En dépit des efforts consentis pour la modernisation du rail et de son parc matériel, la Société nationale des transports ferroviaires (SNTF) demeure «budgétivore». Son organisation, aujourd'hui «dépassée», doit impérativement changer. Pour sa «remise sur les rails», le ministère des Transports préconise sa transformation en SPA à partir de 2019. Etablissement public à caractère industriel et commercial (Epic), la SNTF doit désormais revoir son organisation et ne doit plus compter sur le Trésor public pour ce faire, a insisté le ministre des Transports, Boudjemaâ Talai. «A partir de 2019, la SNTF ne doit plus compter sur les subventions de l'Etat et doit devenir une société économiquement viable, rentable et créatrice de croissance. Elle doit donc renoncer à son statut d'Epic (Etablissement public à caractère industriel et commercial) pour devenir un groupe sous forme de spa», a-t-il insisté lors d'une réunion de travail et d'évaluation avec les cadres de cette entreprise. Il fera remarquer qu'en dépit des programmes d'investissements «massifs» engagés par l'Etat, la SNTF et son organisation sont «dépassées», d'où l'urgence pour cette entreprise de passer à une vitesse supérieure en termes de gestion notamment. Le ministre a tout de même tenu à assurer que l'ouverture du capital de la SNTF à ses cadres et travailleurs n'est pas une «privatisation». Il a exclu cette éventualité soulevée par des syndicalistes en affirmant que cette société est une société publique et restera propriété de l'Etat. Il appartient par contre à ses cadres, insiste Boudjema Talai, de trouver «les voies et moyens» nécessaires pour la relance de la future SPA qui doit assurer avec «efficacité» le transport des voyageurs et des marchandises, souvent d'ailleurs perturbé par des mouvements de grèves à répétition. Non seulement les futurs actionnaires doivent mettre la main à la poche pour un tant soit peu relancer ce moyen de transport stratégique, mais ils doivent impérativement adopter des méthodes de gestion modernes et mettre en œuvre les plans de développement prévus dans ce secteur par les pouvoirs publics. Un chantier certes «vaste» mais plus qu'impératif, car la rentabilité de la SNTF en dépend. Une rentabilité qui passe, comme le souligne Talai, par l'amélioration de la qualité des services et la nécessité de développer davantage l'activité du transport de marchandises. «La SNTF doit améliorer la qualité des services offerts à ses clients conformément aux standards internationaux afin d'inciter les voyageurs à opter davantage pour le transport ferroviaire que pour le transport routier ou aérien», insiste-t-il encore, non sans appeler les futurs actionnaires à développer le transport de marchandises, notamment pour les produits miniers, agricoles et énergétiques afin d'atteindre un objectif de 20 à 30 millions de tonnes de marchandises transportées au lieu des 13 millions de tonnes actuellement. Le développement du rail permettra non seulement de décongestionner nos routes devenues de véritables mouroirs mais permettra aussi et surtout une meilleure mobilité des personnes. La réorganisation de la SNTF se répercutera «positivement» sur les travailleurs, selon le ministre qui a, lors d'un point de presse tenu en marge de la réunion, évoqué le problème des grèves à répétition que «seul le dialogue réglera». Il a affirmé dans ce sens avoir invité la direction de cette société ainsi que le syndicat à adopter la voie du dialogue et à agir en amont pour une meilleure stabilité de l'entreprise. Il a d'ailleurs révélé qu'un acte de stabilité devrait être signé dans les semaines à venir entre ces deux parties, ce qui permettrait, selon lui, à la SNTF «de se consacrer exclusivement à son développement d'ici 2019». Un développement de l'entreprise qui ne peut que «se répercuter positivement sur la situation socio-économique de tous ses employés». Le plan de développement de la SNTF est déjà engagé. Long de quelque 4000 km actuellement, le réseau ferroviaire national devra atteindre, à l'horizon 2020, un total de 12 500 km connectés aux infrastructures portuaires, aéroportuaires et logistiques. Créée en 1976, l'Epic SNTF a un personnel estimé à quelque 12 000 travailleurs, dont plus de 2500 cadres qui sont ainsi appelés à devenir actionnaires dans la future SPA.