La députée Meriem Derradji a interpellé la ministre de l'Education nationale dans une «question écrite» au sujet des «cours de soutien». Madame la députée est manifestement courroucée du fait que ces cours, depuis quelque temps dispensés pendant les vacances scolaires dans les établissements publics, ont été quasiment désertés par les élèves et négligés par les parents. Elle est d'autant plus irritée que les cours proposés en privé par des enseignants en retraite ou en activité continuent d'attirer une foule de «clients» vers les domiciles ou les garages où un minimum de conditions d'assimilation n'est pas assuré, en raison de l'inconfort et du nombre. Il y a certainement un brin de volontarisme dans la question de Mme Derradji, mais il y a surtout de la naïveté, si l'on s'en tient aux faits, bien évidemment. Parce que dans les faits, il est difficile de croire qu'il y ait encore des députés qui ignorent le niveau de confiance entretenu par les Algériens de manière générale et des parents d'élèves en particulier avec l'école publique de leur pays. En l'occurrence, on n'a peut-être pas besoin d'aller très loin pour s'en faire une idée précise. Elle est à portée de regard : pour que les élèves désertent les cours de soutien dispensés dans leurs propres classes et aller «apprendre» dans des garages sans humanité, pour que leurs parents ignorent les mêmes cours pour envoyer leur progéniture, en se saignant, pour des «rattrapages scolaires» chaotiques, c'est que l'école publique est vraiment… sinistrée, pour reprendre une formule, finalement pas si galvaudée que ça. Et manifestement, il n'y a pas que l'Algérien ordinaire qui est conscient de la situation. Sinon, on ne voit pas ce qui empêcherait la tutelle et les pouvoirs publics d'interdire ces cours privés de soutien. Mme Benghebrit n'aurait peut-être pas besoin d'aller au perchoir de l'Assemblée nationale pour répondre à des questions que plus personne ne se pose parce que tout le monde en connaît les réponses. Il y a même une sacrée dose de cynisme dans le fait qu'une école qui peine à assurer le minimum, lire et écrire, se mette aux… cours de soutien ! L'un dans l'autre, c'est son état de décrépitude qui a fait qu'on en arrive là : des profs qui dispensent des cours au rabais dans les établissements publics donnent, le soir ou les vacances venues, rendez-vous aux mêmes élèves pour des leçons «privées» ! Et des parents tellement désemparés qui sont convaincus que «ce n'est pas la même chose». Tellement convaincus qu'ils mettent la main à la poche sans rechigner. Tout en rêvant que pour le petit dernier qui arrive, ce sera carrément l'école… privée. Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.