La compagnie nationale d'hydrocarbures, Sonatrach, prévoit l'intensification des investissements pour renforcer ses capacités de production de gaz de schiste pour atteindre 30 milliards de m3 à l'horizon 2025-2027, a annoncé hier à Alger le PDG du groupe Sonatrach, Saïd Sahnoun. Ce responsable ajoutera à ce propos que l'exploitation commerciale du gaz de schiste algérien est prévue pour l'année 2022 avec une production avoisinant les 20 milliards de m3. «Nous comptons entamer la phase-pilote de l'exploitation des ressources non conventionnelles en 2019 avec la perspective de mettre ce potentiel en production à partir de 2022», a-t-il déclaré dans son exposé sur «les perspectives de développement de la Sonatrach à moyen terme», lors de son intervention à la 9e édition du sommet nord-africain du pétrole et du gaz qui se tient depuis hier et jusqu'au 9 décembre à Alger. Le premier responsable de Sonatrach a toutefois précisé que pour l'exploration du gaz non conventionnel, l'Algérie ne compte pas, à présent, consacrer d'importants fonds. «Les investissements de l'Algérie dans l'exploration du gaz de schiste ne seront pas colossaux car nous sommes au stade pilote», a-t-il assuré en ajoutant que les premiers contrats de projets d'exploration de gaz de schiste devront être signés au premier trimestre 2015 avec des partenaires qui maîtrisent cette technologie. M. Sahnoun a parlé également des efforts consacrés ces dernières années pour évaluer le potentiel en hydrocarbures non conventionnels, à travers particulièrement la coopération avec des compagnies internationales spécialisées dans ce domaine. «Sonatrach va procéder, en termes d'expérimentation, au forage de 10 puits d'exploration de gaz de schiste en partenariat avec des entreprises étrangères pour un montant global de 400 millions de dollars et avec des perspectives de production dès 2019, mais toujours dans le cadre d'une opération d'expérimentation», a indiqué M. Sahnoun. Les ressources techniquement récupérables en matière de gaz de schiste sont estimées à près de 700 Tcf (1Tcf=1trillion de pieds cubes), a-t-il précisé. Le PDG de Sonatrach n'omettra pas, en revanche, d'évoquer le débat suscité sur la question de l'impact de l'exploitation des ressources non conventionnelles sur l'environnement, soulignant que les efforts de l'Algérie pour développer son potentiel des hydrocarbures non conventionnels visent la sécurisation de l'approvisionnement du marché national et la satisfaction de ses engagements en tant que fournisseur fiable du marché européen. L'exploitation du gaz de schiste a été approuvée par le Conseil des ministres lors de sa réunion de mai dernier. Ce dossier a été présenté conformément à la nouvelle loi sur les hydrocarbures de 2013 qui conditionne l'exploration et l'exploitation des schisteux à l'approbation du Conseil des ministres lequel a, ainsi, donné son aval pour le lancement des procédures requises en direction des partenaires étrangers. Les premières indications disponibles laissent entrevoir des capacités nationales appréciables en gaz et huile de schiste ainsi que des perspectives prometteuses en termes de quantités récupérables, avait précisé le Conseil des ministres. 90 milliards de dollars d'investissement Pour confirmer le potentiel commercial de ces ressources, l'Algérie a besoin de mener un programme de forage de 11 puits, étalés sur une période allant de 7 à 13 ans. L'Algérie est classée au 3e rang mondial, juste après la Chine et l'Argentine, en termes de réserves de gaz de schiste récupérables, selon un rapport mondial du département américain de l'Energie (DoE) sur les réserves des hydrocarbures non conventionnels. Le DoE a évalué ces réserves à 19 800 milliards de m3, situées essentiellement dans les bassins de Mouydir, Ahnet, Berkine-Ghadames, Timimoun, Reggane et Tindouf. En marge de la conférence, le PDG de Sonatrach a annoncé que le groupe Sonatrach s'attend à des recettes de 60 milliards de dollars à la fin de l'exercice 2014. Malgré le recul des cours de pétrole sur le marché mondial, elle ne renoncera pas à son plan de développement quinquennal 2015-2019 et compte le maintenir. «Nous avons décidé de maintenir notre plan d'investissement inchangé en dépit de la baisse des prix de pétrole» qui ont atteint leur plus bas niveau depuis cinq ans, a déclaré M. Sahnoun à la presse. «Malgré une baisse des cours de pétrole à 70 dollars le baril, nous avons décidé de ne pas changer notre plan de développement pour lequel nous avons prévu un montant de 90 milliards de dollars», a-t-il soutenu. Selon le même responsable, il a été décidé de déployer un effort particulier pour l'élargissement de la base de réserves et à augmenter la capacité de production du groupe Sonatrach. «Sur ce montant global, Sonatrach compte investir 22 milliards de dollars dans le secteur du gaz duquel 6% seront destinés pour l'investissement off-shore», a-t-il détaillé. Le plan d'investissement prévoit principalement le développement des gisements de pétrole et de gaz, le renforcement des capacités de transport des hydrocarbures, de l'activité pétrochimique et du raffinage ainsi que la valorisation des ressources humaines nécessaires. Sonatrach avait annoncé, en juillet dernier, qu'elle s'attendait à un redressement de sa production primaire des hydrocarbures à la fin de ce programme quinquennal, après un repli amorcé en 2010. Pour la partie relative à l'amont pétrolier gazier, elle va investir 42 milliards de dollars pour augmenter sa production à 225 millions de Tep (Tonnes équivalent pétrole). La part du gaz naturel représente un montant de plus de 22 milliards de dollars sur cette période quinquennale. Pour les cinq prochaines années, Sonatrach prévoit l'entrée en production des champs Tinhert à Illizi (24 millions de m3/jour), Hassi Bahamou et Hassi Mena (21 millions de m3/jour), Touat à Adrar (12 millions de m3/jour), Reggane (12 millions de m3/jour) et le projet Timimoun (5 millions de m3/jour).