La profession se dégrade à vue d'œil à cause du comportement de certains éducateurs, ayant perdu toute éthique. La déchéance de l'école a-t-elle atteint un tel degré au point de faire des enseignants des trabendistes dans leurs établissements scolaires? Cette interrogation d'un parent d'élève a le mérite d'être soulevée dans un contexte où le harcèlement des élèves de la part de certains enseignants, qui, sans éthique ni pudeur, mettent sous pression leurs disciples et les poussent à suivre des cours de soutien. Le comble est que celui qui ne s'y plie pas est mal vu. A Jijel, comme ailleurs dans les autres agglomérations de la wilaya, la course au «savoir», ou plutôt au dinar, se fait dans des garages et des locaux aménagés en classes, et ce, depuis le début de l'année scolaire. Disposant de plus d'espace, certaines intervenants ont trouvé le filon de transformer leur lieu de résidence en école de fortune. Les matières les plus exploitées sont les mathématiques, la physique et la langue française. Les élèves de 6ème année primaires, de 4ème année moyenne et ceux de 3ème années secondaire sont la cible privilégiée de ces chasseurs de primes. «Mon fils est faible en maths, je l'ai inscrit dans des cours particuliers pour 500 DA le mois», déclare, l'ai fier, une dame d'un certain âge. A raison de 1000 DA, voire plus, des enseignants assurent des cours les week-ends et pendant les vacances scolaires. Si, parmi eux, il y en a qui sont de bonne foi en veillant à renforcer les capacités des élèves dans certaines matières essentielles, d'autres semblent agir dans un cadre purement mercantile. Et pour cause, le directeur d'un CEM affirme que des enseignants boudent souvent les cours de soutien dispensés dans leurs établissements, mais n'hésitent pas à donner des cours privés à l'extérieur. Interrogé sur ce phénomène, lors d'une émission à la radio locale, au début de l'année scolaire, le directeur de l'éducation, par intérim, a déclaré n'avoir pas compétence pour fermer les garages où sont donnés ces cours de soutien.