Rencontré en marge de la cérémonie de clôture du Salon international des productions végétales (Sival) qui s'est tenu la semaine passée à Angers (France), le ministre français de l'Agriculture et de la Forêt, porte-parole du gouvernement français, nous a indiqué, dans cet entretien, que dans le domaine agricole, la capacité de l'Algérie de répondre aux besoins de sa population via une production locale paraît «logique», et l'Algérie, aux dires du Stéphane Le Foll, peut compter sur la France pour développer son secteur agricole. Le Temps d'Algérie : Comment appréciez-vous la coopération agricole algéro-française ? Stéphane Le Foll : On a accéléré la coopération agricole algéro-française avec les différents dirigeants algériens que j'ai rencontrés, et dès le départ, avec la visite du président français en Algérie. On a essayé de lancer la coopération dans le domaine de l'enseignement et de la recherche. On a inauguré en Algérie la mise en place, avec le CIHEAM (Centre international des hautes études agronomiques méditerranéennes), du réseau Med Amin (réseau de confiance et de coopération autour des marchés agricoles méditerranéens) qui permet d'avoir des échanges d'informations sur la situation et sur le marché des céréales. On a poursuivi avec des questions importantes liées en particulier à la filière bovine où on a passé des accords pour mettre en place des échanges d'animaux vifs vers l'Algérie et, en même temps, de développer une filière d'engraissement en Algérie et des abattoirs. Il y a eu des investissements importants qui ont été faits par le groupe Avrin. Puis on a eu des discussions et des projets dans le cadre de la filière laitière, de la même manière qu'on a associé l'Algérie aux questions et enjeux liés à l'agro-écologie et à l'aide au développement ainsi que la structuration dans le domaine de l'agronomie. Tout cela constitue beaucoup de choses et il va falloir, d'ailleurs, que je retourne en Algérie pour faire le point. Quand ? Je ne sais pas trop, nous sommes en début d'année et vous connaissez les difficultés que nous rencontrons. Moi, je dois faire face à une grève de l'élevage très importante et la situation de l'agriculture n'est pas facile. Il faut que je retourne en Algérie, car il y a beaucoup de sujets qu'on doit évoquer et refaire le point sur plusieurs points, particulièrement la filière laitière. La sécurité alimentaire est l'un des principaux enjeux des pays du pourtour méditerranéen. Quel rôle peut jouer la France dans cette problématique ? Le rôle est de s'engager très fortement et très clairement dans le système d'information à traves le Ceheam, sur ce que j'appelle le Med Amin, pour faire en sorte qu'on soit capable de mieux gérer ce qui l'a été ces dernières années, telle les flambées des prix des céréales, par une transparence sur la formation et par une coopération du Ciheam qui été fortement renforcée. Au niveau des diplômes et de la recherche en offrant des reconnaissances de diplômes pour tout Méditerranéen, je me souviens très bien que c'était en Algérie qu'on avait mis en place ce système Med Amin. A partir de là, la France a son rôle de puissance agricole. Avec la capacité de répondre à certains besoins, elle peut répondre aux attentes en termes de recherche et de développement de la production agricole dans le pourtour méditerranéen. On sait que des pays sont toujours dépendants du blé et également en viande bovine et volaille. Tous ces sujets-là sont pour nous des enjeux économiques d'exportations, mais aussi des enjeux de coopération avec les pays de la Méditerranée. En tout cas, c'est ce qu'on souhaite faire et c'est ce qu'on a fait jusqu'ici. La France est l'un des principaux fournisseurs de l'Algérie en blé dur et tendre. Mais l'Algérie veut développer à présent son agriculture pour faire baisser sa facture d'importation… La logique algérienne qui consiste à avoir plus d'autonomie et la capacité de répondre aux besoins de sa population paraît normale et on a cherché - et on cherche d'ailleurs - par les investissements, à développer cette coopération. Pour la filière bovine, on essaye de créer et on a créé un flux d'exportation bovine vers l'Algérie mais l'objectif est de pouvoir développer la filière d'engraissement. Donc, on est bien dans ce débat. On n'est pas là pour simplement vendre les produits mais pour bien développer la production. Ce doit être co-bénéfique, et il faut qu'on soit capable de développer la production algérienne. Entretien réalisé à Angers (France)