Les joueurs professionnels ne cherchent qu'à protéger leurs droits tout en ignorant leurs devoirs. Des footballeurs qui se disent professionnels, donc vivant de la pratique du football, ignorent qu'ils sont dans l'obligation d'être inscrits et de cotiser auprès de la Cnas mais également qu'ils sont imposables comme tout travailleur salarié dans ce pays. Le président de la Fédération algérienne de football, Mohamed Raouraoua, n'a fait que le confirmer au cours de la conférence de presse qu'il a animée samedi dernier. «Les footballeurs ne sont pas des super-citoyens. Ils se doivent de cotiser aux assurances sociales et de payer l'impôt», a-t-il déclaré. Le problème est loin d'être aussi simple à régler parce que nous avons affaire à des joueurs au niveau d'instruction assez bas et pour qui le respect de la loi et de la règlementation est une vague notion. Plongés dans un univers où l'argent coule à flots avec des sommes mirobolantes et une médiatisation à outrance qui les fait passer pour des idoles, ces joueurs pensent être sur un nuage où ils ne seront pas atteints. Il faut dire qu'ils sont bien aidés par des dirigeants de clubs plus occupés à les bercer qu'à leur inculquer les devoirs auxquels ils sont astreints dans une vie en collectivité. Selon Mohamed Raouraoua, en Algérie, près de 40% des footballeurs professionnels émargent pour un salaire mensuel dépassant les 120 millions de centimes. Cela fait longtemps qu'on le dit, ces sportifs sont les travailleurs les mieux payés du pays. De grands cadres du pays, ingénieurs, architectes, médecins, économistes ou autres, sont loin, très loin, de percevoir une telle rémunération. Il y a quelques années de cela, le même Mohamed Raouraoua trouvait ces hauts salaires justifiés car, selon lui, le footballeur a une carrière professionnelle assez courte par rapport aux autres métiers. C'est peut-être vrai mais pour ce qu'il montre sur un terrain ce même joueur algérien devient l'athlète le mieux payé au monde. Et avec plus de 120 millions de centimes par mois il a largement de quoi voir venir. Comment et pourquoi serait-il exempté d'impôt et d'une cotisation à la Cnas ? Du reste sa non-affiliation à l'organisme de l'assurance sociale est une erreur qui va à l'encontre de ses intérêts. Ne pas cotiser à la Cnas, c'est ne pas penser à sa retraite une fois sa carrière de footballeur finie. C'est aussi ne pas être assuré ainsi que les membres de sa famille. En cas de pépin de santé, la Cnas serait la bienvenue. Le ministère de la Jeunesse et des Sports et la Fédération algérienne de football ont agi en faveur de ces footballeurs auprès de cet organisme pour qu'ils cotisent à hauteur de 15 fois le smig, soit la somme de 270 000 dinars par mois. Ce serait déjà bien pour eux. Ils devront ensuite se soucier des impôts car cette institution de l'Etat ne tolère pas des écarts de conduite surtout pour des gens surpayés. Mieux vaut payer ce que l'on doit que d'être amené à s'acquitter de pénalités de retard. Mais, avant tout, il faut inculquer à ces joueurs la notion de traçabilité de l'argent en les obligeant à avoir un compte bancaire et oublier pour toujours la pratique du sachet noir en plastique dans lequel ils transportent d'énormes sommes d'argent liquide, fruit de leur signature dans un club donné. Avoir donc une fiche de paie où tout est répertorié, soit une pratique, somme toute courante entre un employeur et un employé. Le football professionnel algérien a besoin de tels actes.