Belkacem Rouache est de ces rares personnes qui pardonnent à ceux qui lui font mal et peur. Non seulement il leur pardonne mais il se permet de les aimer.Le journaliste, le romancier, le scénariste, le poète, l'homme qui entre dans les salles de rédaction et dans nos cœurs tout en douceur, en ayant comme seule arme son sourire, a, en effet, décidé depuis longtemps de pardonner à cette mer qui a failli l'emporter à jamais alors qu'il n'avait que quelques printemps. Le titre du dernier recueil de poèmes de Belkacem Rouache reflète bien la pensée de ce philosophe non déclaré. Notre ami Belkacem est justement comme cette pierre qui, quand elle a soif, va à la mer. Cet artiste discret est revenu à la mer pour se confier par le biais de vers en lui disant des choses bonnes et belles mais aussi parfois amères. Le poète, qui dédicace ce livre à sa mère qui lui a appris à aimer, a préféré encore une fois parler à la mer qui lui a appris à pardonner. L'ouvrante de ce recueil, qui montre bien l'optimisme de ce poète, nous plonge dans les lueurs d'espoir de «Ce jour». «C'est le jour que tu as souhaité Ce jour porteur de fleurs Brillant dans les yeux des enfants Après l'ignorance et la guerr C'est le jour que tu as souhaité Pour toi» Ces quelques vers de Rouache annoncent, en effet, une belle série de poèmes par lesquels il parle parfois aux êtres aimés qu'il a perdus, parfois à ceux qui l'entourent et d'autres à ceux à qui il a pardonné. Belkacem aime la nature, le ciel, les nuages, les montagnes. C'est à eux qu'il s'adresse pour dire ce qu'il pense au plus profond de lui-même. Comme le dit si bien Ahmed Ben Alam dans le préambule, «la vie ne fait pas de cadeaux et le poète le sait mieux que quiconque. Il reçoit des coups. Il les encaisse en silence parce qu'il voit bien qu'il n'est pas le seul à recevoir des coups». C'est peut-être le fait de savoir qu'il n'est pas le seul à subir certains méfaits et pour ne pas rejeter ses souffrances sur les autres que Rouache a choisi de parler à la mer et à s'exprimer en douceur à travers les vers. A travers ce recueil, on découvre que derrière le calme du poète se cache un volcan plein de courage, de patience et de volonté et un océan d'amour et de sagesse. «Cette foule aux yeux de vipère. Des somnambules qui errent dans les salons. Ils ont volé le pain des pauvres. Ils ont craché sur notre espoir. Ils ont mâché notre certitude. Ce grand Monsieur De la destruction.» C'est dire que le poète ne se tait pas devant ces faiseurs de mal. Il leur répond par ces vers qu'eux-mêmes ne liront peut-être pas mais qui seront éternels. Il arrive que parfois l'artiste, le romancier ou le poète, tel que Belkacem Rouache, résiste contre les mauvaises gens et le sort qui lui a pris les êtres les plus chers. Sa femme, qui était elle-même artiste peintre, et ses deux enfants. Il enregistre toutes les images et se retire pour, non pas planifier une quelconque vengeance mais pour prendre sa plume et étaler des lignes en vers ou en prose qui serviraient un jour ou l'autre à éveiller quelques consciences. A ce sujet, il dit dans un poème «Si j'étais inconscientJe rirais à pleines dentsA pleines dents, je riraisSi j'étais inconscient» C'est avec douceur que Rouache parle à la nature, c'est avec douceur qu'il nous introduit dans son univers, c'est avec douceur qu'il dénonce ceux qui nous dérangent et nous mettent des embûches. Pour se plaindre, le poète lance un appel aux sages et s'adresse à Larbi Ben M'hidi : «Même si tu revenais Même si la distance Se raccourcit Le chemin serait long A parcourir Des embûches, des embouteillages Le chemin est long On t'attend Pour éclater la vérité. Dans son recueil, Belkacem Rouache nous rappelle souvent notre enfance et les poèmes de Victor Hugo et Jean Richepin qu'on retrouvait dans les livres de français à l'école et qu'on apprenait par cœur. Edité aux éditions Enag, Quand la pierre a soif, elle va à la mer est déjà dans les librairies. Belkacem Rouache sera présent au prochain Salon international du livre pour en parler et dédicacer ce bel ouvrage.