En matière d'intégration des technologies de l'information et de la communication (TIC) soit dans l'espace public ou dans les entreprises et autres organismes du service de l'Etat (administration, banques, assurances, services…), l'Algérie est le dernier coureur du peloton. En dépit de la mise en place d'une politique visant le développement d'une véritable économie numérique, les chiffres des différents organismes spécialisés montrent clairement que notre pays n'exploite pas ou suffisamment le potentiel économique des TIC en tant que branche industrielle. Selon les experts du collectif Nabni, l'Algérie exporte moins de 1 dollar US par habitant de produits et services de hautes technologies, alors que la Tunisie et le Maroc en exportent respectivement 57 dollars US/habitant et 29 dollars US/habitant. Ces derniers, qui s'exprimaient lors d'un atelier intitulé «Digit-Algérie» organisé, hier, au siège du ministère de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, soutiennent que l'Algérie est classée presque systématiquement en dernière position en termes d'adoption des services numériques par les différentes branches économiques. «A titre d'exemple, l'Algérie est classée 147e pays pour l'adoption des technologies dans les entreprises alors que la Tunisie est 70e», a estimé Mohssen Toumi, membre du collectif Nabni. Et pourtant, souligne cet expert, les nouvelles technologies bouleversent l'économie à tous les niveaux. Elles réinventent, aux yeux de ce spécialiste, les services médicaux grâce à la télémédecine, l'éducation grâce au e-learning, les modes de communications avec la voix et la visioconférence sur IP, le commerce avec le e-commerce. Dans le cas de notre pays, la numérisation des divers services, tels que la justice, certaines communes (état civil) ou encore ceux du registre de commerce (CNRC) et des impôts (télé-déclaration), pour ne citer que ces exemples, n'est pas considéré comme «avancée numérique». A ce propos, les différents spécialistes notent qu'il est urgent de mettre en œuvre une vision prospective et une approche concrète, et ce, pour que la société de l'information et l'économie numérique aient un impact sur la croissance et puisse constituer une alternative aux hydrocarbures. Parmi les mesures permettant de poser les fondements d'une feuille de route à même d'enclencher la révolution numérique de l'Algérie pour les 3 prochaines années, les experts de Nabni suggèrent de développer des usages dans le privé et le public grâce aux services e-gouvernement, le paiement électronique, mais aussi d'innovation pour favoriser l'émergence d'un tissu de sociétés numériques locales et accompagner le développement de start-ups innovantes, véritables sources de valeurs dans l'économie du savoir.