«Constantine, capitale de la culture arabe 2015» s'arrêtera dans un peu plus de deux mois. A l'image de ses sœurs «2003, l'Année de l'Algérie en France», «Alger, capitale de la culture arabe 2007» et «Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011», il ne restera pas grand-chose ou presque de ces événements. Deux mois et demi séparent ainsi les constantinois de la fin du calvaire qui leur a été imposé. Deux mois pour tenter d'effacer l'opprobre, selon ses habitants, qui a été jeté sur cette ville millénaire et notamment l'un de ses symboles, le cheikh Ibn Badis. Une ville qui n'a cessé, malgré les interventions des plus hautes autorités du pays, de recracher une manifestation décousue. Mais le plus étonnant est que ce rendez-vous censé mettre toute la lumière sur la culture et les traditions rayonnant dans le monde arabe, ira à quelques jours de sa clôture faire un voyage à paris ! «Constantine, capitale de la culture arabe 2015» est, en effet, l'invité spécial du salon du livre de Paris 2016 qui se tiendra du 17 au 20 mars prochain. Un rapide coup d'œil sur le site du salon français ne nous apprend rien. Absolument rien. En effet, aucune indication sur la plateforme internet du salon parisien, ne fait référence à la ville des ponts. On y retrouve par contre la Corée du Sud et sa trentaine d'auteurs de bande dessinée, de fiction, d'essais, de livres jeunesse et de poésie… Tout est dit. L'Algérie qui a accordé la place d'invité d'honneur à la France, lors de la vingtième édition du salon international du livre d'Alger (SILA) qui a eu lieu du 27 octobre au 07 novembre 2015 au palais des expositions des pins maritimes, ne parvient même pas à caser Constantine 2015 dans un petit coin ou une petite bulle colorée du site internet du 36e salon du livre de Paris. Pourtant, il y a très peu de temps, une cérémonie en grande pompe a eu lieu au ministère algérien de la culture. Azzedine Mihoubi a tenu en personne à participer à la signature, le 25 janvier dernier, d'une convention entre l'Entreprise Nationale des Arts Graphiques (ENAG) et le syndicat français des éditeurs. On rappelle au passage que l'ENAG est également l'organisateur principal du Salon international du livre d'Alger depuis 2012 en remplacement des éditions ANEP. Ainsi, cette convention est venue confirmer la proposition de la ministre de la culture française, Fleur Pellerin, lors du dernier SILA, pour la participation de Constantine 2015 en qualité d'invité spécial au Palais des expositions, Portes de Versailles. Ravi, le service communication du département de Mihoubi s'est empressé d'afficher les photos de la convention sur le site internet du ministère et sur sa page Facebook. Le hic est que côté français, la réciprocité n'est à ce jour, pas du tout de mise. Il est difficile dans ce cas de ne pas interpréter l'empressement du ministère de Azzedine Mihoubi à trouver une sortie honorable au fiasco que représente «Constantine, capitale de la culture arabe 2015» autant pour les autochtones que l'image de l'Algérie vue par le monde arabe et bientôt l'Europe. Réussite ? Où est l'intérêt de projeter un événement algérien qui n'a pas réussi à s'inscrire à 50 mètres des constantinois pour ensuite lui faire traverser la méditerranée ? Comment ne pas imaginer que le comité d'organisation de Constantine 2015, n'a pas eu envie de passer quelques jours de vacances dans l'une des plus belles villes du monde alors que Constantine a eu un mal fou à attirer la foule locale ? Trop d'interrogations qui ne trouveront probablement jamais de réponses puisque les patrons de «Constantine, capitale de la culture arabe 2015» c'est-à-dire Samy Bencheikh El Hocine (directeur général de l'ONDA), Lakhdar Bentorki (directeur général de l'ONCI) et Azzedine Mihoubi annoncent contre vents et marrées que l'événement est une réussite à 90 % ou mieux à 100 % !