Le bilan de cet acte terroriste est terrible : 12 morts et 11 blessés, dont 4 dans un état critique. Parmi les victimes figurent les dessinateurs-caricaturistes attitrés et emblématiques du journal, Wolinski, Cabu, Charbe (également directeur de la publication) et Tignous. C'est l'équipe de Charlie Hebdo, libertaire et anarchiste qui s'exprimait dans sa conception de la liberté d'expression, qui est décapitée. Deux policiers figurent parmi les tués. Un économiste, chroniqueur radio, médiatisé par ses nombreux passages à la télévision, Bernard Maris, a également été assassiné. Les terroristes, qui semblaient être bien informés du fonctionnement du journal et avoir une bonne connaissance des lieux, étaient deux ou trois cagoulés et lourdement armés en kalachnikovs et lance-roquettes. Ils ont exécuté leur macabre opération avec une détermination et un sang-froid de professionnels. Des vidéos tournées de l'immeuble face aux locaux de Charlie Hebdo on entend des bruits de balles et deux assassins fuyant les lieux. L'un d'eux crie : «On a vengé le prophète Mohamed. On a tué Charlie Hebdo». Il faisait référence à une caricature du prophète publiée par le journal il y a quelques années. Depuis Charlie Hebdo avait reçu plusieurs menaces de mort et son siège était sous surveillance policière, d'où la mort de deux policiers. Les assaillants ont fui dans une voiture, retrouvée à la Porte de Pantin où ils ont pris un autre véhicule. L'attentat n'avait pas encore été revendiqué en fin de journée. Mais Coco, dessinatrice de Charlie Hebdo présente sur les lieux, a déclaré à L'Humanité.fr : «Ils parlaient parfaitement français...Se revendiquaient d'Al-Qaïda.» Rapidement arrivé sur les lieux de l'attentat, le président de la République, François Hollande, qui devait s'adresser aux Français à 20h, a dénoncé «une exceptionnelle barbarie visant un journal c'est-à-dire l'expression de la liberté». «La France est aujourd'hui devant un choc, devant un attentat terroriste, ça ne fait pas de doute», a-t-il ajouté avant de présider à 14 heures au Palais de l'Elysée un conseil de crise. A l'issue de celui-ci, le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a confirmé le «terrible» bilan de l'attentat terroriste en indiquant que le Premier ministre, Manuel Valls, a décidé «de rehausser le plan Vigipirate au niveau de ‘'Alerte attentats''» à Paris et sa région. Les préfets du pays ont reçu des télégrammes pour renforcer les moyens de police, de gendarmerie et militaires afin de protéger les lieux et édifices publics contre toute menace terroriste. Après cet attentat meurtrier, d'un bilan que la France n'a pas connu depuis celui commis par l'OAS en 1961 (28 morts dans un train), l'émotion est vive, le choc est immense à travers le pays. La classe politique est unanime, toutes tendances politiques confondues, pour condamner l'ignoble crime, qualifié de tragédie nationale, et appelle à l'unité nationale face au défi du terrorisme. Dans un communiqué signé par son président, Dalil Boubekeur, le Conseil français du culte musulman (Cfcm) «condamne avec la plus grande détermination l'attaque terroriste d'une exceptionnelle violence commise contre le journal Charlie Hebdo» et indique que «cet acte barbare d'une extrême gravité est aussi une attaque contre la démocratie et la liberté de presse». Le Cfcm appelle «tous ceux qui sont attachés aux valeurs de la République et de la démocratie à éviter les provocations qui ne servent qu'à jeter de l'huile sur le feu». «Face à ce drame d'ampleur nationale, nous appelons la communauté musulmane à faire preuve de la plus grande vigilance face aux éventuelles manipulations émanant de groupes aux visées extrémistes quels qu'ils soient», a conclu le président du Cfcm. M. M.