlie Hebdo dans l'est parisien, montre deux hommes armés de fusils automatiques sortant d'un véhicule, exécutant d'une balle dans la tête un policier à bout portant, puis prenant la fuite en criant de nouveau: «On a vengé le prophète Mohammed». «Ils étaient cagoulés, avec des armes Kalachnikov ou M16», a décrit un voisin, qui a d'abord pensé que les assaillants étaient «des forces spéciales à la poursuite de trafiquants de drogue». «On se croyait sur le tournage d'un film», a-t-il dit. Une réunion gouvernementale de crise, autour de M.Hollande, s'est tenue en début d'après-midi à l'Elysée et le chef de l'Etat devait s'adresser à la nation à 19h00 GMT. Le Premier ministre Manuel Valls a relevé le plan antiterroriste Vigipirate au niveau «alerte attentats», le plus élevé possible, pour l'ensemble de la région parisienne. Les organes de presse, les grands magasins, très fréquentés ce mercredi à l'occasion de l'ouverture des soldes d'hiver, les lieux de culte, les écoles et les transports ont été placés sous «protection renforcée». La condamnation a été unanime en France. «Notre démocratie est attaquée, nous devons la défendre sans faiblesse», a réagi l'ancien président Nicolas Sarkozy, revenu fin 2014 à la tête de l'opposition de droite, en appelant à une «fermeté absolue» face à un «acte abject». La chef de file du Front national (extrême droite), Marine Le Pen, a dénoncé «un attentat terroriste commis par des fondamentalistes islamistes». Sans que l'on sache s'il y a un lien avec l'agression, Charlie Hebdo a fait la Une de son dernier numéro paru ce mercredi sur la sortie de Soumission, nouveau roman controversé de l'écrivain Michel Houellebecq, l'un des auteurs français les plus connus à l'étranger. Ouvrage de politique-fiction, le livre brosse le portrait d'une France islamisée en 2022, après l'élection d'un président de la République musulman.