Rencontré jeudi à la Bibliothèque nationale d'El Hamma à Alger, en marge de la session de formation initiée par le Haut-Commissariat à l'amazighité (HCA) en direction des journalistes exerçant en langue amazighe, Si El Hachemi Assad, secrétaire général du HCA, revient dans l'entretien qu'il nous a accordé sur le dossier de la généralisation de la langue amazighe dans le secteur de l'éducation nationale. S'il souhaite à terme que tamazight soit enseigné dans les 48 wilayas, Si El Hachemi Assad relève l'urgence de sa prise en charge dans le primaire et son renfoncement dans le moyen et le secondaire. - Vous êtes partie prenante du dossier de la généralisation de l'enseignement de tamazight dans 20 wilayas dès la prochaine année scolaire ? Quel est le rôle du HCA ? Il y a toute une feuille de route à suivre pour expliquer un peu la nécessité de régler les problèmes posés et qui pourraient entraver le processus de généralisation de cette langue dans le secteur de l'éducation et de travailler de manière à faire évoluer ce dossier. Cela doit se faire sans précipitation et sans brûler les étapes. Mais j'insiste qu'il faut d'abord solutionner les problèmes pédagogiques qui sont identifiés depuis des années et prendre en charge son enseignement d'une manière efficiente par le renforcement de sa place à l'école, c'est-à-dire que notre concept de généralisation consiste en sa prise en charge dès le primaire, son renforcement dans le moyen et le secondaire. C'est tout un processus. Donc, notre proposition s'articule autour de sa consolidation dans les 48 wilayas comme première étape. Deuxièmement : revenir vers le début de l'enseignement dans 16 wilayas, puis entamer cet élargissement pour toucher d'autres wilayas. Il s'agit d'une généralisation verticale et horizontale. Horizontale dans le sens qu'elle touche d'autres wilayas, car nous avons la conviction que tamazight est une langue nationale, et on souhaite que ça se traduise sur le terrain. Je répète : notre souhait est de la voir enseignée dans les 48 wilayas, mais cela doit être effectué progressivement, pas en une année. Et comme début, c'est déjà bien. En tant que HCA, notre mission est d'œuvrer à l'épanouissement de cette langue dans nos écoles mais aussi dans les médias et les canaux de communication. D'ailleurs, c'est dans cet objectif que nous avons organisé, pendant 3 jours, une session de formation au profit des journalistes qui exercent en tamazight. Avant, on faisait des formations pour les enseignants seulement. C'est une première et elle sera généralisée. Les médias de proximité comme la radio jouent un rôle important dans la sensibilisation en contribuant à la promotion de cette langue. Une commission mixte MEN-HCA, chargée d'évaluer l'enseignement de tamazight et de trouver les moyens de sa généralisation, a été installée en février. Où en sont ces travaux ? Je ne peux pas me prononcer sur la question car il y a un engagement des deux parties d'adopter une réserve, et ce, jusqu'à un nouvel ordre. On laissera aux membres de la commission mixte, au nombre de sept, de rendre leurs comptes. De toute façon, ça se fera dans la transparence. Mais une chose est sûre, c'est qu'il y a cette volonté de parfaire et d'améliorer cette copie, à savoir l'enseignement de tamazight. Il est important de dire qu'une complicité et une véritable adhésion de notre partenaire ne feront qu'avancer les choses. Pouvez-vous détailler les moyens mis en place pour faire avancer ce dossier ? L'Etat a mis les moyens nécessaires pour l'élargissement de cette langue. Et le fait de signer un protocole d'accord au siège du HCA, en présence de la première responsable du secteur de l'Education, est un honneur pour nous. Des enseignants, des chercheurs, des linguistes, des inspecteurs étaient aussi présents. Les impliquer dans le processus de généralisation s'avère important. Le HCA a réuni toutes les conditions pour faire réussir ce processus. Mais on souhaite qu'il y ait davantage d'adhésion de la part de notre partenaire. Y a-t-il un écho favorable au niveau des wilayas, et quelles sont les nouvelles wilayas concernées par la généralisation de cette langue ? Le HCA a redoublé d'efforts ces dernières années en œuvrant davantage à ce que cette langue soit généralisée aux 48 wilayas. Et pour concrétiser le projet, le HCA a renforcé sa présence sur le terrain. Celle-ci nous a permis de constater qu'il y a une demande au niveau de wilayas comme Béchar, Ouargla, Tébessa, Oran, ainsi que d'autres pour l'apprentissage de cette langue. Alors, on peut aisément dire qu'il y a vraiment une demande sociale. Pour les régions concernées par la généralisation, il y a un besoin qui est signalé au niveau des wilayas de Tlemcen, Chlef et Aïn Defla, sachant qu'avant d'ouvrir une section pédagogique, il faut bien préparer le terrain, tout en suivant une feuille de route. Cette dernière est tributaire de la demande exprimée. Néanmoins, il faut enlever la contrainte du ‘'caractère facultatif'' qui freine la généralisation et la promotion de cette langue. Il y a également la contrainte qui est la condition de résidanat exigée pour les enseignants de cette langue. Il faut surseoir à cette contrainte bureaucratique.