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Les petits bonheurs du jeudi

Les esquimaux, il en raffole toujours. A 60 ans bien tassés, Larbi entretient avec cette friandise un rapport d'addiction connu de tout le monde. Au point qu'on a fini par l'appeler «la sucette». Un surnom un peu bizarre qu'on lui a collé depuis que l'un de ses amis de quartier l'avait lancé à la cantonade. Pourtant, Larbi n'est pas vraiment le genre à traîner des quolibets. Affable, respecté et plutôt discret, il ne vient à personne l'idée d'oser une quelconque raillerie à son endroit.
Larbi sait qu'on l'appelle «la sucette», mais depuis qu'on lui a inventé ce surnom, il n'avait jamais entendu quelqu'un l'appeler ainsi en sa présence. Ce qui ne l'aurait d'ailleurs pas offusqué outre mesure, étant de tempérament décontracté et d'une patience légendaire. Les sucettes glacées, c'est d'ailleurs l'unique «folie» qu'on lui connaît. Mais qu'il adore ça, qu'il en consomme sans modération, partout, à n'importe quelle heure de la journée et en toutes saisons, n'étonne pas vraiment son entourage. Par contre, qu'il en gave ses propres enfants, qu'il en offre généreusement aux autres dès que l'occasion se présente intrigue un peu tout le monde autour de lui. Sans les esquimaux, Larbi aurait pu être Monsieur tout le monde. Ou, comme on dit maintenant, un homme «normal». Il n'est ni beau ni laid, ni riche ni pauvre, ni grand ni petit. Pas la moindre distinction qui puisse attirer l'attention. Quand il ne marche pas avec un esquimau qu'il mord goulûment, quand il n'en offre pas à tout-va, Larbi est d'une désespérante banalité. Il le sait, d'ailleurs il ne s'en plaint pas et ne fait rien pour que ça change. Il aurait même voulu ne pas traîner cette histoire de sucettes glacées. Mais il ne la prend pas comme un boulet dont il faut se délester un jour. Celui qui lui a collé le sobriquet de «Larbi la sucette» ne sait rien du fin fond de l'histoire. Ceux qui l'ont spontanément adoptée, non plus. Larbi n'est pas riche et les esquimaux sans modération, ce n'est pas évident pour tout le monde. Mais il n'a jamais pensé à ce que cela lui coûte. Les plus gentils de son entourage disent qu'il peut se permettre ça parce qu'il ne boit pas, ne fume pas et ne prend même pas un café dehors. Les mauvaises langues disent qu'il économise sur son habillement austère ou, plus méchant encore, sur le pain. Mais l'effort économique sur son énigmatique caprice ne se voyait pas. Sa petite famille vivait plutôt confortablement, et pas un jour ses enfants n'ont manqué de quoi que ce soit, dans les limites de sa condition, bien évidemment. Larbi se paie des esquimaux à satiété mais il n'en a pas toujours été ainsi. C'est que dans sa tendre enfance, il a même manqué de l'essentiel. Après de modestes études - il a écourté son cursus scolaire pour aider à faire bouillir la marmite familiale - il a intégré le monde du travail, gravé quelques échelons et terminé sa carrière avec une retraite confortable. Et c'est parce qu'il n'est pas né avec une cuiller dorée dans la bouche que Larbi vit avec cette histoire d'esquimaux qu'il couve comme une douleur intérieure. Et qu'il ne soigne pas. Il l'entretient, réparateur, vengeur. Ce que son entourage ne sait pas : un jour, à la sortie de l'école, l'un de ses camarades de classe, de parents nantis, avait acheté un esquimau. Larbi n'en avait jamais goûté et imaginait sa saveur. Depuis, il a toujours rêvé du jour où il pourrait s'en permettre. Ce jour est arrivé bien tard, mais une fois qu'il a eu les moyens de s'en payer et d'en payer aux autres, Larbi ne s'en est jamais privé. Un jour, il racontera ça à celui qui lui a collé le surnom de «la sucette».
Slimane Laouari
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