Pressenti comme très disputé, le duel Real-Barça ne l'a absolument pas été finalement. Forte d'une meilleure série de résultats et aussi de beaucoup de certitudes, l'équipe catalane s'est montrée sans pitié face à son rival historique, lui infligeant une claque retentissante. Du début jusqu'à la fin du match, les hommes de Luis Enrique ont maîtrisé les débats d'une manière insolente alors que les Merengue perdaient le fil à mesure que le temps s'écoulait. Au final, l'addition est plus que salée (4-0), et il y a fort à parier que cette démonstration de force va laisser beaucoup de traces. En voici déjà les principaux enseignements à tirer. Un Barça de gala On les savait performants et conquérants depuis l'entame de la saison, mais on ne les avait pas encore vus aussi impressionnants dans le jeu. Ce samedi, les Blaugrana ont livré un visage ô combien séduisant, en retrouvant une grande partie de ce qui fait leur ADN, à savoir ce jeu léché, fait d'une ou deux touches de ballon, le souci constant de presser l'adversaire et une technique aussi radieuse qu'efficace. Le premier but, inscrit par Luis Suarez après 11 minutes, a été l'exemple parfait de cette possession écœurante et de cette aisance balle au pied. Il y eut 25 passes de suite avant que l'attaquant uruguayen ne trouve la faille. Tous les joueurs madrilènes sont restés spectateurs devant cette séquence collective qui rappelle les plus belles heures de l'ère Guardiola. Le Barça a livré une copie remarquable lors de ce choc, mais si l'écart au tableau d'affichage a été aussi conséquent, c'est aussi parce que la défense du Real a sombré dans des proportions alarmantes. La fébrilité défensive du Real A l'image d'un Danilo complètement dépassé par les évènements, les Merengue ont été en souffrance sur chaque offensive adverse ou presque. La lenteur qu'ils ont affichée, ainsi que les approximations au niveau du marquage étaient indignes de leur rang et aussi d'une telle affiche. Comme si, en un seul match, ils se sont décidés à afficher au grand jour toutes leurs carences, alors que jusque-là, leur rendement dans ce secteur était convainquant. Même le vieux briscard Sergio Ramos était à la peine, comme l'illustre son manque de concentration sur le deuxième but concédé. Iniesta a rajeuni de cinq ans Le talent d'Andres Iniesta est connu de tout le monde, mais cela faisait bien longtemps que le petit génie barcelonais ne l'a plus aussi bien exprimé que lors de ce Clasico. Ces derniers mois, il a disputé ses matches sur un mode assez monocorde, propre mais sans relief. Il était plus souvent tourné vers la gestion des équilibres internes que vers un souci aigu de déséquilibrer les défenses adverses. Mais, ce samedi, il a décidé de se rappeler au bon souvenir des années 2010, 2011 et 2012. Lors de cette partie, tout ce qu'il a touché, il l'a transformé en or, et il s'est même offert le luxe de marquer un but. C'est lui qui a tué tout suspense dans cette partie en début de seconde période. Avec un Iniesta qui marche sur l'eau, le Barça ne pouvait que dérouler. Cristiano Ronaldo était inexistant Que retenir de la performance de Cristiano Ronaldo à l'occasion de ce qui était probablement son dernier Clasico à Bernabeu ? Pas grand-chose, à l'exception d'un face-à-face manqué avec Claudio Bravo dans les derniers instants de la partie. Certes, ce samedi, c'est tout le Real qui est passé à côté de son sujet, mais on peut imaginer qu'avec un CR7 plus inspiré, voire plus motivé, la bande à Benitez n'aurait pas cédé aussi facilement. Alors qu'elle retrouvait son acolyte d'attaque en la personne de Karim Benzema, la star lusitanienne s'est montrée inexplicablement discrète. L'ancien mancunien a touché beaucoup de ballons et n'en a pas perdu beaucoup, mais à aucun moment, il n'a su faire la différence comme il le fait habituellement. Et dire que durant la première heure de jeu, Lionel Messi n'était même pas présent sur le terrain pour lui faire de l'ombre. Un Benitez sans ressort Très critiqué avant même le match de ce soir, l'entraîneur du Real ne verra pas sa cote remonter suite à cette déroute monumentale. D'autant plus qu'il a sa part de responsabilité dans le visage faiblard montré par sa formation. Son idée initiale, qui consistait à attendre les Barcelonais alors que l'équipe madrilène disposait enfin de tous ses atouts pour retrouver un jeu ambitieux, a été une vraie erreur de calcul. Et lorsque les évènements ont commencé à être défavorables aux siens, il n'a apporté aucune solution sur le plan tactique ou au niveau des changements effectués. Le successeur de Carlo Ancelotti n'avait que très peu de crédit aux yeux des socios merengue à son arrivée à Bernabeu. Aujourd'hui, on ne prendra pas un très grand risque en affirmant qu'il n'en a presque plus et que ses jours sur le banc madrilène sont comptés.