«Avec Made In Algeria», nous pouvons dire maintenant que des tabous ou des peurs par rapport à l'histoire, qui lie l'Algérie à la France, ont été brisés», a déclaré mardi soir le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, en présence de Fleur Pellerin, ministre français de la Culture, à l'occasion de l'inauguration officielle de l'exposition «Made In Algeria. Généalogie d'un territoire», au Mucem à Marseille. Parcours d'histoire. Histoire revisitée. La France au temps de l'Algérie. L'Algérie avant, pendant et après la colonisation française… Voilà comment se présente l'exposition «Made in Algeria», jusqu'au 2 mai prochain. Au cœur de la cité phocéenne, l'association de Zahia Rahmani et Jean Yves Sarazin, commissaires de cette manifestations, ont conduit les invités de «Made in Algeria» à travers un territoire principalement en cartographie jamais exploré. Des documents inédits que le ministre algérien de la Culture a eu à apprécier de visu. Cette exposition est importante et même essentielle parce qu'elle met en lumière des questions qu'il fallait sans doute aborder. Parce que souvent l'histoire transparaît de façon complexe et d'autres fois avec transparence. Et toutes ces choses qui y sont exposées confirment qu'il y a eu un gros effort fourni pour son organisation. Tableaux, films, cartographies, montrées notamment pour la première fois, révèlent l'intérêt et la volonté des organisateurs pour la pleine réussite de cet événement, a confié Azzedine Mihoubi. Il a également souligné qu'il est important pour nous, Algériens, de parvenir à découvrir ces aspects inconnus jusque-là de l'histoire de l'Algérie. Le ministre de la Culture a aussi précisé que toutes ces œuvres vont présenter un intérêt certain chez les chercheurs, académiciens et historiens pour revenir sur certaines lectures de l'histoire. Cette histoire justement, selon le ministre, qui ne peut dissocier l'Algérie d la France et vice-versa, ainsi que le dialogue entre les deux pays, va dorénavant être traitée avec des visions scientifiques. Mihoubi a rappelé qu'auparavant, chaque fois que la question France-Algérie était abordée, elle l'était presque toujours d'essence «politique». «Sauf qu'à travers ce genre d'événements, nous pouvons dire que nous brisons un tabou», estime-t-il. «Made in Algeria» sera exposé à Alger ! «Nous avons décidé avec Fleur Pellerin, que «Made in Algeria» ira à Alger. Dans le cadre de la coopération qui pourra être envisagé entre le Mucem et l'un des musées de la capitale. Nous allons à partir du mois de mai penser à exporter une grande partie des œuvres exposées, ce qui sera autorisé par les partenaires associés à cette exposition. Et sans aucune forme d'hésitation, nous allons présenter au public algérien les toiles et les cartes qui représentent des documents historiques», a déclaré Mihoubi. En effet, cette exposition se révèle d'une importance capitale puisque la plupart des deux mille objets et autres présentées n'ont pratiquement jamais été montrés au public, notamment algérien. On y découvre qu'avant la conquête de la France en 1830, aucune frontière dans le Maghreb n'existait. On y découvre aussi l'étendue de la propagande et des massacres commis par le colonisateur français. Les toiles et peintures dévoilent le talent des peintres à concourir aux desseins de la conquête. Constantine, invitée spéciale du Salon du livre de Paris C'est Fleur Pellerin, qui l'a annoncé au cours d'un point de presse, en marge de louverture de l'exposition «Made In Algeria». «Des échanges réguliers sont prévus au courant de l'année 2016-2017 entre les professionnels de la culture. Quelques événements majeurs, nous en donneront l'occasion d'en prendre la mesure», a annoncé Fleur Pellerin. Elle a rappelé son voyage en Algérie, lors du Salon international du livre d'Alger qui a eu lieu en octobre 2015. Madame Pellerin a souligné l'intérêt profond du public algérien pour les auteurs français et les éditeurs du livre français pour l'Algérie évidement. A ce propos, elle a annoncé que «Constantine, capitale de la culture arabe 2015», sera l'invité spécial du Salon du livre de Paris en mars prochain. La ministre française de la Culture a conclu son intervention par : «Ici, aujourd'hui, comme pour les mois qui viennent, chacun pourra mesurer de quelle façon ce qui nous relie d'un côté à l'autre, est profond, solide et inextricable. Chacun pourra venir puiser de quoi construire un avenir singulier et collectif, à la fois lucide, serein et apaisé. Car c'est là, la force de la culture.» De notre envoyée spéciale à Marseille