Ne pouvant plus échapper à sa plume qui le trompe, Belkacem Rouache revient avec un roman en affichant ses profondes émotions et ses histoires d'amour non déclaré qu'il a vécues et ne cesse de vivre depuis son enfance. Dans chaque vers de poème qu'il étale sur une page et chaque page de roman qu'il écrit, le journaliste discret qu'on tente de faire parler tous les matins dans la salle de rédaction ne s'exprime vraiment que par les mots et les phrases écrites par son doigté d'artiste sur les pages de ses romans et de ses poèmes. Dans son dernier roman Naufrage rythmé, Belkacem Rouache s'est mis à dessiner et à peindre de très beaux tableaux exprimés par des mots et des phrases ou plutôt par des images colorées qu'on ne peut oublier. Dès les premières lignes, on est plongé dans une histoire d'amour bien compliquée par les interdits de la tradition algérienne. Sonia, la journaliste (comme le romancier), se retrouve malgré tout dans les bras de Mouloud qu'elle rencontre lors d'un voyage au Sahara, mais ce n'est que le début de la longue histoire d'amour racontée parfois dans les détails les plus intimes. La vie de Mouloud l'amoureux est compliquée. Il n'oublie pas Keltoum, cette femme répudiée à cause de la stérilité, et les tam-tam de la soirée de la zaouïa durant laquelle il rencontre Sonia, qui ressemble à la célèbre reine Kahina, vont rythmer à différentes cadences toutes les péripéties de cette folle histoire d'amour. Romance et humour On n'a pas le droit de dire que Naufrage rythmé est une autobiographie, mais on retrouve Rouache, le journaliste, le scénariste et l'homme sensible qui ne se confie que par le biais de sa plume. En effet, à travers ses principaux personnages, notamment Mouloud, Sonia et Lynda, l'auteur parle de la situation de l'artiste et de la culture en Algérie, de la liberté de la femme et de ses droits ainsi que de la gestion du pays. «Un peintre, un écrivain ou un poète sont en quelque sorte des porte-parole de ceux qui vivent dans la misère et de l'injustice», dit Mouloud à Sonia avant d'ajouter : «Le système en place n'a pas permis à la culture de se développer. L'administration a mis des mécanismes basés sur des valeurs de médiocrité et de docilité.» On revoit ressurgir avec humour les critiques, lorsque Mouloud, trouvant tous les taxiphones complets, entra dans une cabine en panne. Il téléphonera le plus normalement du monde et se fit attraper par un inspecteur qui finira par avouer que c'est l'administration qui a décidé que la cabine soit déclarée en panne. L'inspecteur finira par déclarer qu'il n'a jamais eu de problème dans son travail, car il est toujours d'accord avec ses supérieurs. Durant toute l'histoire, Mouloud sera suivi par ses tableaux de peinture qui feront battre le cœur des jolies femmes. D'ailleurs, c'est dans une salle d'exposition qu'il retrouvera Lynda. Cette dernière lui fera-t-elle oublier Sonia la journaliste qu'il a connue lors d'une soirée dans une zaouïa au Sahara ? Pour le savoir, il faut plonger dans le beau roman de Rouache qui nous mène à sa cadence à travers les pages... A travers un véritable naufrage rythmé.