Laissée à l'abandon et livrée à toutes sortes d'atteintes, la forêt constitue pourtant une réserve inépuisable de ressources qu'on peut aisément exploiter pour générer des profits. En ces temps de disette économique, où la baisse des prix du brut rime avec le besoin de trouver de nouvelles ressources pour le financement de l'économie, des réflexions s'imposent pour explorer tous les domaines susceptibles de présenter des alternatives à l'or noir. Ainsi, du développement de l'industrie et de l'agriculture, présentés comme une solution, voilà que l'on se rappelle qu'il y a bien d'autres domaines que l'on peut mettre à profit. Entre autres, la forêt. L'idée est loin d'être bête. Les responsables du secteur de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, y pensent sérieusement tant les potentialités offertes sont autant diverses que variées. Une réflexion a même été engagée à ce sujet, apprend-on de sources proches du département de Sid Ahmed Ferroukhi. Pour une meilleure exploitation des ressources A la direction générale des forêts (DGF), l'on est encore catégorique : «La forêt offre bien des opportunités d'investissement qu'il faut absolument mettre à profit.» Dans ce sens, d'ailleurs, Abdelfatah Abdelmalek, directeur des études chargé de l'information et de la coopération internationale à la DGF, a appelé, il y a quelques jours, à une «meilleure exploitation des ressources forestières à travers le lancement de projets d'investissement à même de relever les revenus des familles algériennes et contribuer au soutien de l'économie nationale». C'est là, même une nécessité, estime ce responsable qui parle de «trésor vert», dont le secteur doit impérativement réinvestir en cette période où l'Algérie a besoin d'exploiter toutes les ressources dont elle regorge pour faire face à la crise. C'est d'ailleurs, pour cette raison qu'un programme de sensibilisation a été concocté en prévision de la Journée nationale de l'arbre qui sera célébrée dimanche prochain (25 octobre), où il est question de plusieurs actions de sensibilisation à travers tout le territoire national. Sous le thème : «L'arbre : l'investissement de l'avenir», cette journée se veut le point de départ d'une nouvelle dynamique où la ressource forestière recouvrira tous ses droits, indique-t-on. Selon le service communication du ministère de l'Agriculture, «l'objectif de cette campagne est de sensibiliser l'opinion publique de l'importance de l'arbre et du système écologique forestier pour le développement économique du pays ainsi que son bienfait au plan socioenvironnemental». En effet, 15 jours durant, on aura donc à parler davantage de la forêt où le développement durable doit impérativement rimer avec la préservation de la nature. Manque d'engagement des collectivités locales En effet, l'interconnexion qu'il y a entre les impératifs de développement local et ceux de la préservation de l'espace naturel est plus que jamais démontrée. Toutefois, le constat sur le terrain demeure tout autre, puisque présentement ces deux impératifs se trouvent dans relation plutôt antagonique qui «au lieu de créer une synergie active des efforts conjugués par les différents acteurs socioéconomiques, semble bien opposer les deux finalités qui, en vérité, se complètent», explique-t-on. De ce fait, les initiés pensent que l'absence d'harmonie et le manque d'engagement de la part des collectivités locales ainsi que des autres services des secteurs censés contribuer à l'essor des activités diverses permises à l'intérieur des territoires montagneux - les espaces protégés compris - constituent un handicap majeur pour le développement de ces zones forestières. Pourtant, la création des parcs nationaux s'inscrit bien dans cette logique particulière liant préservation du patrimoine naturel et développement d'activités à même de préserver le patrimoine culturel local. Ce volet permet à ceux-ci (les parcs nationaux) d'être des supports pratiques aux activités scientifiques, pédagogiques, de sensibilisation, d'initiation et de découverte de la nature et des richesses qu'elle renferme. Et c'est là où interviendront, par la suite, d'autres actions allant dans le sens de l'exploitation de ces richesses. Côté ressources, elles ne sont pas des moindres. En effet, si l'on se réfère à la production générée ces dernières années, et pour ne citer que l'exemple du liège, l'Algérie trône aux premières loges à l'échelle planétaire. Autrement dit, l'on dispose de plusieurs autres ressources directement extraites du tissu forestier dont dispose notre pays. Si l'on reste dans la filière du bois, il n'y a pas que la production du liège, dès lors que les différentes espèces d'arbres permettent une exploitation à des fins diverses ; à l'instar de la production du bois d'œuvre, le bois de chauffage et celui à usage de construction. Une richesse en jachère… Les statistiques établies par la DGF permettent bien une visibilité en ce qui concerne l'éventualité d'une exploitation plus adaptée de ces ressources. C'est ainsi que l'on compte à l'échelle nationale, pas moins 881 000 ha de pin d'Alep, 230 000 ha de chêne liège, 48 000 ha de chêne Zeen et Afares, 16 000 ha de cèdre, 31 000 ha de pin maritime, 43 000 ha d'eucalyptus, 108 000 ha de chêne vert, ajoutés aux reboisements de protection dont la superficie est estimée à 717 000 ha et autres maquis et broussailles - les différentes espèces exploitables comprises, à l'instar du thuya, genévrier et frêne etc. - évalués à 1 786 000 ha. Cela, sans compter l'exploitation de ces produits forestiers à d'autres fins autres que le bois, à l'image de l'extraction des arômes et des plantes médicinales. D'autre part, et hormis le cas des produits extraits des plantes et autres arbrisseaux, le liège - largement et facilement exploitable - constitue à lui seul un créneau à même de générer des dividendes énormes. L'économie nationale en a énormément besoin en ces temps où - à l'échelle mondiale - la tendance est à la recherche d'une alternative aux hydrocarbures. Enfin, et selon les chiffres fournis par le ministère, la superficie forestière de l'Algérie est estimée en 2015 à 4,2 millions d'hectares auxquels s'ajoutent 600 000 ha à intégrer par la direction des forêts grâce aux efforts de reboisement engagés depuis 1962. Présentement, des opérations de reboisement ont été inscrites parmi les priorités du plan quinquennal 2015-2019, lesquelles devraient assurer la préservation des terres agricoles pour une «plus grande productivité et moins d'importations», souligne-t-on. C'est dire qu'il y a bien une prise de conscience auprès des autorités publiques, lesquelles doivent encore faire un effort pour convaincre les investisseurs nationaux à se tourner vers la forêt.