La Faculté de droit de l'université de Belkaïd a décidé, au courant de cette semaine, de passer trois thésards devant un conseil de discipline pour raison de plagiat. On ignore si les mesures qui seront prises seront simplement d'ordre administratif ou d'ordre pénal. Ce scandale remonte à l'an dernier. Suite à des rumeurs persistantes et des lettres anonymes, cette même université a refusé à deux doctorants la soutenance de leurs thèses et à un étudiant de présenter son magistère pour présomption de plagiat. Les investigations engagées par des commissions ont, en effet, établi qu'il s'agit bel et bien de plagiat. L'affaire a été portée à la connaissance du ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique qui a essayé de la minimiser en évoquant le caractère universel du phénomène. Plus grave, les soupçons n'ont pas épargné un des encadreurs de ces prétendus thésards. Certains sont allés jusqu'à parler d'un véritable «marché de thèses». Les derniers développements de ce scandale remettent sur le tapis un mal qui ternit l'image de l'université algérienne déjà suffisamment malmenée. Pourtant, les alertes ne manquent pas dans ce sens. Le Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC)) a organisé, en novembre dernier, un colloque autour de la question. Dans une étude initiée par le Pr Méliani Mohamed, chef de projet en éthique universitaire, il a été établi que trois enseignants sur quatre ignorent la charte de l'éthique et de déontologie universitaire publiée en 2010 par le ministère. Autrement dit, les plagiaires ne peuvent pas prétendre l'absence de gardes fous encadrant la recherche scientifique. Le phénomène a pris de telles proportions dans nos universités qu'un chercheur, spécialiste de l'éthique en Algérie, Abdelhafid Oussoukine, a décidé de consacrer un livre à la question. Son ouvrage est déjà attendu par la communauté universitaire, du moins celle qui sacralise encore le statut de chercheur.