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J'y suis j'y reste
Publié dans Le Temps d'Algérie le 12 - 12 - 2015

A 71 ans, le directeur général de la Société nationale des transports routiers (SNTR) a été démis de ses fonctions pour être remplacé par son adjoint. L'information aurait pu être d'une rasante banalité. Des responsables d'entreprises publiques qui se font prier de «rentrer à la maison» sont mis à la retraite ou sont «appelés à d'autres fonctions», il doit y en avoir tous les jours sans que cela intéresse le Radar de Liberté (notre source) et d'autres organes de presse. Mais l'information passe rapidement de la banalité à l'inédit, puisque notre confrère nous apprend que le responsable en question est toujours en place, préside des réunions et prend des décisions qui engagent le groupe, alors que la décision de son limogeage et de son remplacement a été prise par le ministre des Transports et validée par le Premier ministre et par le holding.
Plus simplement, Monsieur le PDG n'a pas l'intention de quitter son poste et au point où en sont les choses, il ne le fera que s'il est -physiquement- débarqué. De manière générale, il en est ainsi des nominations comme des remerciements dans le secteur public.
On sait qu'on n'est désigné ni pour ses compétences, ni pour son parcours, ni pour ses diplômes, ni pour son… âge. Alors, il devient difficile d'accepter d'être dégommé, surtout qu'en la circonstance, ce sont généralement ces critères-là qui sont évoqués pour expliquer et les dégommages et les successions. Personne ne les soumet à l'obligation de résultats, ils ne sont comptables d'aucun bilan et ils sont sûrs d'avoir respecté cahier des charges et feuille de route, non pas de l'entreprise mais de leur mentor.
Alors, quand vient l'heure de faire ses cartons, ils sont outrés d'être «jetés» ainsi, après de longues années de «bons et loyaux services». Et l'outrage est tel qu'ils se font souvent entendre au moment de quitter leurs bureaux cossus après des années de silence sidéral. Silence sur l'incurie intra-muros, silence sur la périphérie viciée de l'entreprise et silence sur les injonctions tutélaires souvent délétères.
Ce n'est qu'une fois qu'ils sont poussés vers la porte qu'ils retrouvent les vertus de la parole. Si on ne parle pas la bouche pleine on n'est pas obligé de le faire à la dernière bouchée, on peut même attendre d'avoir digéré. Mais en l'occurrence, on ne perd pas son temps, parce que les responsables en question n'ont plus rien à perdre à ce stade de leur carrière. Ils tentent alors le baroud d'honneur qui plus est, peut leur permettre de rebondir ailleurs. Ils crient ainsi à l'injustice, au complot, à l'incompétence du successeur, au piston… à tout ce qu'ils n'ont jamais dénoncé quand ça les plaçait du bon côté de la barrière.
Il y en a même qui se sont inventé une âme d'opposant quand ce n'est pas carrément celle de… mutin comme c'est apparemment le cas du PDG de la SNTR.
Slimane Laouari
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