L'arrêté de wilaya portant fermeture à 22h des restaurants et débits de boissons de la ville d'Oran est diversement interprété par les opérateurs du secteur.Si certains y voient un moyen salutaire garantissant un minimum d'activité aux discothèques et autres cabarets de la Corniche, d'autres considèrent que cette mesure réduira radicalement leur chiffre d'affaires. «Elle est en contradiction avec la volonté des pouvoirs d'assurer un minimum d'animation estivale de la capitale de l'Ouest. Nous travaillons beaucoup durant l'été avec une clientèle étrangère et émigrée, et la contraindre à quitter les lieux alors que la soirée est à peine entamée est finalement illogique», dira le gérant d'un restaurant du centre-ville. En réalité, cette mesure n'est pas nouvelle. Elle date de plusieurs années mais elle n'a jamais été appliquée, ce qui avait créé une situation qualifiée d'incontrôlable par bon nombre d'opérateurs. «C'est une mesure qui date de 1998 et qui a été exhumée. A l'époque, nous avions émis des observations concernant sa mise en œuvre. Il n'est pas logique de nous imposer un horaire de fermeture alors que nous venons à peine d'entamer la vacation dîner», dira le gérant d'un restaurant 2 étoiles au centre-ville d'Oran. Réagissant à cette mesure, les membres du bureau de l'Association des commerçants et investisseurs de la Corniche oranaise (Acico) ont tenu avant-hier une assemblée générale extraordinaire en présence des gérants et des propriétaires d'hôtels et de restaurants, venus nombreux débattre de l'avenir de la profession et des incidences de cette mesure. «Les participants ont à l'issue des travaux désigné une délégation pour prendre attache avec les autorités locales pour trouver une solution aux risques que fait peser cet arrêté sur l'avenir de la filière restauration et sur l'ensemble du secteur du tourisme», affirme son président, H'mam Mohamed. Ce dernier ne manquera pas de souligner que le secteur est encore fragile. «C'est à peine si nous arrivons à séduire une clientèle locale, et si demain cette décision venait à être appliquée, c'est l'ensemble de filière qui est menacée», assure-t-il. Plus explicite, il avouera que l'organisation du tourisme est certes souhaitée par l'ensemble des opérateurs, «mais elle doit être conçue de manière à assurer des prestations de meilleure qualité. Il y a des établissements qui ont contracté des prêts et des crédits bancaires pour démarrer leur activité, et réduire leurs horaires de travail, c'est carrément les tuer», affirme-t-il. Il citera dans ce contexte le cas d'un complexe touristique à Aïn El Turck dont le gérant a contracté un crédit avoisinant les 17 milliards de centimes remboursable à raison d'un milliard de centimes par trimestre. Des opérateurs n'ont pas manqué de souligner qu'il aurait été préférable, avant de prendre une telle mesure, «de contraindre certains établissements à respecter la loi. Certains restaurants s'improvisent en discothèques en organisant des dîners dansants alors qu'ils n'ont même pas la licence nécessaire. C'est ceux-là qu'il faut contraindre au respect de la réglementation, pas nous», affirme le gérant d'un complexe hôtelier à Aïn El Turck.