L'opération de «mise en conformité fiscale volontaire», lancée l'été dernier par la direction générale des impôts (DGI) afin d'intégrer des fonds informels dans la sphère bancaire, a permis au gouvernement de récolter 3,5 milliards de dinars, selon le PDG de la Banque du développement local (BDL), Mohamed Krim. Invité hier au forum économie d'El Moudjahid, le PDG de la BDL a expliqué que cette opération a touché essentiellement les commerçants opérant dans l'informel, qui à travers cette démarche ont pu régulariser leur situation vis-à-vis du fisc. Il a assuré dans ce sens que cette opération se poursuit dans les meilleures conditions, exhortant les acteurs de l'informel de faire preuve de patriotisme et de placer leurs billets dans les canaux officiels et s'introduire dans l'activité économique légale. Ceci, précise l'intervenant, doit se faire sous conditions. «Ceux qui veulent placer une somme de plus de 10 milliards de dinars doivent justifier leurs sources de revenus», a-t-il dit. L'orateur a fait savoir en outre que les banques algériennes publiques et privées disposent d'un programme «strict» pour contrôler et suivre les comptes des clients et des détenteurs de crédits bancaires afin de lutter contre le blanchiment d'argent, regrettant que «26% de l'argent du pays circule dans l'informel, soit une somme de 3700 milliards de dinars». Le PDG de la BDL juge, par ailleurs, insuffisant le nombre de banques existantes en Algérie. «Il y a une banque pour 25 000 habitants, ce qui est vraiment peu», a-t-il estimé, appelant «à l'ouverture de plus de banques pour répondre aux besoins des citoyens». Krim est revenu sur l'affaire des transferts illicites révélée récemment par le ministre du Commerce, Belaïb Bakhti, et qui continue de faire la polémique. Pour rappel, celui-ci avait révélé que sur les 60 milliards de dollars d'importation, 30% sont des transferts illicites de capitaux. Soit 20 milliards de dollars (essentiellement dus à la surfacturation). Les autorités doivent agir Pour le PDG de la BDL, des mesures devraient être prises dans l'immédiat par les pouvoirs publics, pour mettre un terme à cette saignée qui nuit à l'économie nationale. De ce fait, l'intervenant suggère le renforcement du contrôle à travers la mise en place de leviers au niveau des douanes qui devraient à leur tour bloquer les marchandises douteuses. Le ministère du Commerce a aussi un rôle à jouer en bloquant les transactions douteuses, a-t-il ajouté. Mohamed Krim pense vivement que le ministère du Commerce a une part de responsabilité sur le contrôle du commerce extérieur. De même pour le ministère des Finances qui doit lui aussi participer à cette guerre contre le secteur informel. Egalement invité au forum, le PDG du Crédit populaire d'Algérie (CPA), Omar Boudiab, a abordé la distribution des crédits pour l'année 2014 qui, selon lui, a connu une progression soutenue. Ainsi, les encours de crédit accordés à l'économie sont passés de 42 856 milliards DA en 2012 à 51 545 milliards DA en 2013 et 65 029 milliards en 2014. Dans ce contexte, et à titre d'exemple, les opérations de relogement dans le cadre de l'Aadl et du LPP ont bénéficié de 5 milliard DA en 2012, de 31 milliards en 2013 et de 47 milliards en 2014. L'e-paiement pour juin 2016 Par ailleurs, pour faire face à l'amenuisement des liquidités, la Banque d'Algérie a décidé de réinstaurer le dispositif de refinancement des crédits à travers la mise en place du règlement n°15/01 du 19/02/2015, notamment via le réescompte avant 2015. «Les banques doivent drainer une fraction plus importante de la monnaie fiduciaire en circulation en proposant de nouveaux produits financiers et des taux de rendement plus attractifs», a fait savoir le même responsable. Cela s'inscrit dans la nécessite de développer l'inclusion financière au moyen et à long terme, notamment des services bancaires de base portés sur des systèmes de paiement modernes. Concernant l'entrée en vigueur du crédit à la consommation, l'intervenant a annoncé que les banques sont prêtes et attendent les listes des produits destinés à ce prêt. Le PDG du CPA a annoncé sur un autre volet que les transactions bancaires par la voix électronique devraient être lancées à partir de juin 2016. «Le e-paiement sera lancé en deux étapes. La première concernera uniquement le paiement des factures par internet et la deuxième ce sera pour acheter des produits via le net appelée le e-commerce», a-t-il conclu.