Ceux qui croyaient que le dossier des moines de Tibhirine, enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996 dans leur monastère avant d'être assassinés, était clos ont tort. La ministre française de la Justice, Christiane Taubira, en visite à Alger, a relancé l'affaire hier lors d'un point de presse conjoint avec son homologue algérien, Tayeb Louh. Pour Christiane Taubira, il était «urgent» que les familles des sept moines français enlevés puis tués en 1996 en Algérie connaissent la vérité sur la mort de leurs proches. «Il est temps que nous arrivions» au terme de l'enquête sur cette affaire, a-t-elle proclamé. «Pour les familles des victimes, il devient urgent d'avoir une réponse, de savoir très précisément ce qui s'est passé. Nous en avons le souci de part et d'autre», a-t-elle ajouté. La ministre souligne qu'il reste «quelques actes d'expertise encore à accomplir et nous disposerons des matériaux nécessaires pour le faire». «Il s'agit d'une procédure dans laquelle la coopération entre la France et l'Algérie est extrêmement intense. Elle a connu parfois des temps de latence, mais c'est une coopération qui se poursuit», a-t-elle précisé. La ministre française a affirmé qu'il n'y a pas de difficultés et que les deux ministères mettront les moyens nécessaires pour dénouer les «incompréhensions et les malentendus» sur cette affaire. A l'adresse des familles des moines de Tibhirine dont l'assassinat avait été revendiqué par le GIA, l'hôte d'Alger lance : «Pendant ces 10 années, vous avez eu le sentiment d'être seuls, d'être abandonnés (…) Il revient aujourd'hui de poser des paroles sur ces blessures qui sont profondes et nous savons parfois que les cicatrices saignent plus encore que les plaies.» Sur un autre plan, les deux ministres ont évoqué les deux conventions portant sur la coopération judiciaire et l'extradition entre la France et l'Algérie qui seront actualisées. «La coopération dans les domaines judiciaire et institutionnel est appelée à se développer davantage entre la France et l'Algérie car il y a une volonté politique forte dans ce domaine. «Dénouer les incompréhensions» «Cette coopération aboutira à l'actualisation d'anciennes conventions judiciaires liant les deux pays», a indiqué le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh, à la presse au terme de ses entretiens avec son homologue française. Il a précisé qu'un groupe d'experts des deux pays travaille dans ce sens pour parvenir à l'actualisation de ces deux conventions et faire ainsi face aux «défis» auxquels sont confrontés les deux pays. Cette coopération va dans le sens de faire de la justice «une autorité forte et garante des libertés et des droits», a ajouté le ministre. De son côté, Mme Taubira a mis l'accent sur la coopération judiciaire que «l'Algérie et la France développent, entretiennent et intensifient». «Nous regardons vers l'avenir et nous sommes soucieux d'actualiser les conventions qui lient nos deux pays, lesquelles méritent aujourd'hui d'être retravaillées», a-t-elle dit, ajoutant à ce propos que «l'Algérie et la France n'ont pas de points de désaccord». «Deux points semblaient faire obstacle et étaient liés à des malentendus entre nos administrations en ce qui concerne les conventions qui vont être actualisées», a-t-elle signifié, précisant qu'il n'y aura pas de difficultés à le faire, notamment celles qui concernent la coopération judiciaire et l'extradition entre les deux pays. S'agissant de la justice civile, la ministre française a relevé que les deux pays sont «très sensibles à une bonne coopération dans ce domaine, notamment la justice familiale». «Nous accordons une très grande attention à la résolution de ces sujets (…) Pour le reste, nous avons une coopération juridique et technique de très grande qualité et une coopération institutionnelle avec des jumelages entre nos institutions», a-t-elle souligné.