Ralentissement de la croissance d'une part, crise pétrolière d'autre part, les relations sino-algériennes doivent être remodelées pour donner forme à de véritables investissements de l'empire du Milieu en Algérie. Axées sur des échanges commerciaux largement en faveur de Pékin, les relations algéro-chinoises ont, selon l'expert en économie Abderrahmane Mebtoul, tout à gagner en changeant de cap si les deux parties veulent préserver leurs intérêts en allant plus loin dans le domaine de la coopération bilatérale. Dans ce sens, Mebtoul a rappelé la position du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui a plaidé à Johannesburg, dans le cadre du 2e forum sino-africain, en faveur d'un partenariat équilibré entre les deux pays. Au lieu d'un échange versé exclusivement dans le commerce extérieur et la construction d'infrastructures, Mebtoul a rappelé la volonté de l'Algérie à aller davantage dans des co-partenariats dans le domaine de l'investissement. Représentant du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, le chef de l'Exécutif s'est dit, hier à Johannesburg, convaincu de la pertinence du choix de la coopération Sud-Sud et des perspectives prometteuses qu'elle recèle. Le gouvernement algérien, qui est engagé dans la réalisation d'un important programme présidentiel de développement pour la période 2014-2019, assure les opérateurs économiques chinois et africains «qu'ils trouveront en Algérie le soutien et les facilités qu'ils sont en droit d'attendre d'un partenaire convaincu de la pertinence du choix de la coopération Sud-Sud et des perspectives prometteuses qu'elle recèle», a affirmé Sellal dans une déclaration rapportée par l'APS. En visite en Algérie, le président du Conseil chinois pour la promotion de la coopération Sud-Sud, Lu Xin Hua avait indiqué que son pays était prêt à financer des projets notamment industriels et structurants dans plusieurs pays en voie de développement, dont l'Algérie. Avec cette déclaration réaffirmée par le ministre du Commerce, Bakhti Belaïb, on a commencé, des deux côtés, à penser à une nouvelle ère dans les relations qu'entretiennent ces deux pays. Le pays de Mao a ainsi proposé à l'Algérie de financer des projets en souffrance ou lancer de nouveaux projets à condition que leur réalisation revienne aux entreprises chinoises. Dans un contexte de raréfaction de la ressource financière due à la chute des prix du brent, l'Algérie songe sérieusement à l'endettement extérieur. Pour autant, la Chine, connue pour ne pas s'ingérer dans les affaires politiques des pays auxquels elle prête de l'argent, le choix est vite fait pour l'Algérie. L'histoire au service de l'économie Dans son offensive en direction de l'Afrique, la Chine fait valoir ses bonnes relations avec le continent noir en termes de diplomatie. «Son passé non colonialiste fait de la Chine l'une des rares puissances économiques mondiales à discuter business sans complexe avec les dirigeants du continent», quoique dans un contexte de mondialisation, explique Mebtoul, la Chine ne peut pas jouer cavalier seul en Afrique. Des forums USA-Afrique, Japon-Afrique, Turquie-Afrique, Inde-Afrique, etc. existent aussi, mais le point fort de la Chine est qu'elle dispose déjà d'une assise dans ces pays et qu'elle n'est pas entachée par le cachet d'ancienne puissance colonialiste. La concurrence est donc très rude autour de l'Afrique dans les années à venir. Seulement, les négociateurs chinois ont cette force de frappe qui est celle d'être de performants businessmen, fait remarquer l'expert qui ajoute qu'il ne faudrait pas mélanger sentiments et affaires. Dans son discours inaugural à l'occasion des travaux du forum sino-africain qui s'est tenu hier et avant-hier en Afrique du Sud, le président chinois Xi Jinping a annoncé une enveloppe de 60 milliards de dollars d'aide à l'Afrique, principalement sous forme de prêts, destinée à financer 10 grands projets en Afrique sur une période de trois ans.