Le chaos dans lequel sombre la Libye se répercute chaque jour davantage sur les pays de la région, dont l'Algérie. L'une des conséquences du désastre imposé à la Libye est la «guerre d'influence» livrée entre Al Qaïda au Maghreb arabe (Aqmi) et Daech en Libye. Ces deux organisations terroristes tentent chacune de s'imposer face à l'autre recourant à l'effet médiatique obtenu à coups d'attentats et d'assassinats. Cette «rivalité» explique le regain de violence en Algérie, illustré par l'assassinat de neuf militaires dans la wilaya de Aïn Defla et l'accrochage qui a eu lieu vendredi dans la wilaya de Skikda, coûtant la vie à deux militaires, dont un commandant. Les deux militaires ont été tués dans un accrochage avec des terroristes dans l'après-midi du vendredi 14 août dans la région de Collo, à la limite administrative entre Skikda et Jijel. Les militaires étaient en opération de ratissage dans cette région où un groupe terroriste d'une trentaine d'éléments aurait été signalé il y a deux semaines, selon la même source. De nouvelles unités de l'ANP appuyées par des hélicoptères ont été dépêchées sur les lieux de l'accrochage pour traquer les terroristes auteurs de cet attentat. La wilaya de Skikda où la situation sécuritaire s'est nettement améliorée comparativement aux années 1990, continue à être ciblée par les terroristes sévissant toujours dans cette région et utilisant les montagnes dans leurs déplacements. Deux militaires, dont un commandant ont été tués dans l'explosion d'une bombe près de Boulballout, à l'extrême sud-ouest de la wilaya de Skikda, en mai 2007, rappelle-t-on. L'attentat terroriste avait été perpétré au lieudit Lemkhizna, sur la route menant à la commune de Boulballout. Un convoi composé de militaires et de gardes communaux était en déplacement pour rejoindre l'agglomération de Chaâba Oum Daou, et c'est au moment où le convoi traversait la route de Lemkhizna qu'un engin a explosé au passage d'un des camions. Des informations font état de déplacement de dizaines de terroristes entre les wilayas de Skikda et de Jijel, ancien fief de l'ex-Armée islamique du salut (AIS) de Madani Mezrag. Le regain de violence dans cette région justifie la question de savoir si Madani Mezrag et ses ex-acolytes coopèrent avec l'Armée nationale populaire et les services de sécurité dans la lutte antiterroriste. On ignore le contenu de l'accord conclu par l'ex-AIS avec l'ANP, et par là on ne sait pas si cet accord impose à Madani Mezrag de participer à la lutte contre le terrorisme, aux côtés de l'ANP et des services de sécurité, notamment par le renseignement. Cette coopération permettrait déjà d'empêcher les éléments des organisations terroristes comme Al Qaïda au Maghreb islamique et Djound el khilafa, organisation criminelle dissidente d'Aqmi et qui a annoncé son allégeance à Daech, de réoccuper les anciennes casemates de l'ex-Armée islamique du salut. L'ex-AIS qui s'était souvent accroché au Groupe islamique armé (GIA), dans les années 1990, défendait «ses» territoires dans les maquis de Jijel, Skikda et autres. Cette organisation ferme-t-elle les yeux sur la réoccupation, aujourd'hui, de ce terrain par d'autres organisations terroristes, comme Djound El Khilafa et Aqmi ? Madani Mezrag qui n'a pas présenté des excuses au peuple algérien pour le nombre de victimes des agissements de son organisation, tente d'obtenir le «droit» de faire dans la politique.