Eloigné du groupe depuis plusieurs semaines, pris en grippe par ses dirigeants, Nabil Bentaleb traverse une période difficile à Tottenham. La saison dernière a été celle de la révélation. Celle-ci aurait dû être celle de la confirmation. L'aventure londonienne de Nabil Bentaleb avait tout du conte de fées. Une arrivée à 16 ans pour rejoindre la prestigieuse Academy des Spurs, des prestations brillantes chez les jeunes, des débuts remarqués avec les pros, trois sélections (Algérie, France, Angleterre) qui affichent leurs plus beaux attributs pour le convaincre de défendre leurs couleurs, une Coupe du monde disputée avec les Verts, puis enfin l'explosion lors de l'exercice 2014-2015 où il gagne la confiance totale de Mauricio Pochettino, obligeant Etienne Capoue et Benjamin Stambouli à gentiment s'exiler. Une montée en puissance logiquement récompensée en juillet d'une prolongation de contrat (jusqu'en 2020) assortie d'une substantielle revalorisation salariale. Si tout se passe comme prévu, Bentaleb est programmé, comme Kane, pour devenir l'une des figures de proue des Spurs. Mais, les choses tournent rapidement au vinaigre pour lui. Une boulette contre le Real Madrid en match de préparation, un loupé quasi similaire face à Manchester United en ouverture de la Premier League avant d'être sorti en cours de jeu. S'ensuivent 21 minutes face à Stoke, 120 secondes à Leicester, puis une partie complète devant Everton avant un long trou noir. Désobéissance Une blessure à la cheville, un retour précipité pour répondre à l'appel de la patrie lors d'une rencontre vitale pour l'Algérie (en Tanzanie), puis une rechute dès son retour à Enfield, au centre d'entraînement. Cette fois-ci, Tottenham va lui faire payer sa désobéissance. Totalement ignoré par son entraîneur - dont il était le chouchou il n'y a pas si longtemps - le Lillois de naissance ne trouve pas plus d'attention auprès de son président, Daniel Lévy. Au total, «Nabz» a disputé seulement 236 minutes depuis le mois d'août. Autant dire rien du tout. Et la situation ne semble pas s'améliorer puisque malgré une incorporation remarquée en Cup (20 minutes convaincantes contre Leicester), l'intéressé commence à s'éloigner dangereusement du groupe des dix-huit retenus par le manager. Il n'a pas figuré d'ailleurs dans la liste de Pochettino qui a défié Sunderland, ce week-end. Bentaleb paye autant le choix de sa direction que l'explosion de Dele Alli et de nombreux autres internationaux anglais (Dier, Mason…), dont le prix est sensiblement mieux valorisé sur le marché des transferts. Prix surréaliste Quelques formations sont certes venues aux renseignements, mais le prix surréaliste réclamé par le président a calmé leurs ardeurs. En attendant, Bentaleb ne peut plus se contenter de cette situation. Ou il retrouve grâce aux yeux du technicien argentin et lutte à armes égales avec ses concurrents pour une place de titulaire. Ou cette période difficile et Nabil n'aura alors d'autre choix que d'envisager un départ dès cet hiver pour mettre fin au supplice. À 21 ans, l'une des idoles de White Hart Lane n'a déjà plus de temps à perdre. En football, le temps perdu ne se rattrape jamais.