La drogue est partout. Les services de sécurité aussi. Les drogués, non contents de s'empoisonner à longueur de journée et de nuit, se voient être jugés avec les dealers, leurs fournisseurs. Cette fois, trois dealers sont confondus. Il y avait dans la cache sur le mur outre une quantité non négligeable de came, mais encore, de quoi préparer des «morceaux» à céder à un prix qui envoie directement les sniffeurs au ciel sur des nuages. Les procès sur et autour de la détention de l'usage lorsque ce n'est pas tout simplement la commercialisation de la came sont légion et quasi-quotidiens. Il n'y a pas une seule audience où les inculpés de ce genre de dossier «empoisonnant» ne défilent à la barre, esquintés par le poids des termes de la loi relative à la prévention et à la répression de l'usage et du trafic illicites de stupéfiants et de substances psychotiques, loi du 25 décembre 2004. Abdelhamid, Nasser et M'hamed, trois jeune gaillards d'Alger-Centre ruent dans les brancards et nient avoir entre les mains tant de drogue : cinquante six grammes et plaquettes prêtes à l'emploi. Il y a pire comme pièces à conviction : une paire de ciseaux, un couteau de cuisine, une ...agrafeuses (!?!?!?) et un gros rouleau de scotch! Alors, inculpés, vous voulez qu'on termine rapidement ce procès où que l'on traîne en longueur jusqu'à l'exaspération du tribunal formé pour garder son sang froid à toute épreuve de manœuvres tendent à l'amadouer. Reconnaissez-vous le délit ? dit sans invocation ni ponctuation le président de la section correctionnelle de Koléa (cour de Blida) nullement impressionné par la tête de... victimes que font les détenus. Aucun mot ni son ne s'échappe des mâchoires serrées des gars. Bien affalé sur le siège du ministère public, il veut à son tour lancer quelques «conseils» mais ricane et se confine dans sa position reposante, attendant le moment d'effectuer les demandes. Tout à coup, c'est M'hamed, la voix brisée par la peur qui va le premier brisé la glace : - «Nous étions tous les trois assis sur le trottoir lorsque les policiers ont surgi, on ne sait d'où». - Il venaient d'être alertés par la présence de dealers. Trois précisément dans les environs, ajoute le juge comme pour empêcher M'hamed de ne pas trop s'égarer dans le mensonge. - «Je vous jure que c'est la vérité» coupe Abdelhamid qui est vite sommé par le magistrat de se taire et de ne plus parler qu'avec la permission du tribunal. Nasser lève la main et prie le président de lui promettre une aide de la justice s'il venait à dire la stricte et seule vérité. «Petit, la justice ne promet rien. Elle n'aide qu'elle même et les victimes. Allez-y pourtant. Nous écoutons, tranche Hadj Rabah Barik qui allait jouer ainsi le jeu des inculpés. «Celui qui avait placé le paquet et les outils dans le trou aménagé dans le mur est un certain Djamel de Belcourt» balance, la face grise, Nasser. - Evidemment et pour trouver ce Djamel à Belouizdad il faudra des années lumières. Monsieur le procureur vos demandes. «Sur la base des termes de l'article 17 nous réclamons huit ans d'emprisonnement pour détention et commercialisation de drogue.» dit entre les dents le représentant du ministère public qui accueillera en fin d'audience les cinq ans d'emprisonnement infligés par le tribunal à titre d'exemple car au moment de la lecture du verdict, la salle était pleine à craquer....