De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Par le passé, seules les classes d'examen se consacraient aux cours additionnels en vue de consolider leur révision avant le jour «J». Cette donne s'est élargie ces dernières années pour toucher tous les cycles scolaires et tous les élèves. De fait, les collégiens brillants n'y font pas exception ! C'est la hantise de l'échec qui plane dans les foyers d'enfants scolarisés. Surcharge dans les programmes, modeste intelligibilité des cours dispensés par les instituteurs et moyenne rémunération de ceux-ci ont fait que les parents sont incités à compenser ce déficit, quitte à payer des cours en parallèle, ceux de l'informel et auxquels la tutelle assiste impuissante. En dépit des directives successives émanant des directions de l'éducation, la prolifération de cours extrascolaires persiste. Faiblesse des autorités ou passivité de l'académie, l'enseignement de «quartier» prend des dimensions incontrôlables. C'est une réalité à laquelle aucun disciple ne peut échapper au risque de demeurer statique dans son palier, pour ne pas dire être exclu de l'école. «Nous vivons le calvaire des programmes. C'est la surcharge», se lamente une maman d'un élève d'une école primaire sise au Coudiat. Et de s'interroger : «Les élèves moyens dont les parents sont d'un niveau d'instruction plus bas devraient souffrir autant.» Entre un volume horaire consistant et un programme jugé trop «varié», même par les enseignants, la seule échappatoire pour assurer un cursus réussi est sans conteste le recours aux cours de soutien, dispensés hors des écoles. C'est la seule solution qui puisse garantir un passage en classe supérieure, notamment dans les deux paliers scolaires, estiment des parents d'élèves. La majorité des écoles dispensent aux élèves des cours de rattrapage. Toutefois, le volume horaire consacré à cette frange de scolarisés, dont la compréhension nécessite un plus d'effort, reste insuffisant. «Le soutien se fait une fois par semaine, mais mon enfant cumule toujours des faiblesses. Cela dit, je ne remets pas en cause le travail qu'effectue son enseignant, lui-même dépassé par le nombre important de places pédagogiques qu'on lui soumet…», commentera une autre parente d'élève, qui a pris le chemin des cours extrascolaires. Autrement dit, de l'enseignement «clandestin». Ce dernier est implanté un peu partout dans la wilaya. Dans des garages, dans des «caves» aménagées pour la circonstance. Et ce sont pratiquement les instituteurs et enseignants exerçant dans les établissements publics qui s'adonnent à cette pratique commerciale sous le couvert «éducatif et pédagogique». La direction de l'éducation n'est pas alertée par cette présence illégale, pourtant elle n'ignore pas que bon nombre d'enseignants l'exercent. La sentence de Benbouzid quant à la «répression» de ce genre de pratiques ne peut cependant être appliquée à ce niveau. «La direction de l'éducation n'est pas habilitée à intervenir dans des lieux ne faisant pas partie de son champ d'action. Cela interpelle d'autres services étatiques à opter pour des enquêtes afin de sanctionner les acteurs de ce genre d'enseignement», nous précisera un inspecteur de l'académie de Constantine. Par cette lecture, on dénote que la directive de la tutelle reste inactive, voire figée dans un contexte trop «serré» dès lors que les établissements ne s'aventurent pas à y dispenser des cours «payants». Le formel est ailleurs !! Sur un autre plan, il faut cadrer ce déchaînement vers les cours privés dans la situation socioprofessionnelle quand il s'agit de défendre le corps enseignant, d'une part, et, de l'autre, en mettant en relief «l'insupportable» programme imposé par la tutelle de Benbouzid. «C'est légitime, d'un côté, d'arrondir des fins du mois des enseignants, un mois assez… long», analyse-t-on. En revanche, certains parents d'élèves pointent un doit accusateur sur certains instituteurs qui, à leur yeux, «ne se donnent pas à fond pendant les cours dispensés à l'école», ce qui pousse la majorité des élèves à se plier à cette nouvelle tendance des cours de soutien payants. La frénésie s'accentura durant ces deux derniers mois qui restent de l'année scolaire. Il est des écoles dont le programme achevé sacrifie les élèves par un «bourrage des crânes». «C'est le même scénario auquel nous assistons chaque année depuis la refonte du système scolaire. On marche modérément dans les cours, mais à l'approche des examens de fin de cycle c'est la vitesse supérieure qui surgit pour clore les programmes. C'est une situation qui surmène nos enfants. Ils ne captent rien à l'école. C'est aussi l'une des raisons qui nous pousse vers les cours de rattrapage.» L'académie s'en lave les mains et les parents font contre mauvaise fortune bon cœur pour assurer à leurs enfants un cursus sans échec face à ce diabolique rythme des programmes instaurés par le ministère.