Certains Etats construisent des murs, de hautes barrières de fils barbelés, prévoient d'installer des centres de tri, et surtout crient à qui veut les entendre que l'Europe est débordée. Seulement, ceux qui sont débordés, ce sont plutôt ces êtres humains, afghans, syriens, africains, qui ne savent plus où poser leur peine, où rouler en boule leur douleur et à quelle face crier leur peur de fermer les paupières sans pouvoir les rouvrir. A cause d'une balle perdue, d'un obus financé par la coalition internationale ou juste à cause de la faim. Toutes les récentes déclarations des hauts responsables européens à propos de leurs bonnes intentions, les critiques acerbes qu'ils se lancent, la prochaine réunion des ministres de l'Intérieur de l'UE qualifiée d'urgente mais dont la date n'a été prévue que pour le 14 septembre, tout cela ne serait-il pas plutôt une sorte de mise en scène sur laquelle vient se greffer la sémantique ? Oui, pour les politiques européens, l'heure est cruciale, et tout est dans le choix des mots, ce qui va déterminer l'avenir de ce harrag, selon qu'il soit migrant, réfugié ou demandeur d'asile… Entre-temps, au large de la Libye, non loin de la ville de Khoms, une embarcation a fait naufrage avant-hier et 37 personnes sont mortes, selon le porte-parole du Croissant-Rouge à Tripoli, interrogé par l'agence Reuters. Le nombre de personnes qui avaient emprunté cette embarcation reste encore méconnu, car hier dans la matinée, 37 autres corps ont été découverts, selon Reuters. Sur place, on craint la découverte d'autres corps sans vie, et pour cause, jeudi, un bateau a coulé au large de Zouara, avec à son bord entre 300 et 500 personnes, d'origines asiatique, syrienne et subsaharienne. Plus de 100 corps inanimés s'étaient échoués sur les côtes, alors que 198 personnes avaient été secourues, selon les garde-côtes libyens.
Plus de 2500 réfugiés débarquent au port d'Athènes Le port d'Athènes enregistre ces derniers jours un afflux important de migrants. Hier, le port a accueilli plus de 2500 migrants, arrivés à bord du Eleftherios Venizelos, selon l'agence de presse suisse ATS. Avant-hier, ce sont 1745 personnes qui ont débarqué en provenance de l'île de Lesbos. Un officier des garde-côtes grecs a déclaré que 988 migrants ont été récupérés sur l'île de Samos et 1512 autres de Lesbos, en majorité des Syriens, dans la soirée de dimanche. Les autorités des îles de la mer Egée, faute de moyens, ne peuvent assurer ni gîte ni nourriture. Les nouveaux arrivants rejoignent alors la Serbie par train en passant d'abord par la Macédoine pour tenter de pénétrer sur le territoire européen à travers la Hongrie Des barbelés à la frontière serbo-hongroise La difficulté sera grande pour ces infortunés migrants, car la Hongrie vient d'annoncer l'achèvement de la clôture de fils de fer barbelés à sa frontière avec la Serbie. Le ministère hongrois de la Défense a précisé, dans un communiqué, que cette clôture, qui longe les 175 km de frontière serbe, est constituée de trois spirales superposées de fils de fer barbelés et est censée empêcher les migrants de s'introduire sur le territoire hongrois. Cependant, malgré cette barrière, la police hongroise a arrêté 8800 migrants qui ont pu traverser la frontière serbo-hongroise au cours de ces trois derniers jours. Pour les contrer, l'armée hongroise a déjà entamé la construction d'une palissade haute de quatre mètres, dont la finalisation nécessitera plusieurs mois. Cette barrière anti-migrants s'ajoute à celles déjà dressées par la Grèce, la Bulgarie et l'Espagne aux frontières extérieures de l'UE. La police des frontières hongroise a d'ailleurs mobilisé un millier d'éléments, et à partir d'aujourd'hui, 2000 autres y seront déployés. L'UE se donne rendez-vous le 14 septembre Bruxelles accueillera le 14 septembre courant la réunion d'urgence des ministres de l'Intérieur des pays de l'Union européenne avec pour ordre du jour la crise migratoire, en réponse à l'appel de l'Allemagne, du Royaume-Uni et de la France. Il s'agira pour les Etats membres de l'UE de trouver ensemble des solutions communes. «La situation en matière de migration en dehors et à l'intérieur des frontières de l'Union européenne a récemment pris des proportions jusqu'ici inédites», indique le communiqué du Luxembourg qui assure actuellement la présidence de l'UE. Quelle sera la réponse européenne ? Mis à part les centres de tri, l'installation de barrières, quelles seront les nouvelles initiatives ? C'est dans ce sens que le ministre luxembourgeois de l'Immigration et de l'Asile a prévu un conseil extraordinaire.
L'Europe centrale refuse la politique des quotas
Les Premiers ministres d'Europe centrale doivent se réunir à Prague dans les jours à venir pour discuter de l'épineuse question des migrants. Mais d'emblée, la couleur est annoncée. Ce sommet extraordinaire sera l'occasion de réaffirmer le rejet de la politique des quotas de migrants. «J'espère que nous adopterons une position vis-à-vis des propositions européennes de ces dernières semaines et confirmerons notre position commune de rejet des quotas», a déclaré le chef du gouvernement de Prague, Bohumil Sobotka. Une position fortement critiquée par plusieurs responsables occidentaux. D'ailleurs, le Premier ministre slovaque, Robert Fico, n'a pas tardé à réagir à ces critiques en déclarant qu'«il trouvait difficile d'accepter des critiques de la part de pays qui n'acceptent pas l'accession de la Bulgarie et de la Roumanie à l'espace Schengen». En attendant la rencontre du 14 septembre, les Occidentaux partent en rangs dispersés alors que les migrants, eux, s'agglutinent et adoptent une seule langue, celle de la survie.