Le maire de Bordeaux et candidat à la primaire du parti «Les Républicains» a clôturé hier sa visite en Algérie. Alain Juppé rentre à Paris avec le sentiment d'avoir arraché l'appui de l'Algérie pour l'ensemble de ses projets. LE chaleureux accueil qui a été réservé de la part des autorités publiques et de la société civile l'a réconforté à plus d'un titre et augurent d'un avenir prometteur notamment en cas de victoire à la prochaine élection présidentielle française. En effet, l'ancien Premier ministre sous Jacques Chirac a achevé une visite digne d'un chef d'Etat en Algérie. Il a été reçu par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, et le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Bedoui. Lors de ces rencontres avec les hauts responsables de l'Etat, Alain Juppé a eu un échange fructueux et riche en abordant l'ensemble des questions préoccupant les deux pays, notamment d'ordre politique, sécuritaire, international et économique. Connu pour sa droiture et sa rigueur, l'ancien chef de la diplomatie française a tenu à rappeler dans ses déclarations à la presse la profondeur des relations algéro-françaises. Hier, il a souligné que le dialogue franco-algérien vivait une «très belle période» et qu'il était «très constructif» et «c'est bien de le poursuivre». Lors d'une réunion avec le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, Juppé a ajouté avoir évoqué la situation en Syrie et en Libye, en réitérant son soutien au processus de réconciliation nationale et à la résolution politique des deux conflits. L'ancien Premier ministre français a examiné également avec Lamamra les voies et les moyens de renforcer encore la coopération algéro-française, qui est «excellente aujourd'hui», face à la menace terroriste au Sahel. Avec le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, Juppé a également soutenu que «la France et l'Algérie doivent s'accorder sur la nécessité de multiplier les expériences de partenariats et de jumelages entre les collectivités locales des deux pays dans le cadre des programmes de développement des territoires et des régions». Lors d'une conférence de presse, animée hier en marge de sa visite, l'hôte d'Alger a estimé que l'intervention militaire de la France et ses alliés de l'Otan en Libye a été finalement un «fiasco» et a provoqué «le chaos». Il a expliqué que cette intervention s'était faite dans «un contexte de printemps arabe», où «les peuples demandaient une instauration de la démocratie». Il a ajouté qu'«on nous reprochait à l'époque, nous, grandes puissances, de soutenir les dirigeants ». Mais le seul objectif de cette intervention était, selon lui, le soutien à la démocratie. S'agissant d'une éventuelle intervention militaire contre la Libye, il a appelé à favoriser «le dialogue et a indiqué ne pas croire à une intervention militaire, mais à «une solution politique ». Sur le plan économique, le candidat à la primaire des Républicains a plaidé pour plus d'investissements français en Algérie et à un réel transfert de savoir-faire. Il ne manque pas d'annoncer en cas de son élection à la tête de l'Etat français à une vaste réforme permettant de réduire le chômage en ouvrant de belles perspectives aux entreprises et aux investisseurs. La déchéance de nationalité ne dissuade pas les terroristes S'exprimant sur la déchéance de nationalité pour les personnes ayant commis des actes terroristes en France, le maire de Bordeaux a estimé que cette mesure ne va pas dissuader les terroristes à ne pas commettre des attentats et que le véritable moyen de lutter contre ce fléau se joue sur le plan sécuritaire. «Ce n'est pas parce qu'on va menacer ‘‘ces fous'' de leur retirer la nationalité que cela va les empêcher de commettre des attentats» en France, a déclaré Juppé lors d'une conférence tenue au ministère des Affaires étrangères devant les étudiants de l'Institut diplomatique et des relations internationales (Idri) et l'Ecole supérieure des affaires (ESA). L'ancien Premier ministre a rappelé que l'article 25 du code civil français permet de déchoir un citoyen français de sa nationalité dans certaines situations. Toutefois, Juppé a indiqué que la lutte contre le terrorisme «nécessite le renforcement des effectifs des forces de sécurité et du renseignement », en se basant plus sur les renseignements généraux qui sont, selon le maire de Bordeaux, à même de prévenir des attentats. Juppé a indiqué qu'en «dépit du péril et des épreuves», l'Algérie est engagée dans la voie de la démocratie », ajoutant que «nous partageons la conviction qu'il n'y a pas d'autres voies possibles non seulement pour le peuple mais aussi pour les partenaires économiques ». «Les investisseurs ont besoin de stabilité et de sécurité juridique et que ceux-ci hésitent dans des situations imprévisibles », a-t-il appuyé.