Mehdi Tahrat est sur un nuage. Cet ancien conseiller en clientèle bancaire, passé par le monde amateur, est désormais l'un des maillons forts du Paris FC en Ligue 2. Il vient aussi d'être convoqué par Christian Gourcuff en sélection algérienne. Découverte. Vous venez d'être retenu pour la première fois en équipe d'Algérie pour les matches amicaux contre la Guinée et le Sénégal (9 et 13 octobre). Quelle est votre première réaction ? Franchement, je ne m'y attendais pas. Comme je suis l'équipe d'Algérie, je savais que la défense centrale pouvait être encore un chantier. Lorsque j'ai appris la convocation, cela a été une très grande nouvelle, et une joie partagée avec ma famille. C'est un rêve depuis mon plus jeune âge, et avec les miens, nous sommes avant tout des supporters de l'Algérie. Vous avez tapé dans l'œil de Christian Gourcuff. Le saviez-vous ? J'avais eu des échos d'Algérie, et également des contacts par des personnes qui travaillent pour la fédération algérienne de football (FAF). Je ne savais pas que le sélectionneur me suivait. Je l'ai appris quand je l'ai eu au téléphone. Il m'a appelé quelque temps avant la convocation pour me dire qu'il était attentif à mes performances, et que je réalisais un bon début de saison, et qu'il fallait que je travaille pour continuer à progresser. La saison dernière, vous avez évolué comme défenseur central. Cette année, vous êtes utilisé comme milieu défensif devant la défense. Que préférez-vous ? Cela fait plus de sept à huit matches que je joue comme sentinelle. Je commence à prendre mes repères, et je suis de plus en plus à l'aise. Après, mon poste de prédilection, ça reste celui de défenseur central. C'est celui que j'affectionne le plus et celui où je me sens le plus à l'aise. Maintenant quand on évolue comme sentinelle, cela ne s'éloigne pas tant que cela de l'axe central. Avant d'évoluer en Ligue 2, racontez-nous votre trajectoire… Depuis tout jeune, je rêvais d'être joueur professionnel. Le football n'est pas accessible à tout le monde, il y a un facteur chance indéniable. J'ai reçu une éducation de mes parents qui a fait que j'ai dû principalement me concentrer sur mes études. Mon père m'a boosté à privilégier les études. Dans ma tête, je souhaitais devenir footballeur professionnel. Et donc ? Il y a plus de quatre ans, je me levais à 6 h du matin pour aller prendre les transports. J'étais conseiller clientèle dans une banque, j'avais toujours mon sac de foot avec moi. J'ai eu un Bac ES, et j'ai enchaîné avec un DUT des techniques de commercialisation. Et puis, j'ai commencé une licence banque, assurance et finance en alternance. En parallèle, je jouais en CFA 2 à Saint-Geneviève-des-Bois. J'ai fait deux très bonnes saisons là-bas. Je suis repéré par le Losc. Ils mettent 50 joueurs à l'essai. Je suis le seul à avoir été retenu, et j'ai donc signé un an en amateur. Très vite, en arrivant, on m'a comparé à Adil Rami. Il a un parcours atypique, et il a réussi à créer la surprise en s'adaptant très vite au plus haut niveau. Au bout de la première saison, je signe un contrat professionnel de deux ans. Mais j'ai vite senti que je n'aurais pas ma chance là-bas. Qu'avez-vous fait ? En fin de saison, j'ai résilié mon contrat pour pouvoir aller au Paris FC en National. Je me suis dit qu'il fallait que je joue même si je redescends de plusieurs échelons. J'ai rejoint un beau projet, et on est montés en Ligue 2. Pour l'instant, je réalise un début de saison correct. Vous allez retrouver des joueurs comme Yacine Brahimi ou Sofiane Feghouli. Réalisez-vous ? C'est une très bonne chose. Je vais arriver avec beaucoup d'humilité. Je vais effectivement me retrouver avec des joueurs de classe européenne, voire mondiale. En tout cas, ça va être une belle expérience, et je pourrais me jauger avec des joueurs de qualité. Et c'est une chance de pouvoir progresser à leur côté. Je vais essayer d'en profiter au maximum. En Algérie, vous êtes originaire de quelle ville ? Je suis de Béjaïa et ses alentours. J'ai reçu d'ailleurs beaucoup de messages de mes cousins du pays. Quant à mon patronyme, c'est bien Mehdi Tahrat et non Jean. C'est mon nom de famille, et je suis en train de faire les démarches nécessaires pour qu'il soit mis en avant.