C'est aujourd'hui à 19h45 (12h45 en Algérie), que Taoufik Makhloufi sera engagé dans l'un des plus grands challenges de sa carrière d'athlète. Il en avait connu un, le soir du 7 août 2012, sur la piste du stade olympique de Londres, à l'occasion des jeux Olympiques que la capitale anglaise avait accueillis cette année-là. Taoufik Makhloufi était parvenu, ce jour-là, à se hisser à la première place du 1500m, raflant par la même occasion la médaille d'or et rejoignant, dans le Panthéon de l'olympisme algérien, Hassiba Boulmerka, Noureddine Morceli, Benida Nouria Merrah et Hocine Soltani, qui étaient, eux aussi, montés sur la plus haute marche d'un podium olympique. A Pékin, aujourd'hui, Taoufik Makhloufi va devoir surmonter ses doutes et ses craintes, s'il compte obtenir ce qu'il est venu chercher, une médaille dans le 1500m des Mondiaux d'athlétisme. Il y a quelque temps, il se voulait optimiste et se disait capable d'aller vers l'or de ces Mondiaux puis de battre, un jour, le record du monde de Hichem El Guerroudj. Nous ne lui en demanderons pas tant parce que dans les circonstances actuelles, une médaille, de n'importe quel métal, serait un résultat de premier choix. Quand on parle de circonstances actuelles, on veut dire que les données d'aujourd'hui ne sont, certainement, pas celles qui prévalaient à Londres il y a trois ans. 2013 et 2014, deux années à blanc Dans la finale de cet après-midi, il y aura six athlètes qui étaient de la finale olympique de 2012 et qui avaient donc tous été battus par l'Algérien. Mais trois ans sont passés, entraînant avec eux une suite d'évènements qui pourrait avoir une influence sur la course d'aujourd'hui. D'abord, il y a eu cette année de 2013 à blanc pour le champion algérien. Cette période avait été marquée par la maladie dont il avait été atteint (hépatite virale) et qui l'avait, considérablement, affaibli au point de l'obliger à déclarer forfait aux Mondiaux de Moscou. En 2014, il était revenu à la compétition mais sans grande conviction. C'était la période où il avait dû se séparer de son coach, le Somalo-Américain Adem Jama, pour le remplacer par celui qui l'avait découvert, à Souk Ahras, Ali Redjimi. Comme en 2013, Makhloufi n'avait, presque, rien fait en 2014, hormis la belle course, en mai, où il avait couru, à Doha, le 1500m en 3:30.40. Cette performance prometteuse n'avait pas eu de suite. Dans la perspective des Mondiaux de Pékin de 2015, il a décidé de réagir avec une préparation aux Etats-Unis, pratiquement sans entraîneur puisqu'il avait remercié Ali Redjimi. Ce n'est qu'après en avoir fini avec ce stage aux USA, qu'il se tourna vers l'entraîneur français, spécialiste du demi-fond, Philippe Dupont. C'est avec ce dernier qu'il a entrepris la dernière ligne droite de la préparation pour les Mondiaux de Pékin avec quelques meetings dans les jambes. Il sera face à l'armada kenyane Dans l'un, celui de Nancy le 1er juillet dernier, il avait accompli une sacrée performance en remportant le 1000m, tout en battant le vieux record de Noureddine Morceli en 2:13.08. Ce n'était qu'une entrée en matière puisque le 17 juillet, sur la piste du stade Louis II de Monaco, il avait terminé deuxième du 1500m dans le superbe chrono de 3:28.75, sa meilleure performance, sur cette course, à ce jour. Le problème, pour lui, est que s'il est revenu en forme au bon moment. Il en est de même pour plusieurs athlètes qui seront engagés dans la même finale que lui aujourd'hui. Il y a surtout les quatre Kenyans, sachant qu'il n'a jamais battu cette année un représentant de ce pays, même lors de la série et de la demi-finale des actuels Mondiaux. Parmi ces Kenyans, il y a un certain Asbel Kiprop, champion olympique en 2008 champion du monde en 2011 et en 2013, celui-là même qui l'avait dominé à Monaco, où il avait, pourtant, réalisé une prouesse. Il y a aussi, Silas Kiplagat, qui l'avait battu au meeting de Saint-Denis. Ce sont, à notre avis, les deux athlètes dont Makhloufi devrait, le plus, se méfier lors de cette finale. Mais on gardera en mémoire que les deux Kenyans ont connu un jour sans, lors de la finale olympique de 2012 (Kiplagat 7e et Kiprop dernier), ce qui signifie que tout reste possible dans la course d'aujourd'hui. Autres concurrents à suivre dans ce 1500m, l'Américain Leonel Manzano et le Marocain Abdelaati Iguider, respectivement médaillés d'argent et de bronze, en 2012, à Londres, l'Américain Matthew Centrowitz, 4e de cette même finale londonienne mais également en 2008 aux JO de Pékin et vice-champion du monde en 2013, à Moscou, le Néo-Zélandais Nicholas Willis, vice-champion olympique en 2008, à Pékin et enfin un autre Kenyan, Elija Motonei Manangoi, celui-là même qui a battu Makhloufi en séries et en demi-finales des présents Mondiaux.