Alors que la ministre française de la Justice, Christiane Taubira, avait elle-même annoncé mardi que la déchéance de la nationalité pour les binationaux nés en France ne ferait pas partie du projet de réforme constitutionnelle du gouvernement, le président de la République française, François Hollande, a finalement décidé de la maintenir. L'annonce de l'abandon de la mesure sur la déchéance de la nationalité avait suscité une avalanche de critiques de la droite et le soulagement de certains à gauche. Anticipée par Christiane Taubira mardi, cette reculade a finalement été abandonnée à son tour. Le président François Hollande a décidé de maintenir la déchéance de la nationalité pour les binationaux nés en France et condamnés pour acte de terrorisme. Le Premier ministre, Manuel Valls, s'est chargé de présenter le projet de réforme constitutionnelle hier, à l'issue du Conseil des ministres. Le chef du gouvernement français a estimé que ce texte répondait à «la nécessité de donner une base constitutionnelle à ce régime civil de crise». Il a ensuite précisé que l'article 2 du texte concerne la mesure tant contestée. «L'efficacité, et tout le monde l'aura compris, n'est pas l'enjeu premier, c'est une mesure à caractère hautement symbolique… C'est une sanction lourde que la nation est en droit d'infliger à celui qui l'a trahie au plus au point», a justifié Manuel Valls. Le Premier ministre a assuré que la mesure ne s'appliquera qu'à des personnes «condamnées définitivement» et ne laisserait place à «aucun arbitraire administratif». Pourtant, Christiane Taubira avait affirmé avant-hier à la Radio algérienne que cette mesure n'est plus à l'ordre du jour. «Très sérieusement, je pense que cette déchéance de la nationalité sur des personnes nées françaises, donc qui appartiennent depuis leur naissance à la communauté nationale, ça pose un problème de fond sur un principe fondamental qui est le droit du sol», avait-elle souligné. La ministre a tenté de justifier sa «fausse» annonce en affirmant que «la parole dernière» sur ce sujet était «celle du Président». «La parole dernière est celle du président de la République, elle a été prononcée ce matin en Conseil des ministres et c'est le point final», a indiqué la garde des Sceaux lors d'un point presse aux côtés notamment de Manuel Valls, à l'issue du Conseil des ministres français. La garde des Sceaux avait répondu à la question sur son maintien au gouvernement après cette annonce à tort : «Ce qui est important dans la situation actuelle, ce n'est pas ma présence ou non au gouvernement, c'est la capacité pour le président de la République et le gouvernement de faire face au danger auquel nous sommes confrontés et d'apporter les réponses les plus efficaces», a-t-elle dit. Sur l'extension de la déchéance de la nationalité aux binationaux né en France, la ministre a également tenté de minimiser ses récentes prises de distance. «La seule fois ou je me suis exprimée sur la déchéance de la nationalité, je n'ai pas hésité à dire que ceux qui retournent leurs armes contre leurs compatriotes s'excluent eux-mêmes de la communauté nationale. J'ai ajouté que ce sujet concerne le droit du sol», a fait valoir la ministre.